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New Tahara’a : une mobilisation plus symbolique que populaire

©PHOTOS C.R./ Radio1

Près de 200 personnes se sont retrouvées au pied du Tahara’a, ce samedi matin, à l’appel du collectif Mou’a Ura Nui i Te Ra’i Atea. Cérémonie traditionnelle, ‘orero, sensibilisation au rapport à la mer et à la culture… Les organisateurs avaient soigné leurs symboles, et réuni des militants culturels et environnementaux avertis, mais auraient espéré beaucoup plus de mobilisation populaire contre le projet du groupe City.

Lire aussi : New Tahara’a : le groupe City détaille et défend son projet

Une trentaine de véhicules pour le « convoi » encadré par les mutoi de la commune, une grosse centaines de personnes sur la plage, une vingtaine d’embarcations – va’a ou bateaux privés – dans la baie… Environ 200 personnes ont répondu à l’appel du collectif Mou’a Ura Nui i Te Ra’i Atea ce samedi matin. Ses responsables qui avaient appelé à une manifestation « massive » contre le projet du New Tahara’a « attendait un peu mieux ». « C’est pas ce sur quoi on a tablé, mais ceux qui sont venus sont venus avec leur cœur, c’est ça qui est important », relativise Doris Marouoi, présidente du mouvement et ancienne du Service de la culture et du patrimoine. C’est elle qui a donné au collectif le « nom originel » du Tahara’a, « promontoire pour l’envol des âmes », dont elle insiste sur le caractère sacré. Une idée au centre de la mobilisation et de la cérémonie au belvédère au cours de laquelle une flûte nasale (vivo) est enterrée au pied d’un tumu uru (arbre à pain). À défaut d’avoir déplacé les foules, le collectif a soigné ses symboles : habits blancs pour beaucoup, ‘orero, et percussions traditionnelles jusque sur la plage, où on initie les enfants au titi’raina, jeu traditionnel de construction de voiliers en bois…. L’idée ? Replacer les thématiques culturelles, foncières et environnementales « au centre des réflexions » sur le développement du fenua. C’est ce qu’explique l’élu Heuira-Les Verts Jacky Bryant, chef d’orchestre de la mobilisation :

Parmi les participants, quelques riverains du Tahara’a, côté Arue ou côté Mahina, des habitants de Punaauia, déjà mobilisées contre le projet Ocean Park fin avril – la manifestation avait alors rassemblé plus d’un millier de personnes – et bien décidées à construire un front « contre le groupe City » sur les deux côtes de Tahiti. Le gros des troupes, restent tout de même les militants culturels et environnementaux habitués de ce genre de mobilisations. S’ajoutent bien sûr des élus : la tavana d’Arue, Teura Iriti, plusieurs membres de sa majorité… Et le député Steve Chailloux, pas là en tant que parlementaire, précise-t-il, mais en tant que « militant de la culture et de l’identité polynésienne » :

La rhétorique de l’emploi agace

Rejets en mer, défrichage, impact sur la circulation, sur le flux de déchets, consommation d’eau… Les arguments déjà développés par la mairie d’Arue pour justifier son opposition ferme au projet sont toujours mis sur la table. Mais les militants le savent : des réseaux sociaux aux conversations politiques, le débat n’est pas à sens unique. Et beaucoup sont sensibles aux promesses de « renaissance » du site, de développement de l’activité économique, et surtout d’emploi – 210 pour l’hôtel Pullman en projet et au moins 500 pour l’ensemble du site – prises par le groupe City. Des arguments qui ne convainquent pas du côté du collectif. « Qu’on arrête de nous faire croire que l’emploi, c’est la solution miracle pour nous faire avaler 12 hectares de destruction d’un site exceptionnel, qui a dit que nous ne voulions pas d’emploi ? », s’agace Jacky Bryant qui parle de changer de « schéma de développement ». La présidente du collectif Doris Marouoi, elle, dit ne pas croire aux engagements d’emploi local du promoteur : « nos petites gens n’auront le droit qu’à tenir le balai ».

Pour le collectif, pas question d’en rester là. D’autres réunions, d’autres actions – auprès du Pays, notamment – et éventuellement d’autres évènements seront organisés, confirme Jacky Bryant. L’enquête publique sur l’étude d’impact du New Tahara’a, elle, est toujours en cours. Les documents sont consultables jusqu’au 29 juillet aux service techniques d’Arue.

 

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