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« Pratiquement rien n’a été fait » pour les femmes par les pouvoirs publics, accuse Armelle Merceron

©CP/Radio1

Armelle Merceron était l’Invitée de la rédaction de Radio1 ce mardi. La vice-présidente de l’Union des femmes francophones d’Océanie rappelle son principe directeur :  favoriser l’autonomie financière des femmes, pour lutter contre la précarité et s’extirper des situations de violence. Elle pointe le manque de prévention et de volonté politique dans la lutte contre les violences faites aux femmes et pour le plein exercice de leurs droits.

Économiste de formation, longtemps enseignante, représentante à l’assemblée et titulaire des portefeuilles ministériels de l’Économie et des Affaires sociales, Armelle Merceron met aujourd’hui son expertise au service de la cause des femmes, au sein de l’Union des femmes francophones d’Océanie dont elle est la vice-présidente. L’une des actions que soutient l’UFFO est la lutte contre la précarité menstruelle – la difficulté à se procurer des protections périodiques – engagée par Sandrine Salmon depuis près de deux ans.

Mais la promesse faite par Édouard Fritch devant l’assemblée de faire baisser les prix de ces produits, dans le cadre de la négociation sur les PPN, n’est toujours pas tenue. Pire, les protections périodiques qui restent soumises à une TVA de 16% le sont également à la « TVA sociale » de 1%. « Le gouvernement en est conscient, tempère Armelle Merceron, puisque nous avons eu l’occasion d’en parler avec la ministre des Solidarités il y a quelques mois et c’est comme ça qu’elle nous a aidées. Il semblerait qu’il y ait eu des discussions avec les importateurs, mais nous attendons qu’une décision soit prise. » Elle souligne que les couches pour adultes bénéficient déjà d’un régime favorable, « je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire pour les jeunes femmes et les jeunes filles. »

On est donc encore loin de voir, comme vient de l’annoncer Elisabeth Borne, la gratuité des protections hygiéniques pour les jeunes femmes de moins de 25 ans. L’UFFO a également mis en place des ateliers de couture pour apprendre aux femmes à fabriquer des protections réutilisables, avec l’espoir qu’elles transmettront le plus largement possible leur savoir-faire, et que le caractère écologique de la démarche séduira les jeunes femmes. Celles qui souhaitent s’inscrire à ces ateliers (deux sont prévus vendredi et samedi) ou tout simplement mieux connaître l’UFFO peuvent contacter l’association via sa page Facebook. Celles et ceux qui souhaitent encourager cette initiative peuvent contribuer à son financement via la plateforme de financement participatif Anavai.

Violences envers les femmes : pas assez de prévention

Au-delà du constat de l’insuffisance des hébergements pour les victimes de violences conjugales, Armelle Merceron estime que presque tout reste à faire en matière de prévention. Le manque de communication et la jalousie sont présents dans la plupart des cas de violences dans les couples, mais la question doit être prise encore plus tôt, dit-elle.

La Polynésie manque de groupes de parole, pour les femmes victimes mais aussi pour les hommes auteurs de violences, dit-elle. Mais les associations seules ne peuvent pas tout. Armelle Merceron réclame depuis plusieurs années la mise en place d’un observatoire de l’égalité hommes-femmes : « Nous sommes en retard sur ce point par rapport à d’autres collectivités comme la Nouvelle-Calédonie, dit-elle. Ce serait une source fiable pour un gouvernement, pour prendre des mesures pour corriger, combler, booster. »

Un manque de volonté politique 

Le 28 février dernier, une loi a été promulguée en France pour apporter aux victimes de violences conjugales une aide pécuniaire, sous forme de prêt ou de don qui seront gérés par la Caisse d’allocations familiales, de quoi s’extirper de leur situation. Armelle Merceron estime souhaitable son adaptation en Polynésie. Elle rappelle qu’une série de recommandations avaient été faites au gouvernement il y a déjà quelques années. Elles sont restées lettre morte.

Ce manque de volonté politique a été remis en évidence en janvier, lorsque Nicole Sanquer s’est plainte que sa proposition de loi sur le PACS – qui n’est toujours pas transposé en Polynésie 24 ans après son adoption en métropole et 10 ans après la première tentative portée par Sandra Lévy-Agami – n’avait pas été examinée par l’assemblée. Antonio Perez lui avait opposé le fait qu’elle n’aurait pas consulté les « parties prenantes » comme les confessions religieuses, qui malgré tous les égards qu’on peut leur accorder n’ont pas leur mot à dire dans l’élaboration des lois. Armelle Merceron est persuadée que le PACS est vu comme un outil pour les couples homosexuels, ce qui « expliquerait » la résistance passive à cette avancée, alors que c’est avant tout une protection juridique pour les couples. Et elle pointe l’hypocrisie : « Le concubinage c’est quelque chose de classique, plus de la moitié des enfants naissent dans des familles en concubinage, donc moralement ça ne gêne personne ! »

En conclusion, Armelle Merceron rappelle le credo de l’UFFO : ce n’est que par l’autonomie financière que les femmes peuvent s’émanciper et faire face aux difficultés que la vie met sur leur chemin et celui de leurs enfants. C’est l’objet de la journée « Vahine, tu as des talents » qu’elle organisait vendredi dernier, comme chaque année, dans les jardins de l’assemblée, et qui met en valeur les initiatives économiques des femmes. « Il ne faut pas oublier que les filles vont plus loin et plus longtemps à l’école : elles ont les capacités. » L’une des mesures phares qu’elle aimerait voir prise par le gouvernement est le financement des gardes d’enfants pour les femmes qui veulent travailler. Comme le Pacs, dit-elle, « espérons que la prochaine mandature se saisira de ces sujets. »

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