ACTUS LOCALES

Les « seasteaders » refont surface au Panama

Ils voulaient construire une île flottante dans le lagon de Mataeia. L’opposition populaire avait eu raison du projet. Certains des « seasteaders », abandonnant toute prétention écologique ou sociale, s’apprêtent à commercialiser des résidences sur le MS Satoshi, un paquebot qui sera ancré au large du Panama.

Les Seasteaders n’abandonnent pas leur idée de communauté flottante. La société Ocean Builders a dévoilé son nouveau concept : un paquebot « crypto-friendly », ancré dans les eaux panaméennes, dont les cabines seront vendues comme des appartements, et qui se présente comme un incubateur technologique pour les entrepreneurs, les nomades du numérique et les fans de crypto-monnaies.

Le Dawn Princess a été racheté à la compagnie australienne P&O et rebaptisé « MS Satoshi », en hommage au créateur supposé du bitcoin, Satoshi Nakamoto. Il peut accueillir jusqu’à 2 020 personnes dans 777 cabines, et jusqu’à 660 membres d’équipage. Il propose 3 restaurants et 3 bars, 2 cafés, 2 piscines, un théâtre, une salle de sport, un parc aquatique et un casino.

Le navire prévoit de s’installer dès janvier prochain dans les eaux du Panama, accueilli à bras ouverts par le ministre en charge des investissements étrangers qui a annoncé son accord sur Instagram.

Une première vente aux enchères de 100 cabines est prévue du 5 au 28 novembre. Le prix : de 25 000 à 50 000 dollars US. Les acheteurs seront entièrement propriétaires de leur cabine, et paieront des charges mensuelles, en bitcoin s’ils le souhaitent.

Un concept dévoyé ? Ou le vrai visage du mouvement Seasteading ?

On est donc assez éloigné du concept libertarien défendu à l’origine par le Seasteading Institute, qui prône depuis sa création en 2008 une liberté d’établissement et de commerce dans les eaux internationales, sans être assujetti aux lois d’un État. Échapper à l’impôt reste la préoccupation majeure, et si les seasteaders ne parviennent pas à créer leur paradis fiscal de toutes pièces, le plus simple est effectivement d’aller s’ancrer dans l’un de ceux qui ont déjà fait leurs preuves. Avant d’arriver en Polynésie, les porteurs du projet avaient tenté trois ans durant de s’établir au Honduras, pour finalement renoncer, disaient-ils, face à la corruption rampante. Le Panama n’est guère mieux noté, mais cela ne semble plus être un obstacle.

Il n’est donc plus question de s’éloigner des côtes. Le MS Satoshi est loin aussi des prétentions écologiques saupoudrées sur le projet de Tahiti. L’empreinte carbone d’un paquebot, même statique, fait définitivement couler cet argument.  Tout au plus la brochure évoque-t-elle des cultures de légumes à bord et l’achat de poisson aux pêcheurs locaux.

Reste donc à voir si le navire de crypto-croisière aura plus de succès que le précédent projet de Ocean Builders : en 2019, son fondateur Chad Elwartowski et sa compagne, tous deux traders de bitcoin, avaient positionné leur « seapod », une maison flottante au large de la Thaïlande, au-delà des 12 milles nautiques. La marine thaïlandaise les en avait promptement délogés, au nom de la souveraineté du pays.

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