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Affaire Morandini: la rédaction d'iTELE reconduit la grève

Paris (AFP) – La rédaction d’iTELE a décidé mardi de poursuivre la grève pour protester contre la présence à l’antenne de Jean-Marc Morandini, mis en examen pour « corruption de mineur aggravée », dont l’émission consacrée aux médias a démarré lundi soir.

Les journalistes d’iTELE (groupe Canal+) ont voté à 81% pour la reconduction de la grève entamée lundi (110 votes pour, 4 contre et 21 abstentions), selon la Société des Journalistes (SDJ) de la chaîne. Lundi, ils avaient voté pour à 85%. 

La rédaction est en conflit ouvert avec la direction depuis la confirmation le 7 octobre de l’arrivée de l’animateur, mis en examen dans le cadre de castings douteux pour la production d’une websérie érotique. 

Malgré le mouvement de grève, la première de « Morandini Live » a bien eu lieu lundi soir, selon le souhait de Vincent Bolloré, patron de la chaîne. 

Elle a dû être tournée sur un plateau d’iTELE avec des cadres techniques non grévistes et des pigistes. 

Léger sourire aux lèvres, Jean-Marc Morandini s’est gardé d’évoquer la grève mais a promis de décrypter « toute l’actualité » des médias. Il a commencé son émission en évoquant un épisode de la série américaine « New York Unité Spéciale » dont le scénario s’inspire de l’affaire DSK. 

Quelque 104.000 téléspectateurs étaient devant leur écran pour cette première, affirmait mardi Jean-Marc Morandini sur son blog, des chiffres confirmés par iTELE. 

Sur NRJ 12 où il est aussi présent, l’animateur a attiré 602.000 téléspectateurs, un record « depuis la rentrée », avec son émission « Crimes », selon la chaîne.

– « Non dialogue » –

Evoquant une direction « dans le non dialogue », les journalistes grévistes demandent la suspension de Jean-Marc Morandini, plus de moyens, la présentation du projet éditorial et la nomination d’un directeur adjoint.

Signe du malaise à iTELE, Alexandre Ifi, directeur adjoint de la rédaction, a annoncé lundi son départ pour la mi-novembre. 

L’affaire Morandini s’ajoute au conflit démarré avant l’été, lorsque la rédaction avait fait grève quatre jours pour protester contre une réduction drastique des effectifs. 

« Vincent Bolloré a déclaré jeudi devant le comité de management que la venue de Morandini était sa décision personnelle. Nous sommes entre ses mains, il décide de tout », regrettait lundi un représentant du syndicat +Libres.

Ce conflit a été déclenché par la décision de la direction le 7 octobre de le mettre à l’antenne, malgré sa mise en examen. Indignée, la rédaction avait voté à 92% une motion de défiance contre la direction, la deuxième en quatre mois.

Préférant se passer des journalistes mécontents plutôt que de Morandini, la direction a annoncé l’ouverture d’une possibilité de départ par « clause de conscience » (avec indemnités) pour ceux qui refuseraient de travailler avec l’animateur.

Europe 1 a pris le parti inverse en suspendant d’antenne l’animateur depuis la rentrée.

L’affaire a également gagné les réseaux sociaux, avec le hashtag #JeSoutiensiTELE, repris par de très nombreux journalistes et personnalités. 

Cette affaire alourdit encore l’ambiance à iTELE, dont l’audience stagne autour de 1%, et qui attend toujours le plan de relance promis par Vincent Bolloré en 2015. 

Seule réforme, iTELE sera rebaptisée CNews lundi 24 octobre et la rédaction de Direct Matin, propriété de Bolloré, arrive dans ses locaux avec des projets de rapprochement.

Jean-Marc Morandini le 19 juillet 2016 à Paris. © AFP

© AFP/Archives GEOFFROY VAN DER HASSELT
Jean-Marc Morandini le 19 juillet 2016 à Paris

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