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Vaccins : la sixième dose par flacon fait gonfler les chiffres des dotations de l’État

Si l’État peut annoncer que 22 230 doses de vaccin ont été livrées en Polynésie, c’est parce qu’il compte 6 doses par flacons Pfizer/BioNtech. Or cette dose, qui n’était pas prise en compte dans les calculs lors du début de la campagne, est difficile à prélever, expliquent les professionnels. Dans les centres de vaccination et à la pharmacie de la direction de la Santé, on fait tout « pour ne pas gâcher ».

Avec les deux nouvelles livraisons de vaccins Pfizer/BioNtech – samedi et mardi soir – l’Etat recense au total « 22 230 doses » livrées au fenua. Les 2 422 doses déjà utilisées – dont 34 pour une seconde injection – ne représenteraient donc qu’un peu plus de 10% des stocks disponibles. D’autres collectivités comme la Réunion ou la Guyane affichent déjà plus de 50% d’utilisation de leurs dotation, comme le rapporte le ministère des Outre-mer.

Confortable, le fenua ? Dans les centres de vaccination, pourtant, les flacons du précieux sérum arrivent au compte-gouttes. « La pharmacie centrale nous fournit en flux tendu, on n’a pas de marge », explique un infirmier. La faute aux contraintes de conservation du produit plus qu’aux réserves. « Les vaccins Pfizer doivent être conservés à -80°C et une fois sortis du congélateur, on a 120 heures pour les utiliser, explique Sandrine Lot, la responsable de la pharmacie de la Direction de la Santé, qui centralise les stocks et organise la logistique. Comme nous avons ici des congélateurs puissants, mais qu’il n’y en pas dans les centres, on ne délivre que la quantité nécessaire à la vaccination planifiée dans la semaine. L’objectif c’est de ne gâcher aucune dose ».

22 200 doses, ou seulement 18 500 ?

Ne rien gâcher. C’est devenu un leitmotiv pour les autorités sanitaires dans le monde entier alors que la demande pour les vaccins est très forte et que les livraisons peinent à suivre. Dans ce contexte un débat international a eu lieu, début janvier, sur le nombre de doses contenues dans chaque flacon de vaccin Pfizer – le plus utilisé dans le monde à l’heure actuelle, et le seul disponible pour le moment au fenua. Ces flacons contiennent 2,25 ml de solution (0,45 ml de vaccin dilué avec 1,8 ml de sérum physiologique) et chaque injection correspond normalement à 0,3 ml. Si les autorités comme le laboratoire n’y voyaient, jusqu’à la mi-janvier, que 5 doses, c’est qu’il faut tenir compte des pertes liées au liquide resté sur les parois du flacon, aux résidus laissés dans la seringue ou expulsés en même temps que les bulles d’air restantes avant l’injection… Les éventuels restes servaient de « bonus » aux centres de vaccination qui pouvaient donc compléter leur planning en cours de journée. Mais devant le risque de pénurie, plusieurs agences sanitaires ont recommandé d’utiliser systématiquement 6 doses par flacon. Ce qui a permis de revoir à la hausse les stocks de produits et les capacités de vaccination dans les prochains mois. Pfizer en a pris acte, puisque le laboratoire intègre désormais – non sans débat – cette dose supplémentaire dans ses facturations.

Ce nouveau calcul concerne aussi la Polynésie. Pour arriver au chiffre de « 22 230 doses » fournis au Pays, le Haussariat a en effet réestimé à la hausse la livraison du 7 janvier. Les 14 625 doses d’abord annoncées, sont devenues 17 550 doses. Et les deux dernières livraisons suivent le même compte. En restant sur une capacité de 5 doses par flacons, la dotation totale de la Polynésie descend… à 18 525 doses de vaccins. Un écart plus que symbolique. D’autant que sur le terrain l’utilisation de la sixième dose n’est pas systématique. « C’est difficile à prélever parce qu’il faut faire attention à ne pas perdre la solution lorsqu’on chasse l’air de l’aiguille », reprend Sandrine Lot. Tout serait affaire d’expérience : « On a recruté de nouveaux infirmiers qui ne sont pas complètement aguerris à ces six doses par flacons, reprend la responsable de la pharmacie. Mais avec le temps ça va s’atténuer ».

La Polynésie n’est pas une exception dans ces difficultés à tirer le maximum de chaque flacon. La « Task Force » du gouvernement central aurait mesuré, selon Le Monde, que seuls 61% des centres de vaccination de métropole arrivent à utiliser systématiquement les 6 doses par flacons.

 

Nombre d’injections (première ou deuxième dose) rapportées quotidiennement par la Direction de la santé, en plus des 300 injections réalisées avant le 19 janvier.

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