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100 000 morts du Covid en France, un bilan probablement sous-estimé

La France a dépassé la barre des 100.000 morts depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Mais d’après les experts, les bilans officiels ne tiennent pas compte de certains décès notamment survenus à domicile. Au niveau mondial, le bilan s’approche des 3 millions de décès. Et le décompte réel pourrait être beaucoup plus élevé. 

La France a franchi jeudi la barre des 100.000 morts liés à l’épidémie de Covid-19, rapport l’AFP. Trois cents personnes sont décédées à l’hôpital ces dernières 24 heures, a indiqué Santé publique France, portant le bilan à 100 105 victimes depuis le début de la crise. En franchissant cette barre symbolique, le pays rejoint en Europe la Grande-Bretagne (127.000 morts) et l’Italie (115.000 morts), bien que d’autres pays européens (Belgique, Portugal…) ou non (États-Unis, Brésil…) aient une mortalité plus élevée par habitants. Si la première cague a été particulièrement violente (25000 décès entre mars et avril 2020), la grande majorité des décès sont survenus depuis fin octobre (environ 65 000), conséquence de la reprise hivernale de l’épidémie et de l’arrivée de variants plus contagieux.

Malgré les efforts réalisés sur la vaccination – 16% des Français ont reçu une première dose mais seulement 5,7% une seconde -, la troisième vague est rude et la perspective de rouvrir commerces et restaurants à la mi-mai, fixée par le gouvernement central devient incertaine. Avec plus de 5 900 malades en réanimation, au plus haut depuis le printemps 2020, « la troisième vague n’est pas derrière nous », a prévenu Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement. « Toutes nos forces sont jetées dans la bataille contre l’épidémie (…) mais viendra évidemment ce moment de l’hommage et du deuil pour la Nation », a-t-il ajouté, sans préciser de format ou de calendrier pour cet hommage. « Nous n’oublierons aucun visage, aucun nom », a pour sa part assuré Emmanuel Macron sur Twitter. « Depuis le début de la pandémie, 100 000 Françaises et Français ont succombé au virus. Nous avons tous une pensée pour leurs familles, leurs proches, pour les enfants qui ont perdu un parent ou un grand-parent, les fratries endeuillées, les amitiés fauchées », a complété le chef de l’État.

Des chiffres encore sous-estimés, en France et surtout dans le monde

La barre des 100 000 morts français pourrait pourtant avoir été franchie il y a plusieurs semaines. C’est ce que soulignent les données du centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm (CépiDc). Ses responsables pointaient hier, dans le journal Le Monde, que les données publiées quotidiennement par Santé publique France ne s’appuient que sur les remontées d’hôpitaux, d’Ephad et d’établissements spécialisés. Le CépiDc s’appuie, lui, sur les certificats de décès détaillés, pour faire un décompte « plus lent, mais plus précis ». Ainsi il recense au 31 décembre, 75975 décès « dont le Covid est la cause initiale ou secondaire » contre 64 606 pour Santé publique France. 11 369 morts de différence, due notamment à la prise en compte des décès à domicile ou dans les unités de soins de longue durée. « Il faut augmenter de 10% les décès à l’hôpital et de 6% le total ainsi obtenu pour compenser les décès manquants » précise pour France Info Jean-Marie Robine, directeur de recherche émérite à l’Inserm, et conseiller scientifique auprès de l’Institut national d’études démographiques (Ined). Sans tenir compte des causes de décès, l’Insee compte pour sa part 77779 décès supplémentaire entre le 1er mars 2020 et le 29 février 2021 par rapport à la même période l’année précédente. Même si ce chiffre est en décalage temporel avec celui de Santé publique France, et qu’il est compensé par les baisses de mortalités impliqués par la crise (sur la grippe ou les accidents de la route, par exemple, un tel excédent n’avait pas été observé depuis la grippe italienne de 1949.

Les données de mortalité liées au Covid sont aussi probablement sous-estimées au niveau mondial, où le bilan approche désormais des 3 millions de morts. La Russie, par exemple, qui dénombre 96 000 morts au 31 mars, a un mode de comptage particulièrement restrictif, comme l’a déjà reconnu Moscou. Les données statistiques indiquent que d’avril 2020 à février 2021, la surmortalité russe se situe entre 376 000 et 415 000, soit trois à quatre fois plus que les chiffres officiels. Ce qui fait au passage de la Russie l’un des pays où la mortalité est la plus élevée sur la planète. Des doutes pèsent sur les décomptes d’autres pays, notamment ceux de la Chine, ou de pays dont les infrastructures hospitalières et les capacités de tests ne permettent pas d’établir précisément les causes de décès. Les données de mortalité de l’Inde, aujourd’hui premier pays en termes de contamination ou de plusieurs pays africains sont ainsi jugées peu fiables par l’OMS. Certains états ont reconnu ces limites : fin mars le gouvernement mexicain annonçait que le bilan de l’épidémie était probablement supérieur de 60% au chiffre officiel. Comme le rappelle Le Monde, même les données des États-Unis, aujourd’hui premier pays en termes de mortalité avec un bilan officiel de 562 000 morts, pourraient être revues à la hausse. En octobre 2020, l’American Medical Association avait estimé que seuls les deux tiers de la surmortalité enregistrée sur les six premiers mois de la crise avaient été attribuée à la pandémie.

En Polynésie, aucun mort lié à l’épidémie n’est à déplorer depuis le 8 mars et le bilan de l’épidémie est toujours de 141 morts. L’analyse de données statistiques n’a pour l’instant pas remis ce chiffre en cause. Le taux de mortalité du Covid au fenua est bas au niveau mondial, mais plus haut que la plupart des pays du Pacifique.

 

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1 Commentaire

  1. 16 avril 2021 à 5h51 — Répondre

    Des scientifiques précisent, à juste titre, qu’un certain nombre de morts ont été étiquetés Covid dans la « panique » du printemps 2020, attention à ne pas tout mettre sur le dos du virus.

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