ACTUS LOCALESPOLITIQUE

Démissions au Tapura : « Cette division peut faire les beaux jours du Tavini »


Tepuaraurii Teriitahi, président du groupe Tapura à l’assemblée, ne se dit pas surprise du départ de Teva Rohfritsch, Nicole Bouteau et Philip Schyle, qui n’ont pas obtenu du gouvernement « l’électrochoc » qu’ils espéraient après la défaite des législatives. Mais pour l’élue rouge et blanc, ces démissions, actées dans la perspective des territoriales, sont un handicap de plus pour « la famille autonomiste » face au Tavini.

Lire aussi : Rohfritsch, Bouteau et Schyle démissionnent, le Tapura leur demande de rendre leur siège

La majorité Tapura est toujours là. C’est la première précision apportée par Tepuaraurii Teriitahi après l’annonce de la démission de Teva Rohfritsch, Nicole Bouteau et Philip Schyle du parti rouge et blanc et de son groupe à l’assemblée. En comptant le départ de Putai Taae – pas encore formalisé auprès de l’assemblée, mais « ça ne saurait tarder » – le parti d’Édouard Fritch compte toujours 37 représentants sur les 57 élus de Tarahoi. Pour l’instant du moins. Car pour la présidente du groupe, pas question de se voiler la face : ces départs, prévisibles vu les « signaux » envoyés par les trois élus ces dernières semaines – notamment leur absence au séminaire du Tapura – pourraient « donner des idées à d’autres ». Tepuaraurii Teriitahi. Certains élus « ont déjà exprimé une certaine forme de mécontentement » et avaient demandé, comme RohfritschBouteau ou Schyle, « un signe, un électrochoc » au gouvernement après la défaite des législatives. En clair, un remaniement, avec une visée particulière sur le ministre des Finances Yvonnick Raffin, qu’ils n’ont pas obtenus.

« On a l’impression d’être inaudibles« 

Le constat de ces élus, la candidate malheureuse de la deuxième circonscription, le partage en partie : « on le voit bien sur les réseaux, dès que notre président fait une apparition, dès que notre ministre des Finances fait une déclaration, on a un déchainement de critiques et de violences, on se concentre sur les personnes, note-t-elle. Et c’est dommage d’ailleurs, parce que derrière ces personnes, il y a des décisions qui sont prises, et elles ne sont pas si mauvaises, elles sont dans l’intérêt de la Polynésie ». La cheffe de la majorité à Tarahoi reconnait que son parti est aujourd’hui « inaudible » : « à nous de mieux communiquer, à nous de redoubler d’exemplarité, mais je pense que ce que la population ne veut pas, c’est l’instabilité ». 

S’opposer, mais « dans le sens de l’autonomie »

Et c’est là le principal reproche formulé à l’égard des représentants démissionnaires, à qui le Tapura à demander de « rendre leur siège » à l’assemblée : favoriser « l’instabilité » du Pays et la division de la « famille autonomiste ». Une famille déjà largement fracturée : fin 2019, Nicole Sanquer, alors encore députée, avait claqué la porte du groupe à l’assemblée, suivie quelques mois plus tard de Nuihau Laurey puis Félix Tokoragi, qui ont formé A Here ia Porinetia, dont le groupe à l’assemblée accueille aussi des élus de l’ex-Tahoera’a pas convaincus par le tournant souverainiste du Amuitahira’a. Teva Rohfritsch, Nicole Bouteau et Philip Schyle, aujourd’hui non inscrits – comme Teura Tarahu-Atuahiva, sortie du groupe Tapura en 2020 – n’ont pas annoncé de ralliement pour l’instant. Mais Tepuaraurii Teriitahi attend d’eux une « opposition constructive », « dans le sens de l’autonomie et pas autre chose ». « Après, pour les élections, on le sait bien, la division sert plutôt les partis qui savent rester soudés ». En clair : « Cette division peut faire les beaux jours du Tavini ».

Crise de leadership ?

Si le trio de démissionnaire a choisi de ne pas s’exprimer avant l’ouverture de la session budgétaire de l’assemblée, ce jeudi, il est clair que leur choix est aussi une critique du leadership d’Édouard Fritch. Le président du Pays et du parti, malgré les doutes qui planent sur sa capacité à briguer un nouveau mandat à la tête du Pays, compte bien mener le Tapura aux territoriales. Quand d’autres auraient préféré le voir lancer la succession à l’occasion de la campagne. « J’ai juste envie de poser la question : si ça n’est pas Édouard Fritch, qui sera à sa place ? interroge Tepuaraurii Teriitahi. Enlever ce président et après se demander qui va prendre sa place, ça plongerait le pays dans un certain tumulte qu’on peut pas se permettre aujourd’hui ».

En attendant des débats ouverts sur l’avenir de la maison autonomiste, la présidente du groupe Tapura n’exclut pas la possibilité d’une « réconciliation » dans les prochains mois. Entre élus, et surtout avec les électeurs. « J’espère qu’avec le recul par rapport à la crise sanitaire, le temps et l’avenir qui nous attend, les gens ouvriront les yeux, et verront que par rapport à d’autres, on s’en sort bien ». Une référence aux élus calédoniens présents au fenua ces jours-ci pour le Congrès des communes qui, selon elle, « envient notre équilibre budgétaire », « envient notre niveau de vie, puisque la cherté de la vie est bien pire qu’ici ». « Mais bon, peut-être que notre population est focalisée sur la Polynésie et pas ailleurs ».

Article précedent

A Here ia Porinetia : pas de rapprochement avec les démissionnaires du Tapura... pour l'instant

Article suivant

Tahiti vs Fidji

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Démissions au Tapura : « Cette division peut faire les beaux jours du Tavini »