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L’auteur de « Mon Tane est un farani » reconnait un plagiat

Un spectateur de la pièce de théâtre, adaptée à la télévision en mini-série, a reconnu des textes d’une comédie métropolitaine à succès, Couple, mode d’emploi, dans laquelle il avait lui-même joué. Des emprunts importants qui sont remontés jusqu’aux oreilles de l’auteur de la pièce originale, et qu’a reconnus Stéphane Martino, qui a signé Mon Tane est un farani. Des discussions sont en cours pour éviter que l’affaire ne finisse devant les tribunaux.

Pas d’épisode le weekend dernier pour Mon Tane est un farani sur TNTV. La chaine a suspendu sa diffusion et même supprimé les replays de son site. En cause : des interrogations sur les droits d’auteur de la minisérie signée par Stéphane Martino, et adaptée d’une pièce de café-théâtre du même nom, et du même auteur. C’est en tout cas ce que prétendait le comédien lorsqu’il a présenté sa comédie pour la première fois au Paradise en 2018. Elle met en scène les chamailleries d’un tane bordélique et râleur et de sa vahine jalouse et possessive. Une recette qui marche, puisqu’elle a été adaptée pour la télévision, avec une diffusion depuis le mois de septembre, avant d’être relancée sur les planches, début novembre. Sauf que dès la première représentation au Petit Théâtre, un spectateur a une impression de déjà-vu. L’homme, lui-même comédien, reconnait des scènes entières, des techniques de mises en scène et beaucoup de dialogues d’une pièce dans laquelle il a lui-même joué : Couple, mode d’emploi. Une comédie à succès – plus de 500 000 spectateurs – qui tourne depuis plus d’une décennie en Métropole, et compte, parmi les nombreux acteurs qui ont incarnés Rémi ou Julie (Rémi et Tiare dans Mon Tane…), un certain Stéphane Martino.

« Personne n’était au courant »

Une coïncidence dont il est difficile de ne pas parler : l’affaire arrive très rapidement aux oreilles de l’auteur de Couple, mode d’emploi, Patrice Lemercier. « Se faire piquer des vannes, ça arrive souvent, mais pas de façon si grossière, explique le professionnel du théâtre et de l’humour. J’ai eu accès au texte, c’est 80% ou 90% de la pièce qui est plagiée ». Pincé, Stéphane Martino reconnait rapidement ces emprunts et tient à assurer dans un mail envoyé à tous les intéressés qu’il « assumera totalement sa responsabilité ». « Ni le producteur du spectacle, ni le producteur de la série, ni la chaîne qui diffuse le programme, ni ma partenaire (Taina Fabre, ndr) n’étaient au courant. Ils se sont fiés à ma parole », détaille-t-il. Le comédien, « réel » auteur, par ailleurs, d’autres pièces présentées en France ou au fenua, explique avoir traversé une période difficile financièrement et avoir fait le choix de la « facilité », comme « d’autres l’ont déjà fait » dans le milieu de l’humour. « Ça explique, ça ne justifie pas, insiste-t-il. Je ne me suis pas enrichi avec Mon Tane est un farani, mais procéder comme ça c’était très bête ». « Absurde » même, renchérit Patrice Lemercier : « il m’aurait appelé pour jouer la pièce, on se serait arrangé ». Du côté des producteurs, c’est la consternation : côté planches ou télé, les œuvres avaient été présentées, de bonne foi, comme des créations 100% locales. « Ça peut porter atteinte à la réputation », regrette-t-on chez Rideau rouge Tahiti.

Les droits d’auteurs reversés à une association locale ?

Le comédien, désormais, assure vouloir jouer « la transparence totale » sur cette affaire. Et explique que le scénario de la mini-série télé ne serait que partiellement concerné : 8 épisodes aux textes empruntés sur les 28 livrés à TNTV, et dont seulement 18 – dont 5 plagiés – ont été diffusés. Des chiffres qui restent à vérifier du côté de Patrice Lemercier qui a demandé à avoir accès à l’ensemble des informations sur les contrats, budgets, montant des droits d’auteur transférés à la société de production puis à la chaîne de télé. TNTV précise justement que ces contrats font peser la responsabilité légale du plagiat sur Stéphane Martino. Ce dernier, ainsi que ses producteurs, aurait déjà fait parvenir à l’auteur de Couple, mode d’emploi les documents demandés et Patrice Lemercier ne prévoit pas, à ce stade, d’emmener cette affaire de plagiat devant les tribunaux. « Je ne suis pas procédurier, explique le professionnel. Mais il ne faut pas non plus que ça passe comme une lettre à la poste ». Il faudra payer donc, le principe est accepté de part et d’autre. Mais l’auteur plagié l’assure : il s’agit avant tout de « faire comprendre que tout le monde doit être vigilant » face à ce genre d’emprunt qui « tue la créativité ». Il se dit même prêt à reverser les sommes qu’il touchera à une « association qui fait la promotion du théâtre » ou de la création originale au fenua.

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