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« Ils rêvaient d’en découdre » : la charge d’Édouard Fritch contre l’intersyndicale

Le président du gouvernement a réagi, ce matin, à l’échec des négociations de ces six derniers jours et au lancement de la grève générale illimitée. Édouard Fritch accuse les syndicats grévistes de n’avoir jamais voulu éviter ce mouvement et d’aller « à contresens de l’intérêt général ». Aucune nouvelle négociation n’est pour l’instant programmée.

Une vingtaine d’heures de négociations, une quarantaine de personnes impliquées, et aucune signature de protocole. C’est sur cet « échec », constaté mardi soir, peu après minuit à la présidence, qu’Édouard Fritch a voulu revenir ce mercredi midi, afin de « rétablir la vérité ». Et le président du Pays, entouré de son gouvernement au grand complet, et notamment des quatre ministres qui n’ont ménagé ni leur temps, ni leur peine pour permettre le dialogue, n’a pas mâché ses mots. « Nous avons été trompés », a-t-il martelé, disant ressentir, alors que la « grève générale illimitée » a commencé, un mélange de tristesse, de déception et de colère. « Il est clair qu’aujourd’hui personne au sein de la délégation syndicale ne voulait en réalité éviter cette grève, explique-t-il. J’ai le sentiment, en venant participer à ce dialogue avec le gouvernement, qu’ils ont voulu montrer bonne figure, profiter de la tribune médiatique, mais ils savaient déjà qu’ils ne signeraient rien ». Un « gâchis », une « duperie », une « mascarade » même, puisque les centrales syndicales « rêvaient d’en découdre » pour « montrer leurs muscles » avant les élections professionnelles.

En guise de preuve, le président égraine, comme Yvonnick Raffin la veille au soir, les propositions qui ont été faites aux syndicats tout au long des négociations (voir encadré) et qui ont été « toutes rejetées », « sans aucune contre-proposition ».  » Le gouvernement à tout fait pour favoriser une issue positive » mais « ils ont choisi l’épreuve de force » aux dépens d’un « consensus honorable », estime le chef de file du Tapura. En résulte une « grève qui va à contre-sens de l’intérêt général », qui « rajoute de la crise à la crise », précise Édouard Fritch, en accord avec le patronat sur ce point : au moment où « notre économie commençait à reprendre un peu d’air qu’on lui remet la tête sous l’eau ». Aucun doute, « cette grève aura des conséquences », pour la survie de certaines entreprises ou le maintien de certains emplois. En tout cas si le mouvement est suivi : « Nous verrons à l’issue de cette journée les chiffres de la mobilisation, mais je crois qu’une majorité de gens déplore cette grève dont nous n’avons pas besoin ».

Les propositions rejetées par les syndicats, d’après Édouard Fritch :

  • Sur la revalorisation du pouvoir d’achat de 4%. Le gouvernement a proposé une hausse de 2% du Smig au 1er janvier, puis « dès le 1er décembre, comme le demandaient les syndicats, ce qui aurait été un geste appréciable avant Noël ». S’est ajouté une possible revalorisation de 1% mais seulement « au vu de l’indice des prix » qui sera connu entre mars et avril. « Le 1% restant a été renvoyé vers la fin de l’année, une fois connue l’indice du cout de la vie et si c’est justifié », précise le président, qui rappelle que « ce n’est pas le pays qui paye le Smig, mais bien les entreprises ».
  • Sur le rattrapage des congés liés aux confinements. « Ce problème n’en est plus un, puisque nous avons décidé d’appliquer à l’administration le code du travail local qui est effectivement plus intéressant pour les agents ».
  • Sur la fréquence des réunions de la CHSCT. « Nous avons dit oui, et nous avons accepté sans discuter de passer de 2 à 4 réunions par an, donc une par trimestre ».
  • Sur la mise en place d’un fond d’aide aux salariés ayant perdu involontairement leur emploi. « Cette question, d’un commun accord, a été renvoyée à une discussion tripartite, puisqu’elle concerne aussi les employeurs qui n’étaient pas présents à ces négociations ».
  • Sur la mise en place des concours, la revalorisation des carrières et le paiement des heures supplémentaires et des astreintes dans la fonction publique territoriale. « Ce point est résolu » affirme Édouard Fritch. « Les concours sont ouverts et un calendrier des concours a été rendu public, dont quatre sont déjà programmés » et une planification triennale doit être mise sur la table. Le paiement des heures supplémentaires et des astreintes et la revalorisation des carrières « se trouvent réglé par l’alignement du statut de la fonction publique sur le droit du travail local ». Les syndicats estiment au contraire que ces deux demandes « n’ont toujours pas trouvé de réponse adaptée ».
  • Sur la réforme de la PSG. Le gouvernement a refusé de retirer son projet de réforme de la gouvernance, déposé « sans concertation » d’après les syndicats, mais « sur la base » d’une dizaine d’année de discussions sur le sujet d’après Yvonnick Raffin. L’exécutif ne souhaite pas non plus revenir sur la composition du futur conseil d’administration de la CPS – « 15 personnes contre 65 aujourd’hui » – avec un tiers des sièges pour le gouvernement, qui participe de plus en plus à la PSG par la fiscalité (26 milliards sur 136 en 2020), un tiers pour le patronat, et un tiers pour les syndicats. Ces derniers demandent à rester sur la formule actuelle : le pays, en tant que principal employeur public, partage ses sièges avec le patronat. Le gouvernement a seulement accepté de ne pas se réserver la présidence du conseil et de renforcer la place des syndicats dans les comités stratégiques tripartites qui décideront de la réforme de fond.
  • Sur l’obligation vaccinale. « Nous avons accepté de ramener le montant de la sanction à 50%, soit 80.000 francs au lieu de 175.000 francs », pointe Édouard Fritch. Le protocole prévoyait aussi « le plus grand discernement dans l’exercice de ces contrôles » et la promotion de « solutions alternatives » à la sanction. Mais celle-ci « doit demeurer dissuasive, sinon on la vide de sa substance » insiste le président, qui ne revient pas non plus sur la possibilité de répéter l’amende. « J’ai également précisé, qu’en fonction de l’évolution de la situation sanitaire et des progrès de la vaccination, si nous parvenions à amortir la prochaine vague de manière significative que j’étais prêt à reconsidérer cette loi, voire à la retirer, précise le responsable. Je ne suis pas là pour embêter les gens, mais mon devoir est de protéger la population ».
  • Sur la loi sur la protection de l’emploi local. « Tout est réglé, puisque nous sommes dans un processus déjà engagé, qui prévoit que la publication en avril 2022, c’est demain, des tableaux des professions concernées ».

Le gouvernement a aussi proposé une conférence globale tripartie (avec les syndicats et le patronat) qui se réunirait dès janvier et a minima chaque trimestre, « pour s’accorder sur un calendrier de travail du dialogue social et essayer de régler en amont les problèmes qui peuvent se poser ».

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