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Fortes inégalités salariales en Polynésie

©CP/Radio1

L’Institut de la statistique de Polynésie française publie une étude sur les inégalités salariales au fenua, basée sur les chiffres de l’enquête emploi depuis 2018 et les chiffres de la CPS. L’étude relève des inégalités salariales plus marquées qu’en métropole, des salaires du secteur public 40% plus élevés que ceux du secteur privé, et des femmes moins bien payées que les hommes à niveau de diplôme égal.

263 900 Fcfp*, c’est le salaire moyen net en Polynésie. C’est 8% de moins qu’en métropole, mais ce chiffre cache des disparités encore plus importantes, puisque le coût de la vie au fenua est 39% plus élevé que dans l’Hexagone. La moitié des salariés gagne moins de 201 500 Fcfp par mois. Les 10% de salariés les mieux payés gagnent plus de 457 300 Fcfp (c’est 4,2% de plus qu’en métropole pour cette catégorie, qui là-bas est en outre soumise à l’impôt sur le revenu), soit presque 3,5 fois plus que les salariés les moins bien payés (moins de 132 000 Fcfp), alors qu’en métropole ce rapport est de 2,8, souligne le directeur de l’ISPF, Nicolas Prudhomme.

L’étude reflète l’influence du niveau de diplôme et la rareté des compétences. Un salarié Bac+3 gagne deux fois et demi plus qu’un non-diplômé, contre 2 fois plus en métropole.  Un cadre gagne 3,6 fois plus qu’un ouvrier – contre 2,2 fois plus en métropole car le salaire net des cadres est 35% plus élevé en Polynésie qu’en métropole. On note aussi des inégalités selon l’ancienneté : un salarié de plus de 55 ans gagne en moyenne 2,7 fois plus qu’un jeune de moins de 25 ans, quand ce rapport n’est que de 1,9 en métropole.

Des salaires supérieurs de 41% dans le secteur public

La Polynésie se caractérise aussi par de fortes disparités entre secteurs public et privé. Les salaires moyens sont 41% plus élevés dans le public (328 800 Ffcp, contre 234 200 Fcfp dans le privé), un chiffre tiré vers le haut par les fonctionnaires d’État (402 200 Fcfp en moyenne), qui bénéficient de l’indexation, et qui représentent un tiers des effectifs. Le salaire moyen d’un enseignant affecté en Polynésie est de 399 800 Fcfp, celui d’un professionnel de santé de 361 500 Fcfp. Les secteurs d’activité les moins rémunérateurs sont l’hôtellerie et la restauration, et le secteur primaire : 156 000 à 168 000 Fcfp mensuels, et souvent sur des contrats courts ou précaires.

Inégalités hommes-femmes

Disparités aussi entre les salaires des hommes et des femmes : : 258 100 Fcfp contre 268 000 Fcfp, soit un écart de 3,7%, contre 17% en métropole. Mais ce chiffre, bon en apparence, reflète le fait que les femmes ne représentent que 41% des salariés et  34,5% des cadres, et que les femmes sont plus nombreuses dans le secteur public où, contrairement à la métropole, les salaires sont supérieurs à ceux du secteur privé. Les inégalités hommes-femmes sont particulièrement criantes pour les plus diplômées : si 29% des femmes salariées sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, contre seulement 19% des hommes, elles restent 21% moins bien payées que les hommes : 357 500 Fcfp contre 454 900 Fcfp.

Développement humain

L’indice de développement humain, est calculé à partir des données sur l’espérance de vie – la Polynésie est l’avant-dernière de l’ensemble français sur ce point, devant Mayotte -, le niveau d’éducation (69% sortent du système scolaire avec un diplôme, contre 75% en métropole) et le niveau de vie grevé par un plus faible taux d’emploi, des salaires plus faibles, des ménages plus nombreux et des allocation plus faibles au fenua. Résultat, cet indice est de 0,43 au fenua contre 0,65 à 0,80 dans les régions métropolitaines.

*Les salaires sont exprimés en net mensuel

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