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Frédéric Dock : « Il y a urgence à convaincre l’État d’être au rendez-vous de la relance »

Directeur général de Cegelec et des filiales du groupe Vinci – Énergie en Polynésie, Frédéric Dock a été élu président du Medef-PF le 14 mai dernier. ©C.R.

De retour de métropole, où il a rencontré le nouveau ministre des Outre-mer, le président du Medef Polynésie appelle le gouvernement et les acteurs économiques du fenua à « parler d’une seule voix » à Paris. Saluant la nomination de Tearii Alpha à la vice-présidence et d’Yvonnick Raffin à l’Économie, il estime que seules des propositions concrètes et concertées pourront convaincre l’État de soutenir davantage la Polynésie dans sa relance économique.

Un « gouvernement taillé pour l’action ». Le patron du Medef-PF partage l’analyse et les choix  d’Édouard Fritch, qui a fait de Tearii Alpha et d’Yvonnick Raffin les deux hommes forts du gouvernement présenté jeudi dernier à l’assemblée. Dans le nouveau vice-président, Frédéric Dock voit un « ministre dont les qualités sont reconnues par tous », et qui « veut bousculer les choses au profit d’un partenariat public-privé ». Le directeur des filiales du groupe Vinci en Polynésie pense bien sûr au grands projets, mais aussi au développement du numérique, avec notamment la relance de Smart Polynésia. Quant au « ministre de l’Économie et des Finances, en charge de l’énergie, de la Protection sociale généralisée et de la coordination de l’action gouvernementale », son parcours longtemps ancré dans le privé ne peut être que bon signe pour le Medef : « C’est l’interlocuteur parfait pour le patronat ».

Le mouvement des entreprises s’était félicité, en juillet, des premières orientations fixées par le Pays dans la relance économique. Et avait appelé à fixer plus clairement un cap « ambitieux mais pas impossible », orienté « vers une croissance plus verte et plus digitale ». Le plan de relance avait finalement été mis sur la table par Teva Rohfritsch le 1er septembre, à la veille de la démission de l’ex-vice-président. Les objectifs d’investissement publics – environ 30 milliards de francs de liquidation par an pendant 5 ans, notamment tournés vers le BTP – sont effectivement audacieux. Le Medef avait toutefois patienté avant d’applaudir.

Soutenir la relance polynésienne, « un investissement, pas une charge »

Et pour cause : pour son président, la priorité du gouvernement est désormais « d’être certain que le plan de relance est en adéquation avec les ressources budgétaires ». Frédéric Dock se montre confiant, saluant, là encore, la désignation d’Yvonnick Raffin comme « coordinateur » de la mise en œuvre de ce plan.

Mais il faudra tout de même trouver les près de 120 milliards de francs d’investissements proposés sur 5 ans (en mettant bout à bout des nouveaux ou sur la table depuis des années). Le Pays ne fait pas de mystères : c’est vers l’État qu’il se tourne. Une démarche soutenue, semble-t-il, par le patronat. En métropole, pour participer entre autres à des réunions du Medef national, Frédéric Dock a eu l’occasion d’évoquer le sujet avec le nouveau ministre des Outremer, Sébastien Lecornu. Un élu qui avait déjà, par le passé, renvoyé les collectivités du Pacifique à leur statut d’autonomie sur les questions de financement. Pour le chef d’entreprise, le message était donc tout trouvé : l’État ne doit pas considérer la Polynésie comme une charge, mais comme un « potentiel pour la position de la France dans le monde ». Et donc considérer les aides au fenua, qu’il s’agisse de prêts ou de subventions, comme des « investissements ». « Une perception des choses » que le ministre et son cabinet « n’avaient pas forcément de prime abord » constate Frédéric Dock.

Front commun à Paris ?

Pas de réponse, bien sûr, sur le financement du plan de relance made in fenua ou sur la place de la Polynésie dans le plan de relance national. Des sujets sur lesquels Paris discutera directement avec le Pays. Édouard Fritch a d’ailleurs déjà annoncé qu’il ira lui-même négocier avec le gouvernement central à la fin du mois. Le gouvernement devrait aussi être représenté, à la mi-octobre, aux assises économiques de l’Outremer, mi-octobre, où Frédéric Dock représentera le Medef Polynésie. Des déplacements « qui seront la meilleure opportunité pour transformer la volonté des uns et des autres en action » assure le responsable. À condition de parler d’une seule voix face à l’Etat avec des propositions « les plus concrètes possibles ». « Il urgent de se parler avant, et c’est ce qu’on va faire, précise-t-il. Et il y a urgence de convaincre l’Etat d’être immédiatement au rendez-vous de la reprise économique de la Polynésie ».

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2 Commentaires

  1. deodata
    22 septembre 2020 à 9h18 — Répondre

    Il est illusoire de croire que l’État viendra « au secours » de la Polynésie : il sait que notre masse monétaire nous permet de faire face par nous-mêmes aux défis de la relance. Nous avons les moyens financiers (plus de 150 milliards CFP en comptes bancaires mobilisables à très court terme), nous devons les mobiliser. Il revient à NOTRE gouvernement de convaincre NOS épargnants de mettre des billes dans NOTRE économie par un emprunt territorial.

  2. pat
    23 septembre 2020 à 11h59 — Répondre

    C’est quand même curieux les patrons polynésiens sont heureux de ne pas payer de charges ou d’impôts en métropole mais au moindre pépin c est les caisses de l’état alimentées par les patrons métropolitains qui doivent les sauver pourtant l’état à bien aidé les petits patentés et patrons de tahiti demander un coup de pousse d’accord mais demander de l’argent sans cesse alors que le gouvernement local n’est pas démunis et qu’il tente d’ailleurs de trouver des solutions pérennes pour l’avenir

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