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Législatives : le Tavini veut un second tour « plus courtois »… et plus « coloré »


Constatant que « les esprits s’échauffent » à 10 jours du second tour, Moetai Brotherson, Steve Chailloux et Tematai Le Gayic ont appelé les Polynésiens, et notamment les militants Tavini, à ne pas verser dans « l’invective » et « la haine » pendant la campagne. Les trois candidats bleu ciel ont aussi regretté un premier tour « un peu triste », et appelé les autorités à laisser « les drapeaux, les couleurs et les ukulele » animer les abords des bureaux de vote.

« Si vous le voulez bien, on va rester positif, bienveillant ». C’est un « appel » passé ce mercredi sur Facebook par les trois candidats Tavini qualifiés pour le second tour des législatives. Côte à côte, Moetai Brotherson, Steve Chailloux et Tematai Le Gayic notent qu’à mesure que le second tour approche – il aura lieu le samedi 18 juin – les esprits « s’échauffent » et « se polarisent ». « Commentaires désagréables », voire agressifs, « attaques personnelles »… Malheureusement classique, à dix jours d’un scrutin important. « On peut comprendre qu’il y ait des personnes qui se mettent à fond dans ces élections parce qu’ils sont dans des situations de précarité énorme et qu’ils savent que la politique peut changer leur vie, appuie Tematai Le Gayic, candidat qui affronte Nicole Bouteau dans la première circonscription. Mais il ne faut pas que ça aille jusqu’à la haine ».

« Des adversaires, pas des ennemis »

Le message est adressé aux militants « d’un camp ou d’un autre », mais les trois candidats indépendantistes, tous opposés à un représentant du Tapura, savent que les troupes bleu ciel sont particulièrement actives sur les réseaux sociaux. « C’est pas quelque chose de coordonné, c’est quelque chose de spontané », précise Moetai Brotherson, qui lie la forte activité des militants tavini sur les réseaux sociaux à « l’engouement » créé par « ce trio de candidats ». « Ça vient aussi du fait peut être qu’on est dans le monde politique ceux qui ont le plus de followers » note le député sortant, qui cumule 23 000 abonnés sur Facebook. Le message : favoriser le « débat d’idées courtois » plutôt que « les invectives qui fleurissent des deux côtés ». « Nous sommes des adversaires, pas des ennemis, reprend le candidat de la troisième circonscription. On n’oublie jamais que quelle que soit la couleur de nos drapeaux, nos prospectus, on est un seul peuple ».

Un premier tour « aussi triste qu’en métropole »

Autre message, adressé cette fois aux autorités : laisser les Polynésiens mettre de la couleur dans le scrutin. « C’était un peu triste, vous ne trouvez pas, ce premier tour sans drapeau, sans animation en bord de route, commente Moetai Brotherson. J’ai même des amis métropolitains qui m’ont dit que c’était aussi triste qu’une élection en métropole ». Si le code électoral interdit par principe la propagande électorale et les démonstrations partisanes le jour de l’élection, notamment aux abords des bureaux, ces règles sont traditionnellement appliquées avec beaucoup de souplesse au fenua. « Chez nous, l’élection, c’est une fête, on vient là pour se rencontrer, pour chanter ensemble, c’est la particularité de ce que nous sommes en tant que Ma’ohi », complète Steve Chailloux, candidat dans la deuxième circonscription. Le message s’adresse donc surtout à l’État, qui contrôle, auprès des mairies, la bonne application des règles électorales : « On aimerait avoir le retour des drapeaux, des ukulele, des élections colorées qui sont un jour de fête ».

Du côté du Haussariat, on indique pourtant que ni les règles, ni les consignes adressées aux mairies n’ont changé ces dernières années. Mais les municipalités, chargées de l’organisation du scrutin, peuvent choisir d’être plus vigilantes, par peur de recours contre les résultats ou pour des raisons de sécurité. C’est ce qui avait été avancé en 2020 par la mairie de Papeete, quand Tauhiti Nena avait dénoncé, lors du deuxième tour des élections municipales, l’interdiction des drapeaux, banderoles et autres matériels de propagande électorale à proximité de l’école de Mamao, qui rassemble les bureaux de vote de la capitale. La mairie avait expliqué que son dispositif était lié à des impératifs de sécurité, citant « les drapeaux frôlant les véhicules » ou les fils électriques, et « les piétons ne pouvaient plus se déplacer librement ».

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