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Nouvelle-Calédonie : Le « non » à l’indépendance à plus de 96%, sur fond d’abstention record

Sans surprise, le « non » à l’indépendance est sorti vainqueur du 3e et dernier référendum d’indépendance en Nouvelle-Calédonie, avec 96,49% des suffrages exprimés, selon les résultats partiels. Une victoire sur fond d’abstention record, à l’appel des indépendantistes qui ont prôné la non-participation. Aucun débordement n’a entravé le processus, malgré les craintes qui avaient conduit l’État à renforcer la présence des forces de l’ordre.

Selon les résultats partiels, le taux de participation est de 43,9%, contre 81,01% en 2018 et 85,69% en 2020. Ces deux scrutins avaient vu le « non » à l’indépendance l’emporter à 56,7 %, et 53,3 %. Les résultats définitifs et officiels seront proclamés aujourd’hui à 1§ heures (heure de Tahiti) par le président de la commission de contrôle du scrutin, Francis Lamy.

À Hienghiène, en province Nord, commune natale de la figure indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, le taux de participation n’atteint que 1,2%. À Belep, île à l’extrême nord de l’archipel, il est estimé à 0,6%.

Dans les communes du Grand Nouméa, les taux de participation dépassent les 60%. C’est le cas de Païta (62,1%), Mont-Dore (62,1%) ou encore Dumbéa (62,3%), des communes de la province Sud majoritairement non indépendantistes, mais où le « non » à l’indépendance a tout de même reculé ou marqué le pas. Mais ce très net recul de la participation « ne remet pas en cause la validité du scrutin », a assuré le Ministère des Outre-mer, assurant que « sa légitimité juridique ne fait pas de doute ».

« L’abstention, en augmentation du fait de la non-participation des formations politiques indépendantistes au scrutin, est évidemment une donnée politique qu’il faut prendre en compte », note toutefois le ministère des Outre-mer. Sébastien Lecornu est par ailleurs sur place pour tenter de renouer le fil du dialogue avec les partenaires politiques calédoniens, alors qu’une partie des indépendantistes a annoncé ne pas vouloir reprendre les discussions avant la présidentielle.

Une période de transition avant un « référendum de projet commun » en juin 2023

« Nous franchissons ensemble une nouvelle étape, l’accord de Nouméa arrive à son terme juridique », a déclaré Emmanuel Macron, assurant accueillir les résultats de ce référendum « avec respect et humilité ». « Respect pour la parole donnée, pour l’accord de Nouméa qui nous aura mené ensemble à ce résultat. Respect pour tous les Calédoniens, ceux qui souhaitaient le maintien dans la France et ceux qui souhaitaient l’indépendance. Respect teinté de reconnaissance pour ceux qui se sont mobilisés depuis de long mois pour ce scrutin », a-t-il poursuivi.

« Humilité car le chemin engagé par nos prédécesseurs nous dépasse » a ajouté Emmanuel Macron, soulignant « un processus unique au monde sous le regard des Nations Unies (…)». « Nous pouvons être fiers de ce cheminement inédit et pacificateur » a poursuivi le chef de l’État. « Nous aurons besoin de temps encore » a-t-il prévenu, estimant que chaque consultation « a porté un message différent que nous devons prendre en compte dans toute leur épaisseur et nous ne pouvons ignorer que le corps électoral est resté profondément divisé malgré le passage des années ».

« Une période de transition s’ouvre » a aussi rappelé Emmanuel Macron. Une période de « convergence et de stabilité » censée se conclure en juin 2023 avec un référendum de « projet commun » cette fois, prévu par les accords, pour se « libérer de l’alternative binaire entre le ‘oui’ et le ‘non’ ». Dans cette période d’élaboration d’un nouveau statut, la question du corps électoral figé reviendra sur le tapis : malgré la révision constitutionnelle de 2007, ses bases juridiques sont fragiles : tant du point de vue du Conseil Constitutionnel que du point de vue du droit européen, les dispositions sur le corps électoral ne peuvent être que temporaires.

Selon Emmanuel Macron, « il faudra bâtir une réponse aux questions institutionnelles et juridiques (…) nécessaire pour définir une organisation politique conforme aux résultats des trois consultations ». Il a aussi évoqué « les liens plus charnels », en soulignant la solidarité nationale pendant la crise sanitaire du Covid-19, adressant un message à « toutes celles et ceux qui pleurent un proche ». Emmanuel Macron a aussi détaillé les sujets sur lesquels « l’État et les collectivités locales peuvent et doivent travailler ensemble », listant « la situation économique, sanitaire, la relance, l’équilibre des comptes publics ».

« Ce sont aussi la nécessaire réduction des inégalités qui fragilisent l’unité de l’archipel, notre devoir à l’égard de la jeunesse calédonienne, la stratégie nickel, l’autonomie alimentaire et énergétique, le foncier, la fiscalité, une croissance plus juste et respectueuse de la nature », a énuméré Emmanuel Macron, mettant en avant « un nouveau modèle de croissance ». « La situation des femmes calédoniennes sera aussi une grande cause des années à venir », déclare également le Président de la République qui entend aussi « construire une place pour la Nouvelle-Calédonie dans cette région de l’Indopacifique ».

« Ce soir, en tant que chef de l’État, garant de nos institutions, je prends acte des résultats de ces trois scrutins et confirme la volonté exprimée par la majorité des Calédoniens de rester dans la République et dans la Nation française », a conclu le président de la République, malgré l’abstention record suscitée par la non-participation des indépendantistes. « Ce soir la France est plus belle, car la Nouvelle-Calédonie a décidé d’y rester ».

Avec Jean-Tenahe Faatau pour Outremers360

 

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1 Commentaire

  1. 13 décembre 2021 à 5h42 — Répondre

    Il faudrait savoir ce que veulent les indépendantistes, à quoi rime cette non participation à un référendum qui devait déboucher sur oui ou non à l’indépendance ? Le résultat de cette troisième édition ne reflète rien de valable et la question reste posée. La date du 12 décembre était depuis longtemps fixée, alors qu’est-ce qui justifiait cette abstention ? Le résultat est là et entériné car le scrutin s’est déroulé légalement.

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