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L’Apetahi Express va être placé en redressement judiciaire

La compagnie Apetahi Express, à court de liquidités, a informé ses employés que la société s’était déclarée en cessation de paiement. Elle devrait ainsi être placée en redressement judiciaire lundi prochain par le tribunal de commerce, afin de mettre en œuvre un plan de continuation de l’activité et d’apurer ses dettes. « Cette décision vise à protéger l’entreprise et à garantir sa pérennité dans un contexte où l’excès d’offre de transport de passagers sur les Raromata’i met en péril l’équilibre économique de l’ensemble des acteurs du secteur », précise la société du groupe Tuatea, présidé par Tuanua Degage. La navette rapide continue ses rotations et n’abandonne pas son projet de desserte de la Presqu’île.

Tuanua Degage a informé ce jeudi après-midi les 28 employés de l’Apetahi Express que l’entreprise s’était déclarée en cessation de paiement lundi dernier pour « se placer sous la protection du tribunal de commerce de Papeete ». Une démarche volontaire qui conduira le tribunal, lundi prochain, à placer l’entreprise en redressement judiciaire, ouvrant ainsi une première période d’observation de six mois, sans administrateur judiciaire. La loi prévoit que le placement en redressement judiciaire peut être renouvelé deux fois, permettant de bénéficier d’un répit total de 18 mois avant d’en arriver, au pire, à la liquidation.

Ce délai, qui permet à une entreprise de mettre en œuvre un plan de continuation, notamment en rééchelonnant sa dette, devrait donner un peu d’oxygène financier à l’Apetahi Express qui a des difficultés a régler les échéances d’un prêt-relais contracté auprès de la Banque de Polynésie, lorsque l’entreprise était en attente de l’agrément de défiscalisation locale en 2022. Son autre créancier majeur est son fournisseur de carburant, qui « joue le jeu », dit l’un des responsables de la compagnie. Le placement en redressement judiciaire devrait ouvrir la possibilité d’obtenir un prêt de trésorerie auprès de la Sofidep.

Coût du carburant et guerre commerciale

Dans un communiqué, Apetahi Express cite « une situation économique fragilisée par l’excès de concurrence » dans un contexte d’augmentation des coûts du carburant, passé de 64 Fcfp en 2022 à l’établissement du business plan, à 90 Fcfp aujourd’hui.  En outre, l’arrivée en février 2023 d’Air Moana sur le marché du transport de passagers vers les Raromata’i « a déclenché une guerre commerciale intense entraînant une chute drastique des prix sur l’ensemble du marché. »

Pourtant, « malgré une hausse significative de son chiffre d’affaires grâce à des ajustements stratégiques opérés en 2024 (augmentation des tarifs, ajout de la desserte de Maupiti et introduction du fret léger), l’entreprise n’a pas encore atteint le point d’équilibre financier », poursuit le communiqué. Mais les dirigeants restent optimistes : de 76 000 passagers en 2023, l’Apetahi Express atteindra 100 000 passagers en 2024, assurent-ils. La desserte de Maupiti, rajoutée à la ligne en juillet, est un succès, avec 1 600 passagers le mois dernier.

La desserte de Taiarapu, élément crucial du redressement

Le plan de redressement parie sur la mise en place de la desserte de Taiarapu, dont le démarrage originellement prévu fin octobre est pour l’instant suspendu à une autorisation d’utilisation du quai de Faratea par le Pays : les bollards du quai ne sont pas assez solides pour satisfaire les autorités. Selon le modèle de bollard qui sera accepté par le Pays, les travaux de mise en conformité pourraient prendre de deux semaines à quatre mois.

La société fondée en septembre 2019 s’était d’abord lancée sur la desserte des Raromatai en mars 2021 avec l’Aremiti 5, avant la mise en service en juillet 2023 de son navire spécialement construit pour la route des Raromata’i , un investissement de 2,5 milliards de Fcfp. Le mois suivant, en août 2023, un avis paru au Journal officiel indiquait que les capitaux propres étaient passés en-dessous de la barre de la moitié du capital social (40 millions de Fcfp) mais que l’associé unique avait décidé qu’il n’y avait pas lieu de dissoudre la société. Depuis, la holding Degage avait été scindée en deux entités en mars dernier, suite à un désaccord entre Tuanua Degage et ses parents, qui ont repris le contrôle de la desserte de Moorea avec les deux navettes rapides Aremiti 5 et 6.

 

 

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