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Aérien : le Pays garantie des baisses de prix… mais pas partout

Malgré la nouvelle « contribution de solidarité », qui devrait toucher tous les billets au 1er juillet, les prix des vols vers les 34 aéroports de désenclavement du fenua baisseront, assure Jean-Christophe Bouissou. Pour les lignes principales, qui resteront en libre concurrence, aucune garantie, mais le ministre demande un effort à Air Tahiti.

Mettre fin aux « mauvaises interprétations ». Voilà l’objectif que s’était fixé Jean-Christophe Bouissou, mardi après-midi. Le ministre en charge des transports interinsulaires a fait le point sur le nouveau mécanisme de délégation de service public (DSP) qui doit être mis en place dans l’aérien domestique au 1er juillet. Un mécanisme attendu depuis de nombreuses années, et qui doit remplacer la « péréquation interne » jusque-là pratiquée par Air Tahiti. Grâce aux tarifs excédentaires pratiqués sur les vols vers les îles les plus peuplées et les plus touristiques, la compagnie finance aujourd’hui les lignes les moins fréquentées, naturellement déficitaires. Ces destinations – 34 îles au total – sont celles qui ont été ciblées par un appel à candidature pour une DSP du Pays. Un premier essai, l’année passée, n’avait permis que de choisir un opérateur pour les vols inter-Marquises – ce sera Tahiti Air Charter, et non plus Air Tahiti. La seconde procédure, concentrée sur 30 dessertes des Tuamotu – Gambier et deux des Australes, et a abouti sur des négociations avec Air Tahiti, seule compagnie candidate. « Si tout se passe bien, nous allons signer d’ici fin juin », confirme le ministre.

Baisse imposée sur les 32 aéroports de désenclavement…

Le cadre de cette DSP avait été fixé en décembre et complété en mars par l’assemblée. Air Tahiti, qui avait un temps menacé d’abandonner les lignes déficitaires du fait de la crise sanitaire, sera tenue de les exploiter pendant 5 ans, « à ses risques et périls », et selon des fréquences fixées par la collectivité. Sur les 32 lignes du marché, « c’est le Pays qui a le contrôle, l’opérateur intervient pour le compte de la Polynésie française », rappelle Jean-Christophe Bouissou. Air Tahiti touche en échange une « compensation forfaitaire » tirée d’un fond de continuité aérienne interinsulaire. Pour l’alimenter, une contribution territoriale de continuité (CSCTAI) de 300 francs à 900 francs par billet entrera en vigueur en juillet. Tous les vols inter-archipels seront donc « taxés » à hauteur de 1 800 Fcfp l’aller-retour, comme l’a annoncé Air Tahiti sur son site depuis quelques jours. Mais comme le rappelle le ministre, le prix de base du billet vers les îles concernées par la DSP sera, lui, fixé d’autorité par le Pays. Et le gouvernement a choisi de faire baisser les prix : un siège pour Hao, Makemo, ou Raivavae devrait, au 1er juillet, baisser de 8% pour les pleins tarifs, et de 5% pour les tarifs réduits.

… Et baisse « demandée » sur les 12 lignes les plus importantes

Majoritaires par leur nombre, ces aéroports de « désenclavement » ne représentent toutefois que 109 597 passagers par an, soit 12% du trafic domestique. Le reste, ce sont les « grandes lignes », desservant les îles plus fréquentées, plus touristiques. Rangiroa, Fakarava, Tikehau aux Tuamotu, Hiva Oa et Nuku Hiva aux Marquises, Rurutu et Tubuai aux Australes, et bien sûr Moorea et les quatre îles des Raromatai… 12 aéroports au total qui resteront en « libre concurrence », donc sans fixation de prix, mais où la nouvelle taxe s’appliquera quand même. Plus 1 800 Francs par passager ? Non, assure de nouveau Jean-Christophe Bouissou, mais cette fois avec beaucoup moins de garanties. Le ministre a « demandé » à Air Tahiti de faire un effort sur ces destinations « sans attendre d’être sujet à la concurrence » qui pourrait se développer rapidement sur ces lignes. À l’entendre, la compagnie a « tout intérêt » a baisser suffisamment ses prix pour « compenser » la nouvelle taxe, « si possible dès le mois de juillet ».

Il paraitrait logique qu’Air Tahiti baisse ses tarifs sur les lignes principales puisqu’elle n’a plus à financer la péréquation, prise en charge par le Pays. Mais la crise sanitaire, qui lui a causé 1,8 milliards de francs de pertes l’année dernière – beaucoup moins que prévu quelques mois auparavant – pourrait la faire hésiter. Jean-Christophe Bouissou rappelle quant à lui que la compagnie avait engrangé des profits importants les années précédentes, et estime que soutenir la demande l’aiderait à remonter la pente. Un message que le Pays, actionnaire à 14% du transporteur, portera au conseil d’administration. Sera-t-il entendu par la direction et les autres actionnaires ? Le ministre, en tout cas, se montre confiant.

900 millions de francs de compensation par an

Les discussions avec Air Tahiti ne sont donc pas terminées, même si les grands équilibres de la DSP sont déjà couchés sur le papier. La compagnie et le Pays se sont notamment mis d’accord sur des projections de résultats sur les lignes de désenclavement. Jeu des négociations oblige, Air Tahiti s’est montré pessimiste, prévoyant d’abord une activité en baisse de 30% par rapport à 2019 cette année, et le Pays beaucoup moins. Le scénario retenu table sur un recul de 15% au deuxième semestre avec un retour à la normale progressif sur 5 ans, et sur une compensation forfaitaire de 900 millions de francs par an. La CSCTAI ne pourra en couvrir qu’une grosse moitié, le reste étant directement puisé dans le budget du Pays. Mais si les résultats étaient meilleurs que prévu, les bénéfices seraient répartis « à 50 / 50 » entre le délégataire et le déléguant, insiste Georges Puchon, directeur de l’aviation civile.

Contribution de l’État : le Pays aimerait au moins 350 millions

La députée Nicole Sanquer, avait estimé, lors des débats à l’assemblée, puis sur Polynésie la 1ere, que le Pays aurait dû demander l’aide de l’État plutôt que d’avoir recours à une contribution locale et à des subventions pour alimenter le fond de continuité. Cet après-midi, Jean-Christophe Bouissou a rappelé que cette possibilité était déjà prévue par la loi du Pays votée ces derniers mois. Et rétorqué qu’il attendait de la parlementaire « pas seulement des paroles, mais aussi des actes ». Le ministre assure que « les contacts sont pris », et que, si la crise a « ralenti le travail », le Pays comptait bien obtenir la participation de l’État au titre de la continuité territoriale. « Trois millions d’euros par an ce serait déjà bien », explique-t-il. Si Paris, qui intervient déjà « en Corse, et dans les régions et départements d’Outre-mer » en la matière acceptait, les fonds permettrait « de faire baisser encore le prix des billets ».

 

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