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Nucléaire : CSTP-FO veut moins de « bla-bla » et plus d’argent de l’État

Le syndicat a remis une lettre au ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu avant son départ de Polynésie samedi. Patrick Galenon, encore président de la CPS jusqu’à ce lundi, dénonce le manque d’actions concrètes derrière les discours « de bonne volonté » sur l’indemnisation et la réparation des conséquences des essais. Et chiffre certaines demandes adressées à l’État.

Une « démarche honorable de réconciliation », mais qui manque toujours de fond. Voilà le sentiment de Patrick Galenon sur le discours de Sébastien Lecornu à propos du dossier du nucléaire. Le ministre des Outre-mer, lors de sa rencontre avec les élus et associations de victimes la semaine dernière, avait cherché à fixer les bases, côté méthode et contenu, de la table ronde de haut niveau qui doit se tenir fin juin. La CSTP-FO, « premier syndicat du Pays », dit n’avoir pas été invité ni aux préparatifs ni aux discussions parisiennes, dont la liste des participants n’a d’ailleurs pas encore été arrêtée. Raison pour laquelle son secrétaire général, actuel président du conseil d’administration de la CPS, rappelle qu’il a des choses à dire sur le sujet. Dans un courrier remis au directeur de cabinet du ministre, et cité par Tahiti Infos ce matin, il dénonce l’absence de « volonté claire et franche d’indemniser toutes les victimes et leurs ayants droit ». Et estime que l’État « détient tous les éléments scientifiques et financiers » pour le faire. « On a dû leur faire un courrier parce que le ministre n’entendait rien », pointe Patrick Galenon.

« On ne fait pas l’aumône »

En plus de la « juste indemnisation » des victimes, le syndicaliste met en avant les dépenses liées aux maladies radio-induites de la CPS, dont il était jusqu’à ce lundi le président du conseil d’administration. Ces dépenses représenteraient « plus de 80 milliards de francs » depuis 1995, écrit-il, au seul titre des « maladies radio-induites reconnues ». « Il y a aussi toutes celles qui ne le sont pas encore », pointe le responsable, citant notamment des pathologies cardio-vasculaires. S’ajoutent les 5,2 milliards de francs déboursées chaque année par la caisse pour le fonctionnement du service d’oncologie, dont l’essentiel de l’activité, assure-t-il, est liée aux essais. « La CPS a joué son rôle, l’État doit jouer le sien », reprend Patrick Galenon, estimant que ces remboursements doivent se faire « au nom de la responsabilité, et non de la solidarité », comme cela avait été le cas par le passé. « On ne fait pas l’aumône, on sollicite le remboursement de sommes que nous avons engagées », insiste-t-il. Cette notion de responsabilité doit être inscrite dans la loi : « le reste, c’est du sentimentalisme, de la politique, du bla-bla ».

La CSTP-FO en profite pour rappeler une demande déjà exprimée par certains élus et formalisée par le Cesec : l’extension à la Polynésie la CSPE. « Nous ne comprenons pas pourquoi le Polynésien ne peut bénéficier des 13 milliards annuels, à travers la Contribution au Service Public de l’Electricité, du tarif préférentiel d’électricité nucléaire dont bénéficient la quasi-totalité des habitants des départements et collectivités des outre mers français, ce qui permettrait de baisser considérablement le coût de la vie des plus démunis », précise la lettre, qui s’attarde aussi sur les « dépotoirs » de Moruroa et Fangataufa.

« Louer » Moruroa et Fangataufa à l’État

Les atolls qui ont accueilli les essais étant « éternellement condamnés », la Polynésie ne peut les « récupérer ». Mais doit tout de même revoir la convention « léonine » de 1964 qui les met à disposition de l’État et de l’armée. « Pourquoi gratuitement ? » interroge Patrick Galenon. Si l’État doit bien « continuer sa surveillance radiologique et géomécanique », le Pays doit percevoir un loyer sur ces deux « laboratoires naturels ». « Cet argent-là, on pourra le mettre dans tout ce qui est environnement », propose le secrétaire général du syndicat.

Autant de chiffres et de propositions qui doivent, estime Patrick Galenon, alimenter la réflexion et les annonces préparées par président Emmanuel Macron, attendu entre août et juillet au fenua.

 

Lettre de CSTP-FO à Sébastien LECORNU by Charlie Réné on Scribd

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