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Nicole Bouteau parie sur la « pleine autonomie » et la « décentralisation » vers les archipels


Invitée de la rédaction de Radio1, l’ex-élue Tapura, désormais non inscrite à l’assemblée a fait le point sur le mouvement qu’elle construit, entre autres, avec Teva Rohfritsch. Un mouvement qui sera officiellement lancé courant décembre, de même que son programme des territoriales, en pleine « concertation ». L’ancienne ministre dénonce au passage les attaques « indignes » d’Édouard Fritch à l’assemblée, et les tentatives de « passage en force » sur certains sujets fiscaux de la part de la majorité.

Pas question de « tout révéler ». Depuis son départ du Tapura, le 14 septembre, Nicole Bouteau travaille avec Teva Rohfritsch, mais aussi avec Philip Schyle, Teura Taharu, eux aussi non-inscrits à Tarahoi, ou encore Marcel Tuihani, à un « nouveau mouvement ». Pas de nom, pas de couleur pour l’instant, ce sera pour « courant décembre ». Mais celle qui avait lancé No oe e te nunaa après son départ du gouvernement Flosse en 2002, puis cofondé, déjà avec Teva Rohfritsch, A Tia Porinetia « en seulement deux mois » en 2013 l’assure : tout sera prêt à temps pour se lancer dans la course des territoriales. Et notamment le programme, qui ferait l’objet de « consultations », de « réunions », de « moments d’expression avec des représentants de la société civile, et des personnalité du monde politique », assure l’ancienne ministre, qui dit vouloir inclure dans ce mouvement des idées émanant de « toutes les tranches de la société ». Au menu, dit-elle, des propositions sur la gouvernance, la transparence des institutions,  la jeunesse, l’économie avec une réforme du FRPH et des mesures de soutien au pouvoir d’achat (carburant, farine…) pour que le Pays « aide ceux qui en ont le plus besoin, et laissent ceux qui le peuvent faire face eux-mêmes » à l’inflation.

Répondre à l’aspiration des archipels

« Nous avons pu bénéficier de cette autonomie, que nous n’exerçons pas pleinement aujourd’hui, » explique-t-elle. Le futur mouvement qui cherche à « rassembler » parle donc d’un objectif de « pleine autonomie » qui pourrait être atteint en discussion avec l’État. 2023 a d’ores et déjà été annoncée comme une année de réforme constitutionnelle, notamment pour faire évoluer le statut de la Nouvelle-Calédonie. D’autres collectivités d’outre-mer veulent en profiter pour faire évoluer leur statut – souvent vers plus de compétences, plus d’autonomie – et la Polynésie pourrait elle-aussi poser ses demandes sur la table de Paris. Et parmi ces demandes, celle d’une plus grande autonomie des archipels au sein même de la collectivité polynésienne. Cette « aspiration » aujourd’hui surtout portée par les maires des Marquises mais qui serait partagée par d’autres, c’est celle « d’une plus grande décentralisation », résume Nicole Bouteau.

Nicole Bouteau qui est aussi revenue sur la séance mouvementée de l’assemblée lundi dernier. D’abord pour dénoncer le discours incisif d’Édouard Fritch à l’égard des démissionnaires du Tapura, qui s’est ensuite fait plus personnel quand il s’est agi de répondre à son ancien vice-président Teva Rohfritsch. « Au-delà du discours d’ouverture, la réponse qu’il a pu faire à un élu, représentant de l’assemblée, où il porte atteinte à la dignité humaine, où ce n’est plus le président d’une institution qui s’exprime mais le politicien, je trouve ça indigne de la part d’un président du Pays, » dénonce-t-elle. Avant de pointer vers le président de l’assemblée Gaston Tong Sang, en plein « déni de démocratie » en refusant à Teva Rohfritsch le droit de répondre.

Baisser les taxes plutôt que de dépenser « à tous vents »

Mais l’ex-ministre du Travail a aussi voulu s’attaquer au fond du rapport d’orientation budgétaire, qui avait été présenté ce jour-là. Déjà critiqué par Teva Rohfritsch pour son manque de clarté et pour « le décalage entre les titres accrocheurs du rapport et les mesures concrètes citées à l’intérieur », il montrerait aussi, selon Nicole Bouteau, les incohérences de la politique financière du Pays. Alors que la bonne reprise économique alimente les recettes – « +22 milliards par rapport à 2021, dont 6 pour la TVA sociale » – le gouvernement ne change pas son cap financier et fiscal, en maintenant notamment la contribution pour la solidarité… Et multiplie dans le même temps les dépenses, pointe-elle : déplacements « à tous vents » dans les archipels et à l’extérieur du Pays, Festival de la jeunesse apprécié mais qui ne répond pas « aux réels besoins »… L’ancienne membre du gouvernement, qui avait quitté l’exécutif voilà tout juste un an en dénonçant le manque de « crédibilité et de cohérence » de certains des responsables de la majorité, estime en substance qu’il vaudrait mieux utiliser les bonnes recettes fiscales pour réduire les impôts plutôt que pour faire campagne.

Lundi dernier, Nicole Bouteau avait aussi manifesté son opposition aux hausses des taxes touristiques proposées Antonio Perez, et qui seraient d’après elle portées en sous-main par Gaston Tong sang. Le maire de Bora Bora a essayé sans succès de faire « passer en force » ces textes en commission, explique-t-elle, dans l’espoir de les appliquer dès le 1er janvier prochain. Ce qui serait « insupportable » pour les acteurs du tourisme, engagés sur des tarifs pendant 12 à 18 mois auprès des tour-operators internationaux, et qui seraient donc obligés d’absorber dans leurs comptes les hausses potentiellement brutales de fiscalité. Surtout l’ex-ministre du Tourisme dénonce une méthode en contradiction avec les efforts de concertation de la stratégie Fāri’ira’a Manihini 2027 qui doit être présentée tout prochainement à l’assemblée :

Toute l’interview de Nicole Bouteau est à retrouver en vidéo :

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