ACTUS LOCALESJUSTICE Trois ans de prison ferme pour violences et agressions sexuelles Pascal Bastianaggi 2023-12-12 12 Déc 2023 Pascal Bastianaggi Un homme de 28 ans a été condamné ce mardi à trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt pour violences et agressions sexuelles envers sa concubine. Dans cette affaire, c’est surtout le parcours de la victime qui fait frémir. L’une de ces victimes perpétuelles pour qui tout va de mal en pis. Si certains sont nés sous une bonne étoile, d’autres le sont sous le signe de l’étoile noire. Une vie où les malheurs s’enchaînent sans que l’on en voie la fin. C’est toute l’histoire de cette femme, victime de violences conjugales et de rapports non consentis de la part de son concubin de l’époque. Originaire de Wallis-et-Futuna où elle a vécu dans un milieu défavorisé, c’est à l’occasion de l’organisation des Jeux du Pacifique à Tahiti, il y a une vingtaine d’années, qu’elle quitte son île pour participer aux épreuves de va’a. Elle a alors 20 ans. À Tahiti elle fait la connaissance d’un homme, avec qui elle décide de faire sa vie. Premier coup du sort. Durant près de 20 ans de vie commune, l’homme la frappe. Plutôt du genre soumise, elle l’accepte et subit. Cependant, lueur d’espoir, le neveu de l’homme violent, de 15 ans son cadet, est le seul à s’interposer et à prendre sa défense. Ils se lient tous les deux et le temps passant, deviennent amants. Une situation que le jeune homme vit mal. Il lui reproche de rester avec son oncle et de continuer d’avoir des relations sexuelles avec lui. Il devient jaloux et la bat. De guerre lasse, elle rompt avec l’oncle et va faire sa vie avec le jeune homme, espérant un nouveau départ. Ensemble ils auront une fille. Pour autant les violences ne cesseront pas. Il est jaloux et de plus, vit à ses crochets. Alors qu’elle trime jusqu’à pas d’heure pour une société de nettoyage, quand elle rentre au foyer, rien n’est fait. Pas de ménage, pas de ma’a et son tane se complait dans les vapeurs du paka. Non content de cela, il lui prend son salaire, et l’oblige à des rapports sexuels non consentis. Et elle est prévenue, si par malheur elle décidait de porter plainte, il la tuerait. « C’est papa qui a tapé maman » En janvier 2019, alors qu’ils avaient rendez-vous chez le juge pour enfants, elle se présente avec un œil au beurre noir. Le matin même il l’avait frappée. Devant le juge qui la questionne, c’est l’enfant alors âgée de cinq ans, qui dit, « c’est papa qui a tapé maman ». Encouragée par le juge, elle décide enfin de porter plainte. Placée dans un foyer avec son enfant, elle devra là aussi subir les assauts de son tane qui pénètre un soir dans le foyer, fracturant la porte et menaçant le personnel de les tuer, s’ils ne lui amenaient pas sa femme. Il faudra l’intervention de la DSP pour que tout rentre dans l’ordre. À la barre, le prévenu âgé de 28 ans, si l’on excepte sa forte corpulence, a tout d’un enfant. Le langage, le raisonnement et la gestuelle. Tête baissée, Il triture sa casquette entre ses doigts lorsqu’il se fait tancer par la juge. Alors que la juge le questionne sur les faits, il explique : « j’étais jaloux et je la tapais. », « Vous êtes costaud, ça doit faire mal vos mains », lui fait-elle remarquer. « Être trompé aussi » rétorque-t-il. La magistrate s’énerve, « elle est libre, elle fait ce qu’elle veut, il fallait la quitter. » Il marmonne, « j’ai cru qu’il n’y avait qu’elle, que c’était la seule femme au monde », « mais cela ne justifie rien monsieur », « si ça justifie, la jalousie, ça fait quelque chose. » « Si on vous trompe, vous tapez » La juge constate, « si on vous trompe, vous tapez ». Il l’assure, « plus maintenant, j’ai une nouvelle compagne et elle est bien ». La juge insiste, « et si elle vous trompe, vous allez la taper aussi ? » « non, j’en trouverai une autre, jusque ce soit la bonne. » Interrogé sur la situation actuelle, il explique que son ex est désormais en ménage avec un autre de ses oncles et que lui vit avec sa nouvelle compagne pas très loin d’eux et que « on s’entend bien maintenant, chacun fait sa vie. » Si notre premier réflexe est de se dire que désormais, la victime va enfin pouvoir couler des jours heureux, avec un tane qui ne la frappe pas, c’est un peu vite oublier la poisse qui colle à la peau de cette femme. Car comme l’a confié l’avocate de celle-ci, son nouveau tane a été condamné il y a quelques années pour agression sexuelle sur mineur. De fait l’enfant qu’elle a eu avec le prévenu ne peut pour l’heure, ni vivre avec elle, ni avec son père, car après en avoir délibéré le tribunal l’a condamné à trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt. Il sera aussi inscrit au fichier des délinquants sexuels. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)