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10 mois ferme pour un coup de tête à un gendarme

Teva* a 23 ans et le coup de tête facile quand il est ivre. Il comparaissait ce lundi pour rébellion et violences aggravées envers une personne dépositaire de l’autorité publique. Un lieutenant de gendarmerie qui s’est vu délivrer une ITT de 10 jours. Il a été condamné à 10 mois de prison ferme.

Les faits se sont passés le 18 septembre à Punaauia. Teva, après une semaine passée à faire des petits boulots, a mis assez d’argent de côté pour acheter de l’alcool et organiser une petite bringue chez sa sœur. Il arrive chez elle, alors que la fête bat son plein, et aperçoit pas mal de personnes qu’il n’avait pas invitées.  Et, crime de lèse-majesté, elles boivent son alcool. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Ivre, il tente de mettre les pique-assiettes à la porte, mais ceux-ci ne l’entendent pas de la même oreille. S’ensuit alors une bagarre plus ou moins générale qui entraînera l’intervention des muto’i et aussi de la gendarmerie.

« Je ne me rappelle plus du début, ni du milieu, ni de la fin de l’histoire »

Arrivés sur les lieux après les policiers municipaux, les gendarmes dispersent la foule de peur que la bagarre ne dégénère en bataille rangée. Puis se dirigent vers Teva, le plus excité et visiblement le plus saoul, qui est alors entouré par les muto’i. Le lieutenant l’avertit que vu son état, il serait placé en cellule de dégrisement.

Que s’est-il passé alors dans la tête de Teva, qu’a-t-il compris, on ne le saura pas. Il se met à se débattre et voyant cela, le lieutenant l’immobilise en le tenant par un bras, l’autre étant tenu par un muto’i. Malgré ces entraves, Teva arrive à envoyer un coup de tête au gendarme qui tentait de le menotter. Résultat, déviation de la cloison nasale et 10 jours d’ITT pour le représentant de la loi.

Interrogé sur sa réaction, Teva dit ne se rappeler de rien. « Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’étais saoul – 0,77 gr d’alcool par litre d’air expiré – je ne me rappelle plus du début ni du milieu, ni de la fin de l’histoire. »

« C’est idiot, le gendarme voulait juste vous mettre en cellule de dégrisement pour la nuit. C’est grave ce que vous avez fait. Vous en êtes conscient ? » « Oui madame. » « Vous avez un problème avec l’alcool ? » « Oh oui madame. Je bois toute la semaine quand j’ai des sous ! »

Si à la barre, Teva n’est guère loquace, son casier judiciaire parle pour lui. Dix-huit condamnations pour des vols, des stupéfiants, et il est sorti de Nuutania il y a peine 4 mois. Quand il n’est pas en prison, il vivote en travaillant à gauche et à droite pour des particuliers et aussi de temps à autres au fa’a’apu.

« Le prévenu présente une intolérance à l’autorité »

Pour la partie civile qui représente le gendarme, « le prévenu présente une intolérance à l’autorité. Il dit ne pas se souvenir de ce qu’il s’est passé, mais c’est un peu facile, et s’excuser aussi. » Elle demande qu’il soit condamné à payer 70 000 Fcfp au titre du préjudice.

La procureure, quant à elle, réclame à son encontre une peine de 8 mois de prison ferme, arguant que « les gendarmes font certes un métier à risques, mais ils n’ont pas à faire les frais d’un tel comportement. » En outre, Teva avait déjà été condamné en 2014 pour avoir émis des menaces à l’encontre d’un magistrat.

La défense, de son coté, estime que son client n’a « à aucun moment nié les faits et qu’il ne nourrissait aucune animosité envers les forces de l’ordre. Il était alcoolisé et agacé car on buvait son alcool. » Reconnaissant que ce qu’il avait fait « est grave », elle demande que sa peine soit accompagnée d’une obligation de soins concernant l’alcool.

Teva a été condamné à 10 mois de prison ferme et à son maintien de détention. Il devra en outre s’acquitter de 70 000 Fcfp au titre du préjudice à l’encontre de sa victime.

*Le prénom a été modifié

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