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Qui est Joe Biden, le futur 46e président des États-Unis ?

Joe Biden a remporté, d’une courte tête, la présidentielle américaine et devrait succéder à Donald Trump en janvier prochain. Il sera le plus vieux président américain à prêter serment, à 78 ans, après avoir été un des plus jeunes sénateurs. Retour sur sa longue carrière politique.

Né à Scranton (Pennsylvanie) en 1942, il est l’aîné de 4 enfants. Son père, d’origine irlandaise, est vendeur de voitures d’occasion. Diplômé de l’Université du Delaware en histoire et sciences politiques, Joseph Robinette Biden Jr. obtiendra ensuite son master en droit à Syracuse University. C’est le premier président-élu en 36 ans qui n’est pas diplômé d’une université de la Ivy League. Il n’exercera pas longtemps en tant qu’avocat : il est élu en 1972, à 30 ans, au Sénat américain, un siège qu’il a conservé jusqu’en 2009.

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Il devient l’un des experts en politique étrangère du Sénat (il présidera la commission sénatoriale des Affaires étrangères), où il se prononce notamment pour le traité de limitation des armes nucléaires, l’extension de l’OTAN aux anciens pays du Pacte de Varsovie, et contre la première guerre du Golfe. Il présidera la commission des lois durant 16 ans, où il défend le durcissement des lois contre le crime, et s’oppose à la National Rifle Association en étant l’artisan de l’obligation de vérification des antécédents pour toute vente d’arme.

En 1987 il se présente aux primaires du parti démocrate mais abandonne la course suite à des accusations de plagiat. Il est de nouveau candidat en 2007, mais n’obtient que 1% des voix dans l’Iowa, considéré comme un baromètre incontournable, et jette l’éponge. Barack Obama, qui remporte les primaires, le choisit comme candidat à la vice-présidence en 2008. Son image d’homme issu de la classe ouvrière fait merveille dans la campagne.

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Il restera le vice-président de Barack Obama en 2012. Joe Biden est considéré comme l’un des vice-présidents les plus influents des dernières années. Très actifs sur les sujets militaires durant le premier mandat, durant le second il devient une figure marquante du débat sur le contrôle des armes à feu, sans toutefois se prononcer pour l’interdiction.

Une vie privée marquée par deux drames familiaux

Côté vie privée, il épouse en 1965 Neilia Hunter, elle aussi étudiante à Syracuse University. Ils ont trois enfants, Joseph (1969), Hunter (1970), et Naomi (1971). Une semaine avant Noël 1972, quelques semaines avant d’être installé dans son siège de sénateur à Washington, sa femme et sa fille sont tuées dans un accident de voiture, et ses deux fils blessés.

Il se remarie avec Jill, professeur d’anglais dans un lycée, en 1977. La cérémonie se tient dans la chapelle des Nations Unies à New York. Leur fille Ashley naît en 1981.

En 2015, son fils Beau meurt d’un cancer du cerveau à l’âge de 46 ans. Ce drame lui ôte l’envie de se présenter lui-même à l’élection présidentielle de 2016, qui sera remportée par Donald Trump.

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Au cours de l’année écoulée, Joe Biden a fait face à des accusations de conduite inappropriée de la part de huit femmes. Si sept d’entre elles ont convenu qu’il ne s’agissait pas d’agressions sexuelles, la huitième, Tara Reade, l’accuse d’attouchements et de pénétration digitale dans les couloirs du Congrès en 1993. Joe Biden a réfuté ces accusations.

Le programme de Joe Biden en 7 points

La personnalité des candidats, et notamment du président sortant a fait beaucoup d’ombre à leur programme respectif. Notre partenaire Europe1 rappelle les axes les plus importants de la politique que compte mener le nouveau président.

  • Economie : plus de redistribution…

Au fur et à mesure de sa campagne présidentielle, Joe Biden a orienté son programme à gauche, pour plaire à l’aile plus progressiste du parti démocrate. Pour une redistribution des richesses plus équitable, il a par exemple choisi de taxer les entreprises et les personnes disposant des plus hauts revenus. Ainsi, les Américains les plus riches devraient voir leurs revenus être taxés en moyenne à 39,6% au lieu de 37%, selon Les Échos. Cette mesure reste toutefois à nuancer : les particuliers gagnant moins de 400.000 dollars par an (soit 28.000 euros par mois environ) ne verront pas leur taux d’imposition augmenter. En outre, ce taux variera en fonction des Etats et ne prend pas en compte toutes les exceptions et autres niches fiscales. En matière de travail, Joe Biden promet d’aider les plus précaires en élevant le montant du salaire minimum fédéral. Actuellement de 7,25 dollars pour une heure (soit 6,18 euros), il doublerait, passant à 15 dollars de l’heure (soit 12,79 euros). Là encore, il faut nuancer cette réforme, puisque certains États américains appliquent déjà un salaire minimum plus élevé que celui imposé par l’État fédéral.

  • … Et un protectionnisme renouvelé

Donald Trump était adepte d’un certain protectionnisme et le futur président Biden souhaite lui-aussi soutenir les entreprises américaines. Mais il promet de le faire au sein d’un « commerce international équitable ».

Pas moins de 400 milliards de dollars sont tout de même prévus pour acheter des produits américains. Le label « made in america » devrait être également plus difficile à obtenir, afin d’augmenter le taux de matière première américaine dans la conception d’un produit.

  • La lutte contre le réchauffement climatique, priorité affichée

La question climatique est au cœur du programme de Joe Biden, en tout cas en comparaison avec celui de son climato-sceptique prédécesseur. Première mesure prévue : se réengager dans les Accords de Paris dont Donald Trump était sorti. Il se trouve que Joe Biden connaît bien ce dossier puisqu’il y a participé en tant que vice-président de Barack Obama en 2015.

Joe Biden a aussi pour ambition d’investir dans une économie plus verte. Il a d’ailleurs repris une partie du « Green New Deal » proposé par la sénatrice de New-York, qui fait partie de l’aile gauche du parti démocrate, Alexandria Occasio-Cortez. Le nouveau président promet ainsi d’investir 2.000 milliards de dollars sur quatre ans pour financer des transports électriques ou encore des bâtiments plus verts.

  • Changement de cap sur les questions sociétales

Joe Biden a beaucoup compté pour son élection sur la communauté afro-américaine, à qui il réserve notamment 50 milliards de dollars pour des projets entrepreneuriaux. D’un autre côté, le programme de Joe Biden s’adresse aussi aux jeunes Américains. Il propose ainsi de mieux financer les écoles des quartiers les plus pauvres. Il veut également rendre accessible les études supérieures en créant des cursus universitaires gratuits, plus de bourses et l’effacement de certaines dettes étudiantes moyennant des conditions financières.

  • Santé, le retour de l’Obamacare

La campagne des élections a été extrêmement marquée par la crise sanitaire due au Covid-19. Joe Biden s’est farouchement opposé aux politiques publiques menées par son concurrent, qui ne jurait que par une sortie de crise avec un vaccin. La crise a notamment été l’occasion de remettre sur la table l’Obamacare, créé il y a dix ans par l’administration Obama, et que Donald Trump a tout fait pour supprimer durant son mandant. Joe Biden, fidèle vice-président de Barack Obama lorsque que la mesure a été promulguée, veut étendre cette « Sécurité sociale » à tous les américains qui souhaitent souscrire à une assurance publique.

  • Immigration : détricoter les mesures de Trump

En ce qui concerne l’immigration, Joe Biden entend casser au fur et à mesure tout ce qui a été fait par Donald Trump. Le programme de séparation des familles à la frontière mexicaine devrait donc être aboli. Il en est de même pour l’interdiction d’entrée sur le territoire de musulmans ressortissants de certains pays listés par l’administration Trump. De plus, le taux annuel de réfugiés autorisés à rentrer dans le pays serait fixé à 125.000 par an, un chiffre qui serait augmenté pendant son mandat.

  • Politique étrangère : rétablir la confiance

Le président nouvellement élu se donne une mission majeure : rétablir la confiance avec les alliés des États-Unis sur la scène internationale. Une confiance qui s’est peu à peu fragmentée pendant le mandat de l’imprévisible Donald Trump. C’était l’objet d’un article intitulé Why America must lead again, signé par Joe Biden lui-même dans la revue Foreign Affairs. « Les Etats-Unis doivent redevenir un phare de la démocratie dans le monde », écrivait-il alors. Le nouveau président souhaite améliorer la coopération économique avec les pays d’Amérique centrale et « assumer le rôle de leader » face à la Chine, tout en fixant des règles économiques transparentes. Enfin, Joe Biden devrait revenir dans les négociations abandonnées par Donald Trump sur l’accord sur le nucléaire iranien.

 

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