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La victoire du Tavini « n’est pas une révolution politique, mais une révolution sociale »


À l’occasion des cérémonies du 1er mai, Patrick Galenon a voulu rappeler aux futurs élus bleu ciel que c’est pour répondre au malaise social et aux pertes de pouvoir d’achat que les Polynésiens se sont tournés vers eux. Du côté de l’UNSA, on félicite le parti indépendantiste, mais on se dit d’ores et déjà vigilant sur certaines propositions de campagne, notamment la cotisation des fonctionnaires d’État à la CPS, « ligne rouge » du syndicat.

Une fête, des travailleurs et deux cérémonies ce matin, à Tarahoi et au monument aux morts. La CSTP-FO a déposé une gerbe sur la stèle de Pouvanaa a Oopa, « père du syndicalisme polynésien », avant de se diriger vers l’avenue qui porte son nom et honorer la mémoire des travailleurs qui ont participé à la lutte sociale, et « dont certains en sont morts ». Pas de rencontre, en revanche, avec le gouvernement, tradition bien ancrée du 1er mai polynésien, mais perturbée cette année par les élections territoriales. « D’habitude on est invité, pas là », note le secrétaire général du premier syndicat du Pays, Patrick Galenon. Pas illogique, puisque le gouvernement Tapura n’est qu’en sursis de quelques jours avant la prise de fonction de la nouvelle assemblée à Tarahoi, l’élection d’un nouveau président du Pays – Moetai Brotherson – puis la nomination d’un nouvel exécutif bleu ciel. Et forcément, dans les rangs de FO, les discussions étaient très politiques ce matin.

Attention à la classe moyenne

« Je voudrais préciser que ces résultats, ça n’était pas une révolution politique, mais une révolution sociale », pose Patrick Galenon. « À un moment donné, il faut que l’on regarde la Polynésie du bas, c’est ce qui n’a pas été fait, et donc on espère que le nouveau gouvernement aura peut-être une plus grande attention aux plus démunis et surtout qu’on s’occupera un peu plus de la classe moyenne ». Classe moyenne qui d’après le syndicaliste est celle qui a connu les plus grosses pertes de pouvoir d’achat pendant cette « crise inflationniste », et pour qui « il devient impossible de se loger ». Le patron de la CSTP-FO, qui devrait rencontrer Moetai Brotherson dans les jours à venir, l’invite déjà à avoir une attention particulière aux CAE – « et à ce qu’il y en ait pas trop » – et de façon plus générale aux salariés. « Plutôt de gauche si on prend une vision métropolitaine« , le syndicaliste estime tout de même que cette alternance est porteuse d’espoir pour la situation sociale.

Du côté de la stèle de Pouvanaa, c’est une autre centrale syndicale qui a pris la suite de FO : l’Unsa, qui a elle aussi fait une entorse à son programme habituel du 1er mai. L’organisation, qui se base principalement sur les fonctionnaires d’État et qui est particulièrement représentée dans l’enseignement, a boudé le rendez-vous annuel avec les services du Haut-commissariat, déjà rencontrés plus d’une dizaine de fois lors des mobilisations contre la réforme nationale des retraites. « Vu l’attitude du président Macron et de son gouvernement », sur cette réforme passée au forceps, et dont les grands syndicats nationaux demandent toujours le retrait, l’Unsa a décidé de « sauter cette étape cette année ». Ses cadres ont, à la place, rendu un hommage symbolique à Pouvanaa a Oopa.

« On ne veut pas cotiser à la CPS »

Et là aussi, le vote de dimanche était sur toutes les lèvres. Si les responsables tiennent à saluer le Tavini pour sa victoire, c’est surtout à Moetai Brotherson que sont adressé les messages de félicitations. Un « homme connu pour son écoute », avec qui le syndicat « travaille depuis longtemps », par exemple sur l’ITR. Mais au sein de l’UNSA, beaucoup s’interrogent sur le projet indépendantiste porté par les bleu ciel, ses conséquences sur les agents de l’État, mais aussi sur certaines propositions mises sur la table pendant la campagne. « Nous avons vu qu’il voulait que les fonctionnaires cotisent à la CPS, et pour nous c‘est une ligne rouge, explique Diana Yeng Kow, la cheffe de file de l’union en Polynésie. Nous participons à la solidarité, avec la CST et la contribution pour la solidarité, mais cotiser au régime maladie, pour nous ça n’est pas possible. D’autres gouvernements ont essayé et nous avons toujours résisté ». L’Unsa prévoit donc de « laisser le gouvernement s’installer », « lui proposer une rencontre », « demander des explications » sur ce projet et sur d’autres et « travailler avec ce nouvel exécutif » sur les dossiers du moment – la vie chère, entre autres. « Mais nous seront vigilants à ce que leur politique ne contrevienne pas à nos convictions« . 

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