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Covid : Tony Géros a « confiance » dans le CHPF, mais cultive « l’alternative »

Après le décès d’une patiente du « centre d’hébergement  médicalisé » de Manuiti, le maire de Paea a tenu à préciser sa pensée et son action sur la crise Covid. Malgré sa « confiance » affichée dans le CHPF, il explique « comprendre » ceux qui refusent de s’y rendre et alimente lui-même certaines craintes. Et interpelle le Pays sur le développement d’un meilleur cadre pour les initiatives alternatives ou la prévention du Covid.

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Treize patients, neuf sorties, un décès. C’est le bilan provisoire du centre d’hébergement médicalisé installé par la mairie de Paea dans sa salle de spectacle Manu iti. Un centre qui compte sur des volontaires – certains professionnels de santé, d’autres non -, du matériel de la commune et des dons pour accueillir des malades du Covid. Et sur les « médecins référents » – le leur ou « ceux qui se rendent disponibles » – pour offrir à ces patients, sous oxygénothérapie, un « suivi médical », souvent à distance grâce à une « transmission permanente des constantes » vitales. L’idée est « d’éviter la propagation du virus » en isolant certains hospitalisés à domicile, et de leur fournir un environnement « convenable » quand leur maison ne le permet pas. « Mais ça n’est pas un hôpital », insiste Tony Géros, qui sait que « les questions de responsabilités » pourraient se poser autour de cette initiative.

Si la prudence est de mise, c’est que le centre est né, « du fait de la crise », en dehors du cadre légal des structures de santé et qu’il a attiré l’attention. En bien, du côté des habitants, ravis de voir leur tavana investi contre cette crise meurtrière (« au moins » quarante morts sur la seule commune de Paea), ou chez des groupes critiques de la gestion de la prise en charge médicale au Taaone. En moins bien, du côté de certains médecins, qui ont alerté sur la confusion des genres entre politique municipale et sanitaire, ou sur la bonne prise en charge des patients. Des questions qui avaient conduit à une inspection de l’Arass la semaine dernière. Et le décès d’une sexagénaire survenu samedi midi a de quoi faire bouillir le débat. Aussi, le tavana a voulu prendre les devants : la mairie n’a « pas été impliquée » dans le choix « familial » de ne pas emmener à l’hôpital cette patiente, dont le mari était lui-aussi admis dans le centre.

Discours ambigu sur l’hôpital

Prenant à contre-pied l’image qu’il avait laissée paraître ces dernières semaines, Tony Géros a même insisté, ce matin, sur la nécessité de « faire confiance aux structures de santé publique », comme le CHPF. Les craintes vis-à-vis de l’hôpital, l’élu tavini les « constate », dans la population, ou sur les réseaux sociaux, les « regrette », mais les « comprend ». « On est dans un état de crise, et évidemment l’outil public n’a pas été configuré pour ça, mais ça n’est pas pour autant qu’il faut le discréditer, au contraire », explique-t-il. Le centre d’accueil de Manui ti n’a été créé que comme une « alternative » pour les personnes qui « refusent vraiment » de se rendre au CHPF, assure-t-il, « mais avec toujours la possibilité d’évacuer vers le centre hospitalier ».

À l’entendre, cette « crise de confiance » est en partie due aux discours de certains responsables sanitaires ou politiques qui ont « beaucoup interpellé sur le manque de moyens » des hôpitaux. « Cela a engendré de la peur », explique le maire de Paea, qui appelle chacun à la mesure dans ses déclarations. Et pourtant, lui-même a plusieurs fois tenu un discours inquiétant sur le CHPF ces dernières semaines, dénonçant notamment une « sélection des patients » à l’hôpital face à la saturation. Ce matin, et en dépit de son appel à la confiance dans l’hôpital de Taaone, le tavana a détaillé le cas d’un ancien habitant de Paea décédé à l’hôpital et qui n’a « pas pu être mis en réanimation ». Une personne « qui n’aurait pas dû mourir » appuie-t-il et à qui, d’après sa famille, on a « retiré son masque » et « fait une piqûre » : « ça s’appelle l’euthanasie et c’est interdit dans la loi française » pointe le président du groupe Tavini à l’assemblée.

Un discours ambigu, donc, mais un objectif clair : faire reconnaitre l’utilité du centre d’accueil médicalisé de Manu iti. Par ses collègues tavana, appelés à s’intéresser à l’idée, tout particulièrement dans les archipels. Et par le Pays, appelé à « créer un cadre » pour ce genre d’initiatives. Un cadre que Tony Géros entend pousser à l’assemblée, même si la vague épidémique est sur sa phase descendante : il s’agit de se préparer à une « autre déferlante ».

Vaccination et « kits Covid »

En plus de ces centres communaux, l’élu promeut la vaccination. S’il sonne un bémol important – « il faut absolument se faire dépister avant, pour ne pas recevoir une dose alors qu’on est contaminé », une recommandation qui n’est à l’heure actuelle pas relayée par les autorités de santé – il « encourage le plus grand nombre à se faire vacciner ». Car si l’élu bleu ciel est « opposé à la contrainte », les « chiffres sont là ». Les statistiques municipales vont en effet dans le même sens que celles du CHPF : 77% des patients de Manu iti n’étaient pas vaccinés, contre 88% au CHPF où arrivent les cas les plus grave, et 93% en réanimation.

Autre demande formulée au gouvernement cette fois : aider les communes à acheter et à distribuer des « kits Covid », composés d’un oxymètre, d’un thermomètre à infrarouge et d’un tensiomètre de poignet. De quoi « donner l’alerte » quand il y a lieu et « transmettre au médecin des constantes », explique-t-il. Du matériel aujourd’hui « très cher » dans les pharmacies du pays alors « que cela vaut quelques dollars sur AliExpress ». « Un premier pas serait de les mettre en PPN », et ainsi contrôler les marges et exonérer ces produits de droits et taxes, insiste le tavana.

Comme à Faa’a, les équipes de guides sanitaires de Paea  iront sur le terrain pour sensibiliser à l’utilisation de ces appareils, en plus du discours sur le masque, les gestes barrières ou la vaccination.

 

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