ACTUS LOCALESÉCONOMIE

Service public dans l’aérien : le Pays vise « moins 20% » sur les billets vers les petites îles


L’assemblée a bouclé cet après-midi le cadre législatif du futur service public de la desserte aérienne. Malgré le scepticisme de certains, Jean-Christophe Bouissou a de nouveau affirmé que les délégations allaient faire baisser le prix des billets vers les 34 îles concernées. Et qu’Air Tahiti, avec qui les négociations doivent reprendre, devra faire « des efforts » sur les autres destinations.

« Sur le plan législatif, tout est prêt ». Jean-Christophe Bouissou ne cache pas sa satisfaction à la sortie de l’assemblée de la Polynésie cet après-midi. Il faut dire que le travail entourant les délégations de service public sur l’aérien, qui doivent entrer en fonctionnement dans trois mois et demi, s’est inscrit dans la durée. En juillet 2020, les élus arrêtaient ainsi, comme c’était attendu depuis 2016, la liste des 34 aéroports « de désenclavement » (dont deux aux Marquises) qui feraient l’objet d’une délégation, et donc d’une compensation financière des transporteurs. Douze autres destinations, réputées plus rentables, restent en « libre concurrence ». Ce n’est qu’en décembre dernier que les élus votaient la création d’un « fonds de continuité territoriale », et d’une « contribution de solidarité » sur les billets d’avion pour l’alimenter. Restait donc à préciser comment ces fonds seront attribués aux compagnies délégataires : la loi du Pays votée aujourd’hui organise ces aides forfaitaires destinées à « compenser le déficit structurel des dessertes » des aéroports de désenclavement.

Un mécanisme, qui, après ces longs mois de discussions, lève encore quelques objections à Tarahoi. Pour Nuihau Laurey ou Nicole Sanquer, qui se sont abstenus, les définitions du texte sont trop « imprécises » et l’augmentation des effectifs prévue au service du transport aérien est « inacceptable en ces temps de crise ». Tony Géros, quant à lui, s’agace d’un autre texte, qui exclut « sauf stipulation contraire » les avions des biens retournés au Pays après les 5 ans de délégation. Il faut dire que leur durée d’amortissement est bien plus longue et leur activité souvent répartie sur tout le réseau. « Ce qui me chagrine, c’est qu’au final, on va les prendre en charge ces coûts », note le président du groupe Tavini pour qui « il aurait été plus simple de mettre en place une délégation de service public sur l’ensemble des aéroports ».

« Puisque nous prenons en charge les déficits, il faudra baisser les tarifs »

Si les deux textes sont votés à une large majorité, beaucoup parmi les groupes d’oppositions, doutent des engagements de baisse de prix du gouvernement. Que Jean-Christophe Bouissou n’hésite pourtant pas à répéter et à chiffrer : « au moins -20% » pour les lignes de désenclavement, voilà l’objectif. Le ministre en charge des transports interinsulaires rappelle que la contribution de solidarité – de 300 à 900 francs selon la distance parcourue – qui sera appliquée sur tous les billets « ne viendra pas renchérir leur coût ». Elle s’appliquera sur des tarifs « en baisse » fixés par arrêté – pour ce qui est des aéroports de désenclavement – ou homologué par le Pays, pour les dessertes en libre-concurrence.

Tout dépendra maintenant des discussions avec les futurs délégataires. Pour la desserte interne aux Marquises, les jeux sont faits et Tahiti Air Charter devrait être bientôt prêt à prendre son envol. Pour les 32 autres îles concernées, le premier appel à candidature avait été déclaré infructueux, et le Pays s’attend à des discussions serrées avec l’unique candidat pour le moment déclaré, Air Tahiti. La compagnie estimerait à au moins 1,5 milliards de francs, le besoin de compensation pour cette desserte, jusque là assurée par un mécanisme de péréquation interne. Le Pays table lui sur 900 millions et brandit des analyses commandées à un cabinet privé. « À terme, ça pourrait être encore moins », renchérit Jean-Christophe Bouissou, qui rappelle tout de même que l’objectif « est qu’Air Tahiti continue à gagner de l’argent de manière raisonnable ». Difficile dans ce contexte sanitaire troublé. « Mais d’ici deux ans, on retrouvera les grands équilibres que l’on connaissait auparavant » continue le ministre qui estime qu’Air Tahiti pourra même « continuer à faire un effort surtout sur les lignes de libre concurrence ». « Puisque nous prenons en charge les déficits par ailleurs, il faudra baisser les tarifs », assure-t-il.

Le Pays doit dans le même temps reprendre les négociations avec l’État, à qui il demande de contribuer à la « continuité territoriale » et donc au financement de l’ensemble de la desserte interinsulaire. Des discussions qui doivent reprendre en milieu d’année. En même temps, donc que les débuts de la délégation de service public, programmés pour début juillet.

Jean-Christophe Bouissou, ministre du Logement, en charge des transports aériens interinsulaires. ©C.R.

Article précedent

Fenua Foot du 14.03.2021

Article suivant

Des aménagements PMR au centre-ville de Papeete

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Service public dans l’aérien : le Pays vise « moins 20% » sur les billets vers les petites îles