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Coronavirus : les Polynésiens appelés à « tenir bon » alors que l’épidémie prend de l’ampleur

La carte des cas en Polynésie. A noter qu’un des cas – le touriste suisse – a disparu de la carte en quittant le fenua, mais est toujours inclus dans le décompte total du pays. ©Cellule de crise sanitaire PF

Cinq cas de Covid-19 supplémentaires ont été détectés à Tahiti ces dernières 24 heures, et des tests en cours pourraient révéler une circulation de la maladie dans de nouvelles zones, notamment à Papara. Raison pour laquelle le ministre de la Santé Jacques Raynal a voulu s’adresser solennellement à la population. « Restez chez vous », « déclarez-vous dès l’apparition des premiers symptômes »… Les messages sont les mêmes, mais le ton, lui, est plus grave.

Pas de questions-réponses pour le ministre de la Santé, mais une allocution, ce mardi après-midi à la cellule de crise sanitaire du Pays. À quelques jours d’un long week-end où la tentation des réunions de famille est forte, Jacques Raynal a voulu « adresser un message fort à la population ». Oui, les mesures de confinement sont difficiles, oui, l’arrêt de l’activité va causer des difficultés économiques importantes dans beaucoup de familles, mais l’heure est plus que jamais au respect des consignes, a martelé, en substance, le responsable.

Alors que le compteur des malades détectés – qui ne révèle probablement qu’une partie de la propagation de l’épidémie au fenua – a atteint les 47 cas, le docteur Raynal appelle à la responsabilité : « chacun doit agir comme s’il était porteur du virus » pour aider le pays à se sortir de la crise et à « sauver des vies ». Bref, « chacun de vous peut être un héros ».

Autre message mis en avant, et qui passait jusqu’à présent au second plan de la communication des autorités : il est indispensable de déclarer des symptômes auprès d’un médecin dès qu’ils surviennent. « Plus vous attendez plus vous risquez de contaminer votre entourage ou d’autres personnes » insiste le ministre. Le commentaire survient alors qu’une personne âgée vient d’être admise en soins intensifs au CHPF après avoir passé plusieurs jours chez elle, entourée de sa famille, sans déclarer ses symptômes, qui paraissaient alors bénins. Il est aussi à craindre que certains, de peur d’être isolés de leur entourage, cachent leur maladie. « N’ayez pas peur de vous faire dépister si nécessaire », a recommandé Jacques Raynal, appelant au « courage » de tous.

Les contacts téléphoniques varient en fonction des situations : si le numéro vert 444 789 dispense des informations sur la maladie, les médecins traitants sont le principal relais des autorités pour discuter au téléphone d’éventuels symptômes avec leurs patients. En cas d’inquiétude urgente sur sa santé ou celle d’un proche, le 15 est bien sûr indiqué.

47 cas, et une grosse inquiétude à Papara

Pas de faux optimisme : 47 cas dans le pays, « c’est déjà beaucoup » a pointé le ministre de la Santé. Il rappelle que la Nouvelle-Calédonie, avec une population comparable mais une géographique très différente, n’en compte aujourd’hui que 18. Mais le bureau de veille sanitaire semble inquiété par un cas en particulier. Une personne âgée résidant à Papara a été admise en réanimation, puis diagnostiquée positive au coronavirus.

D’après le Dr Yann Turgeon, médecin urgentiste et membre de la cellule de crise sanitaire, il est fréquent que la maladie se déclare d’abord par des symptômes légers (mal de gorge, difficultés à déglutir, fièvres…) avant de brusquement s’aggraver, en général 8 jours plus tard. Une période pendant laquelle le malade peut-être extrêmement contagieux. Hors, la matahiapo de Papara ne s’est pas déclarée tout de suite, est restée à son domicile, et « a vu beaucoup de monde » pendant ces 8 jours. Une enquête sanitaire a été menée sur place et de nombreuses personnes – contacts, dont certaines âgées ou « à risques », ont été testées. Les résultats sont attendus d’ici demain.

Le Dr. Yann Turgeon, médecin urgentiste. ©C.R.

Pour le spécialiste, la progression lente de l’épidémie au fenua ces dernières semaines ne doit pas faire oublier le risque. Si le confinement, les gestes barrières et les déclarations de symptômes sont mal appliqués, la Polynésie peut connaitre un afflux de malades qui sera difficile à gérer, malgré les mesures préparatoires, dans ses structures hospitalières.

Le touriste suisse évacué par le vol de continuité territoriale
À noter que si le nombre d’hospitalisés est retombé à 2, c’est qu’un des malades jusque là sous surveillance au CHPF a quitté le fenua. Il s’agit du touriste suisse, l’un des deux premiers cas de Covid-19 recensés avec Maina Sage. Si les autorités avaient déjà annoncé qu’il serait évacué, ils parlaient jusqu’alors de départ « par des moyens privés ». Il semble finalement qu’il ait embarqué ce midi sur le vol de continuité territoriale, parmi les 4 évacués sanitaires. « Ce patient pouvait voler sans aucun risque de contamination, puisqu’on n’a détecté aucune trace de virus » précise le Dr Turgeon.

L’évolution d u nombre de personnes testées positives au fenua. ©Cellule de crise sanitaire PF

 

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1 Commentaire

  1. l'Abeille
    8 avril 2020 à 9h39 — Répondre

    Tenir bon d’accord, mais pour tenir bon moins longtemps ce serait mieux. Pour cela il faudrait que tous les gens jouent le jeu. Trop de personnes circulent pour des motifs futiles, les habitudes de certains n’ont pas changé, footing de groupe, petit match de football organisé entre copains etc…Le C19 rigole et contamine…De même le port d’un masque ou d’un foulard devrait devenir systématique. Ce n’est pas difficile d’en trouver ou d’en faire un. Ça protège celui qui le porte et celui que vous croisez. Plus vite ce combat sera gagné et plus vite la Polynésie pourra reprendre une vie normale. Pensons-y !

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