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Hau Ma’ohi veut installer « un nouveau logiciel » en Polynésie

©CP/Radio1

Tauhiti Nena était l’Invité de la rédaction de Radio1 ce jeudi. Le programme de Hau Ma’ohi suppose une reprise en main de l’économie par le Pays, avec notamment le contrôle des importations pétrolières, une activité d’armateur, une place d’actionnaire dans les grands projets hôteliers, ou encore la « territorialisation » d’EDT-Engie. La question de la faisabilité ou même de la constitutionnalité de certaines proposition est souvent renvoyée à la renégociation des accords de l’Elysée de 2017.

L’objectif de Hau Ma’ohi, dit Tauhiti Nena, est de « faire de ce pays un investisseur », et pour ce faire prévoit que le gouvernement polynésien exerce un contrôle direct sur nombre d’activités. Et s’il promet de supprimer la TVA sociale et de réduire les impôts, il faut d’abord agir sur d’autres composantes du coût de la vie et « remplir les caisses du Pays ».

Premier secteur ciblé, celui des hydrocarbures :  Hau Ma’ohi veut  « prendre le contrôle de tout le circuit d’approvisionnement et de transport des hydrocarbures dan le but de faire baisser les prix de 20 à 30% ». Tauhiti Nena, à qui ses activités de président de la Fédération de boxe océanienne font voir du pays, a noué des contacts en Algérie et au Qatar, par exemple. Il veut passer des accords directs avec des pays producteurs.

Deuxième secteur, le transport maritime international, dont le coût à triplé en 20 ans. Tauhiti Nena veut que le Pays devienne armateur, en achetant un cargo qui chargerait l’essentiel des 120 000 tonnes de fret importées d’Auckland chaque année, et qui selon ses calculs réduirait le coût du fret de moitié.

Troisième cible, EDT, que Hau Ma’ohi propose de « territorialiser ». Tauhiti Nena tire son inspiration de la nationalisation par de Gaulle des compagnies de production d’électricité en 1946. « On est sur la même logique », dit-il, « pour investir massivement dans les fermes solaires et ne pas les laisser aux mains des privés. C’est un chiffre d’affaires de 22 milliards, ça doit aider à remplir les caisses du Pays. »

Tauhiti Nena veut aussi que le Pays soit plus directement impliqué dans le secteur bancaire et assurantiel, en transformant Fare Rata en véritable banque et compagnie d’assurance, et en renforçant la capacité de prêteur de la Sofidep.

Enfin, Hau Ma’ohi pense que 500 000 touristes par an est une cible réaliste, mais souhaite que le Pays soit actionnaire de toute activité touristique implantée sur le domaine public, et qu’Air Tahiti Nui devienne actionnaire d’hôtels, par exemple dans ceux du Village Tahitien ou dans celui du Taharaa.

Education et emploi : dérogation pour accéder aux grandes écoles et préférence locale

Côté emploi, Tauhiti Nena défend la préférence locale, et même un « fast track » dérogatoire dans certains cas. Il veut, dit-il, réserver « 15 à 20% » des postes d’enseignants aux jeunes diplômés polynésiens comme il dit l’avoir fait avec succès lorsqu’il était ministre, et titulariser 400 enseignants actuellement remplaçants.

Tauhiti Nena veut mettre en place un « plan 400 cadres par an », et prévoit pour y parvenir d’intégrer dans la révision des « accords de l’Élysée » de 2017 – par lequel la France doublerait la dotation globale –  l’intégration sans concours d’étudiants polynésiens dans les grandes écoles, y compris les facultés de médecine car, il en est persuadé, les médecins polynésiens reviendront exercer ici, y compris dans les îles.

Pour motiver les Polynésiens au travail, Tauhiti Nena veut remettre à l’ordre du jour les coopératives. Si des tentatives dans ce domaine ont échoué, dit-il, c’est que le Pays voulait avoir la mainmise dessus. Il cite les transports terrestres ou la pêche, où l’intéressement n’est pas mis en place par les patrons.

Enfin Hau Ma’ohi veut revaloriser les petites retraites, mais pas avant d’avoir relancé l’économie du Pays, pour porter le nombre de ressortissants du régime des salariés à au moins 120 000, dit Tauhiti Nena.

10 000 logements en 5 ans

Très ambitieux, alors que le Pays peine à produire 500 logements par an, Tauhiti Nena veut en faire 10 000 en 5 ans, et 1 000 logements étudiants. « J’ai rencontré des cadres de l’OPH, ils me disent que ce n’est pas possible », reconnait-il. Pour y arriver, il veut réduire les coûts de production en important des maisons en kit, et former « en 6 mois » les corps de métiers qui manquent aujourd’hui pour augmenter la production de logements.

Hau Ma’ohi envisage aussi d’interdire les ventes  de terres aux étrangers – en généralisant les baux emphythéotiques – mais « on va quand même consulter la population », assure Tauhiti Nena.

Rupture avec Te Nati : trop d’exigences ? 

Te Nati-Rassemblement national et le Here Ai’a ont quitté  Hau Ma’ohi quelques jours avant le dépôt de la liste. Mais Tauhiti Nena assure qu’il n’a pas décidé de la composition de la liste tout seul. Il estime notamment que Te Nati a été trop gourmand, en réclamant une place éligible sur la 1ère section, alors qu’il avait déjà la tête de la section 3.

 

 

 

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