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Essais nucléaires en Polynésie : La députée Maina Sage interpelle le président de la République et demande une commission d’enquête parlementaire

Dans un courrier adressé au président de la République, la députée de Polynésie Maina Sage demande au chef de l’État de « déployer tous les moyens de recherche et d’investigation permettant de clarifier ces révélations, dans une totale transparence et communication des résultats », suite à l’enquête du site Disclose parue ce mardi. En parallèle, la députée a demandé l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire. Les explications de notre partenaire Outremer 360°.

Ce courrier fait suite aux dernières révélations du site indépendant d’investigations Disclose, dont l’enquête « toxique » sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie a fait l’effet d’une bombe sur ce territoire, terrain de 193 tirs aériens et souterrains de 1966 à 1996. Elle évoque également dans son courrier l’étude de l’Inserm, publiée en février dernier, qui a également suscité de vives réactions localement.

« Si nous savons depuis 2006 que plusieurs essais ont été source de retombées radioactives, l’étude de l’INSERM pointe du doigt de nombreuses controverses scientifiques sur le calcul des données et évoque par ailleurs d’autres effets pathogènes possibles », écrit la députée. « À cela s’ajoute désormais ces nouvelles révélations de Disclose, qui confirme que certaines de ces données ont été modifiées à leur source par le CEA, remettant ainsi en question l’intégrité même des résultats sur lesquels se basent actuellement les experts du CIVEN en charge des indemnisations des victimes ».

Parmi les nombreuses révélations de l’enquête de Disclose, les estimations du Commissariat d’énergie atomique en matière de dose maximale reçue sont entre deux et dix fois plus faibles que celles obtenues par le site d’investigation, laissant sous-entendre une sous-estimation des contaminations. De même que les estimations des dépôts au sol ont aussi été sous-estimées de près de 40%.

Une enquête qui « vient réduire à néant plus de dix ans de combat »

En outre, « cette nouvelle enquête démontre que la totalité des habitants de Tahiti et des îles alentours, les îles sous-le-vent, a été exposée à une dose supérieure à 1 mSv, niveau actuellement requis pour être reconnu comme victime des essais nucléaires », poursuit la députée. Soulignant une « déflagration dans le cœur et l’esprit des polynésiens », cette enquête « vient de réduire à néant plus de dix ans de combat pour la reconstruction d’un lien de confiance par la reconnaissance effective des victimes », ajoute-t-elle.

« Monsieur le Président, les Polynésiens méritent plus de respect et de vérité sur ce sujet douloureux. Ils méritent aussi que l’État s’engage à l’accélération d’actes clairs de réparation maximale des préjudices moral, sanitaire et environnemental causés. En effet, 25 ans plus tard, nous en sommes encore à tergiverser sur des données, alors que nous devrions depuis longtemps avoir indemnisé dignement les victimes, mais aussi la Caisse de Prévoyance Sociale financée par les Polynésiens, qui en a supporté entièrement le coût sanitaire. Il en va aussi de la responsabilité morale de la France et de son obligation de transparence et d’exemplarité auprès de ses concitoyens et de sa position sur la scène internationale ».

Maina Sage informe en conclusion avoir demandé l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire « qui je l’espère, recueillera le plein soutien de la majorité car nous le devons aux Polynésiens, comme à l’ensemble des français victimes de cette période des essais ». Ce mardi, le député indépendantiste Moetai Brotherson a interpellé la ministre des Armées Florence Parly, demandant ce que le gouvernement était prêt « à faire pour qu’un jour le peuple polynésien puisse avoir confiance en la parole de l’État ? ».

Les sénateurs Lana Tetuanui et Teva Rohfristch ont emboité le pas en adressant une question écrite à Florence Parly « pour connaître la position du gouvernement national sur ces révélations et les mesures qui seront prises en conséquence » et pour demander « un droit de réparation et de mémoire qu’aucune justification ou raison d’État ne saurait occulter en 2021 ».

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