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Giscard et la Polynésie : le regard de l’historien Jean-Marc Régnault

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Avec l’historien Jean-Marc Regnault, retour sur les rapports de la Polynésie avec Valéry Giscard d’Estaing, décédé hier à l’âge de 94 ans. La Polynésie se rappellera sans doute de lui pour avoir ouvert la première brèche vers l’autonomie.

Le septennat de Valéry Giscard d’Estaing a eu un impact certain sur la Polynésie et son évolution statutaire. L’ancien Président de la République a marqué les esprits en mettant un terme aux essais nucléaires atmosphériques et en ouvrant la voie aux essais souterrains. « Dans l’esprit de Giscard ça permettait de dégonfler un petit peu les critiques. Bon, le coup a été plutôt raté, sauf quand même que les antinucléaires de l’époque, Teariki et Sanford, se sont assez bien accommodés de cette transformation », raconte Jean-Marc Regnault.

« Giscard, lui, aurait préféré la départementalisation »

Autre fait notable, rappelle l’historien, « Giscard a rompu la chaîne qui avait duré 17 ou 18 ans de refus de toute autonomie de la part du gouvernement central. Georges Pompidou s’était totalement opposé à toute transformation statutaire. Et puis finalement, Giscard d’Estaing qui aurait, lui, préféré la départementalisation, a fini par lâcher du lest et a accordé le statut d’autonomie de gestion en 1977. »

« Il savait bien que cette autonomie-là, ce n’était pas un aboutissement, c’était aussi un commencement. Il faut dire qu’il y a eu des ministres de l’Outre-mer à l’époque, Olivier Stirn et Paul Dijoud, qui étaient des gens assez ouverts. » Une autonomie que le Président de la République offrait dans l’espoir d’un soutien : « Il faut se rappeler quand même qu’en 74, c’est Mitterrand qui avait eu la majorité .»

Le développement des communes

« À côté de ça, Giscard a mené un certain nombre de politiques qui ont été favorables à la Polynésie, notamment tous les fonds d’aide au développement, des îles surtout, et puis il y avait à cette époque-là le début des communes, qui sont nées en 1971-72, et l’État a décidé d’accroître les moyens des communes. Je me souviens que quand je suis arrivé en 1984, les gens me disaient ‘du temps de Giscard, on était gâté’. »

 « La politique des conventions » 

« La politique de Giscard ça a été ce qu’on appelait la politique des conventions, sur tous les sujets on passait une convention entre État et territoire, et en fonction de la convention l’État donnait de l’argent et des moyens. (…) Sous Mitterrand on a prétendu qu’on abandonnait la politique des conventions parce que Mitterrand disait que ça rendait le territoire beaucoup plus dépendant qu’avant 1977. » Mais finalement, aujourd’hui les conventions entre l’État et le Pays sont un mode opératoire usuel – contrat de projet, convention sante-solidarité, etc.

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