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Les sans-abri : « Ils se font rançonner au sein de la famille », dit la présidente de l’association Te Torea

© Vaite Urarii Pambrun

L’enquête réalisée par l’association Te Torea révèle qu’il y a plus d’hommes sans-abri que de femmes. Et que les particuliers ou les entreprises du bâtiment ont beaucoup recours à ce public pour différents travaux.

L’association Te Torea a organisé un colloque jeudi dernier avec pour thème principal « Les conditions de vie du public sans domicile fixe de l’agglomération de Papeete ». L’association a notamment procédé à la restitution de l’enquête menée sur la « question de l’errance » au fenua. Pour cette enquête 96 personnes ont été interrogées au moyen d’un questionnaire, 20 personnes ont été reçues en entretien semi-dirigé et 98 dossiers individuels ont été consultés dans les archives de l’association.

Toujours plus d’hommes que de femmes dans les rues

Cette enquête a permis de dresser un « profil » du sans domicile fixe vivant à Papeete. Elle a démontré, comme l’enquête réalisée l’an dernier, qu’il y a deux fois plus d’hommes que de femmes qui sont en situation de sans domicile fixe au fenua (30 femmes pour 66 hommes). La majeure partie d’entre eux sont inscrits au RSPF, et le profil type est celui d’un homme âgé entre 30 ans et 40 ans. Ils sont d’ailleurs nés, pour la plupart, à Papeete. Les SDF dorment généralement à la cathédrale, au centre d’urgence ou dans les espaces publics où ils ont accès à l’eau potable et aux douches. Ces espaces publics représentent pour les SDF « un lieu de vie ».

Les SDF : de la main d’oeuvre pas cher

L’enquête dévoile aussi que les sans domicile fixe sont pour la grande majorité sans diplômes, et donc sans contrat de travail.  Par contre, certaines entreprises du bâtiment et beaucoup de particuliers font appel à cette catégorie de personnes pour effectuer de petits travaux au noir : 22%  d’entre eux vivent cette situation, « parce qu’il n’y a pas mieux donc je travaille au noir ». «On a l’impression qu’ils sont entre guillemets des bons à rien, donc des hommes à tout faire. Et cela les rend beaucoup plus vulnérables qu’ils ne le sont déjà », précise la présidente de l’association Yasmina Taerea. Elle rajoute qu’un travail à ce niveau là est mené pour accompagner ce public à avoir « un travail légal, reconnu, assuré et déclaré ».

Les sans abri gardent le contact avec leur famille   

L’enquête révèle aussi que les sans-abri ne coupent pas les ponts avec les membres de leur famille car certains d’entre eux sont parents. Et leurs enfants ont été confiés aux grands-parents ou aux conjoints. Ils ont la possibilité de rentrer chez eux, beaucoup sont « des sans-abri avec un domicile fixeOn encourage ces retours en famille pour garder le lien avec leurs enfants », dit l’association. Ces personnes sont pour une grande majorité issues de familles nombreuses et ont subi des pressions familiales, « des vies cassées et qu’on doit rafistoler ».

« Pour certains la rue représente un refuge ».

L’enquête a également démontré que certains sans-abri se sentent mieux dans la rue qu’à la maison. « Ils vivent parfois à 4 familles dans un fare qui fait 15 mètres carrés ». La promiscuité va créer des conflits et pour les  éviter, les sans-abri vont s’écarter volontairement du foyer familial. D’autres par contre quittent le domicile familial car « ils se font rançonner au sein de la famille. Certains disent même à la rue au moins je sais qu’on ne peut pas, ni me prendre ma carte bancaire ni me voler mon argent. Dans certaines cellules familiales, ces personnes représentent une bouche de plus à nourrir ».

 

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