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L’association THC se mobilise de nouveau pour le « cannabis thérapeutique »


L’association Tahiti Herb Culture
organise un nouveau rassemblement, ce jeudi 18 juin, devant l’assemblée de la Polynésie Française. Le but : obtenir des élus locaux l’autorisation d’une expérimentation du cannabis à usage médical au fenua. Des essais de ce type devraient être lancés dans les mois à venir en métropole. Pour le chef de file du mouvement, Karl Anihia, la Polynésie pourrait à terme devenir le « fournisseur officiel » du marché français.

« Pas d’amalgame ». Karl Anihia veut être clair : il ne milite pas pour la légalisation du cannabis récréatif mais pour que des essais cliniques sur le cannabis thérapeutique puissent voir le jour en Polynésie. La demande n’est pas neuve mais bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle légitimité : de telles expérimentations doivent démarrer avant janvier 2021 en métropole. En deux ans, environ 3000 patients atteints de maladies graves (douleurs neuropathiques, épilepsies, effets secondaires de chimiothérapie, de soins palliatifs ou de scléroses en plaques…) devraient se voir prescrire du cannabis thérapeutique, souvent en complément de leur traitement, et dans un cadre médical très strict. Un test national qui avait été préconisé par l’Agence française du médicament dès 2018. Quid de la Polynésie ? « Pour l’heure, c’est silence radio », regrette le président de l’association Tahiti Herb Culture (THC).

Blocage « électoraliste »

Le militant a été condamné en mars 2020 à trois mois de prison avec sursis pour avoir planté un pied de cannabis devant l’assemblée de Polynésie. Une décision dont il a fait appel et qui n’a visiblement pas entamé sa combativité : « C’était un geste symbolique pour sensibiliser les élus locaux, explique-t-il. Au niveau national, les députés ont autorisé l’expérimentation. Localement aucune voix ne s’est exprimée là-dessus ». À l’entendre, les élus polynésiens auraient des réticences à s’intéresser au sujet, de peur de froisser une partie de leur électorat. « C’est clairement un blocage local de la part des politiciens, dit-il. Ils ont le souci de ne pas perdre leur électeurs et le poids des religions, ici, c’est quand même lourd.»

Cette frilosité, Karl Anihia l’attribue aussi aux rapports entre le fenua et l’État. Malgré l’expérimentation nationale, d’abord prévue pour le premier semestre 2020, puis décalée à septembre, et qui devrait finalement être lancée « au plus tard en janvier 2021 » à cause de l’épidémie de Covid-19, la France se montre très prudente quant à la légalisation du cannabis, pointe-t-il. Plus, en tout cas, que certains pays européens, et surtout que plusieurs états américains. « On sait que la Polynésie vit grâce à l’État, alors peut-être qu’ils ne veulent pas le brusquer », reprend le président de THC.

Manifestation à Tarahoi ce jeudi
C’est justement pour brusquer les institutions, ou du moins pour créer le débat, que Tahiti Herb Culture organise une nouveau rassemblement ce jeudi de 10 heures à 13 heures à Tarahoi. La date n’est pas choisie au hasard : « l’appel du 18 joints » est devenu un rendez-vous annuel, dans toute la France, pour les associations cherchant à relancer le débat sur la prohibition du cannabis. D’après les membres de THC, des patients atteints de maladies « qui peuvent être traitées avec du cannabis thérapeutique », devraient être présents ce jeudi à la manifestation.

Les membres de THC estiment que la Polynésie a une carte a jouer dans le mouvement de légalisation du cannabis à usage médical. Car pour l’heure, les autorités françaises n’ont d’autres choix que de se fournir en matière première auprès de laboratoires étrangers. Si un marché français du cannabis thérapeutique devait voir le jour, Karl Anihia estime que le fenua pourrait se positionner en tant que « fournisseur officiel ». En tout cas, son association « portera cette candidature ».

Tahiti herb Culture milite en outre pour la légalisation de produits thérapeutiques artisanaux, comme du mono’i de cannabis. Aujourd’hui illégal, le produit serait, d’après Karl Anihia, déjà utilisé par certains patients pour soulager leurs maux. Des produits qui ne rentrent pas dans le cadre fixé pour l’expérimentation nationale du cannabis à usage médical.

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