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2,42 grammes d’alcool et sixième condamnation pour conduite en état d’ivresse

Un homme de 41 ans a été condamné cette après-midi en comparution immédiate à 18 mois de prison dont 12 de sursis probatoire pour avoir conduit avec 2,42 grammes d’alcool dans le sang. Une sixième condamnation pour l’individu, également reconnu coupable d’outrage sur les policiers municipaux qui l’avaient contrôlé.

« En voyant le dossier, je me suis demandé si les forces de l’ordre n’avaient pas fait une erreur. Entre 2 et 3 grammes c’est normalement le coma éthylique. Quand d’autres sont dans le coma, John, lui, il est au volant», explique la procureure à l’encontre du prévenu, habitué des prétoires pour avoir déjà été condamné à 5 reprises pour des conduites sous l’empire d’un état alcoolique. « J’étais dans un état lamentable. Même les amis m’avaient dit de rester chez eux, j’étais bien imbibé, j’aurais du rester », regrette l’homme, incapable de dénombrer le nombre de canettes de bière bu depuis le matin, jusqu’au soir. « On peut entendre votre discours lorsque c’est la première fois », s’agace le président du tribunal « Mais là, pourquoi vous n’avez pas la présence d’esprit de vous dire que vous avez bu, qu’il ne faut pas prendre le volant, que vous pouvez être contrôlé par la gendarmerie et que ça va mal finir, et si vous provoquez un accident, cela va encore plus mal finir ? » John l’admet : « J’ai un problème avec l’alcool. »

Mais John n’en est pas resté là. La police municipale de Punaauia a en effet été prévenue par téléphone qu’un homme avait une conduite dangereuse au volant de son 4×4 et avait failli renverser des piétons. La police municipale parvient à l’arrêter. Sans disposer du matériel pour tester l’alcoolémie, les mutoi ciblent immédiatement le problème dont souffre le conducteur  : « il avait une attitude hautaine, il avait des absences, le regard dans le vide, il sentait l’alcool. » Consultés, les gendarmes demandent à la police municipale de le ramener à la brigade. Un fin de soirée qui n’entre pas dans les plans de John, qui commence à insulter les mutoi et les traite d’incompétents dans un langage fleuri. Cela vire aux insultes quand les policiers municipaux tentent de le faire sortir du véhicule. « Tu n’as pas le droit de me toucher, tu vas perdre ton travail » menace celui qui est par ailleurs le conjoint d’une agent de la police aux frontières. Pas de quoi intimider les gendarmes qui arrivent en renfort et qui devront le placer en dégrisement pendant 18 heures avant de pouvoir l’entendre. « Je ne me souvenais pas de tout ce que j’avais dit. Il n’avait pas à subir ces insultes alors qu’il faisait son travail » reconnaît John, tout penaud à la barre.

« La prison est le seul moyen d’écarter le risque qu’il représente »

La procureure note la gradation des peines d’une amende à une peine de prison avec sursis en passant par un travaux d’intérêt général qui n’ont, selon elle, pas eux d’effet sur John. Le service de probation, souvent clément avec les prévenus, note le peu d’implication dans le suivi des mesures de sursis : « l’interdit n’est pas intégré », estime le travailleur social. « Il se savait en infraction parce qu’il a trop bu. Au lieu de faire profil bas, il a outragé sévèrement un agent qui accomplissait sa mission pour faire cesser un trouble à l’ordre public car John est un vrai danger. S’il veut se tuer au volant, c’est son problème, mais le rôle de la justice et d’éviter qu’il provoque un homicide involontaire. La prison est le seul moyen d’écarter le risque qu’il représente. Quand on est condamné 5 fois, on connait le risque et on est prêt à aller en prison.»  Elle requiert une peine de 18 mois dont 12 de sursis probatoire, l’annulation du permis et l’interdiction de le repasser dans les deux ans. Si la voiture est au nom de la femme de John, ce dernier en est l’utilisateur habituel, et la magistrate demande sa confiscation.

« Il n’y a pas de défiance à l’autorité, il n’est pas délinquant routier, quand je regarde son parcours je vois juste 20 ans d’alcoolisme », entame son avocat qui comprend la gradation des peines voulues par la justice mais demande à ce que son client puisse bénéficier d’un bracelet électronique lui permettant de continuer à travailler, avant de passer à l’étage supérieur de l’incarcération. « Il ne boit que le week-end avec ses amis. S’il le fait, avec son bracelet, la justice le saura tout de suite et il écopera d’une peine encore plus lourde. »

Une plaidoirie entendue par le tribunal. John a été condamné à 18 mois de prison dont 12 mois de sursis probatoire prévoyant des soins. Il devra en outre payer 30 000 francs au policier municipal au titre du préjudice subi. Le véhicule va être restitué à la conjointe de John, dont les 6 mois de prison ferme seront aménagés par le juge d’application des peines : il bénéficiera d’un bracelet électronique pour une détention à résidence.

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