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Air Moana annonce « l’arrêt des opérations » au 30 septembre si le Pays ne l’aide pas immédiatement

Dans un courrier acerbe adressé aux élus de l’assemblée, le président d’Air Moana Olivier-Jean Bréaud indique que sans le soutien du Pays, la compagnie cessera ses opérations dans 5 jours, le 30 septembre, car les conditions suspensives posées par le gouvernement sont impossibles à remplir. Air Moana accuse le gouvernement de lui avoir tendu « un leurre chronophage ». Elle demande des actions immédiates : la garantie du Pays et un apport direct d’un milliard, le déblocage d’une seconde tranche de prêts à hauteur de 350 millions de Fcfp et, au-delà, la mise en concurrence de la délégation de service public des transports interinsulaires.

Les explications données hier à l’assemblée par Moetai Brotherson sur le soutien du Pays à Air Moana, et qui se concluaient sur l’idée que « la balle » serait à présent « dans le camp d’Air Moana », ont provoqué l’envoi d’un démenti aux élus de Tarahoi, signé du président de la compagnie Olivier-Jean Bréaud, qui renvoie cette balle en pointant la lenteur du gouvernement, et demande leur appui pour faire bouger les lignes avant la fin du mois.

Dans cette lettre, il indique que « les difficultés rencontrées par Air Moana sont bien réelles et ce n’est pourtant pas faute pour la direction générale d’Air Moana d’avoir à maintes reprises alerté M. le président de la Polynésie française et son gouvernement sur cette situation extrêmement compliquée. » Air Moana a engagé il y a quelques semaines une procédure de conciliation afin de trouver un accord amiable avec ses principaux créanciers. Si celle-ci ne donne pas de résultat, la compagnie ferait alors face à un redressement, voire une liquidation judiciaire.

Et Olivier-Jean Bréaud annonce que, « en l’état, l’arrêt des opérations d’Air Moana est prévu pour le 30 septembre 2024 ». Totalement silencieuse depuis des mois, la direction dit communiquer aujourd’hui « car nous ne souhaitons pas que notre situation soit la même que celle de la société Interoute, pourtant également assurée du soutien de notre président. »

« Un leurre chronophage porté par tout un système »

Le courrier précise aussi que le capital d’Air Moana est à ce jour de 4,228 milliards de Fcfp, entièrement privé à l’exception de la participation du Pays de 1,6% au travers de la Sofidep. Une situation qui est ensuite comparée à celle d’Air Tahiti, dont le Pays détient 13,38%, l’OCI (filiale de la Socredo) 13,35%, l’AFD 8%, la Banque de Polynésie et la Banque de Tahiti 2% chacune, et Air Tahiti Nui 1,41%.

« La seule véritable difficulté d’Air Moana est qu’elle n’a aucun financement des établissements bancaires de la place. Or, sans ce soutien, il est impossible pour Air Moana de continuer son activité. » Notamment pour obtenir l’agrément fiscal qui lui permettrait d’envisager l’achat de trois appareils.

Olivier-Jean Bréaud souligne ensuite que « les actionnaires privés d’Air Moana ont assuré au président de notre Pays qu’ils soutiendraient la compagnie à condition que la participation du Pays soit effective au capital de la société. Depuis des mois, nous attendons concrètement la venue du Pays mais il semble qu’il s’agisse d’un leurre chronophage porté par tout un système. »

Garantie du Pays, versement immédiat d’un milliard, 2e tranche des prêts Sofidep et OCI, et mise en concurrence de la DSP

Le président d’Air Moana demande donc aux représentants d’appuyer les demandes suivantes :

– « de se porter garant du financement des avions, ce qui entraînera de facto l’accord de financement du pool bancaire composé des banques locales ou d’un établissement financier spécialisé dans le financement des aéronefs et entraînera également la levée de cette condition essentielle pour l’agrément fiscal

– La participation effective du Pays au capital social de la société à hauteur de 1 milliard de francs CFP sans que cette participation ne passe par les sociétés OCI et SOFIDEP, compte tenu des lenteurs de mise en œuvre de leur intervention en fonds propres ou en quasi fonds propres

– Avant la fin de ce mois, le déblocage de la seconde tranche des emprunts obligataires souscrits auprès de la Sofidep et de la société OCI à hauteur de 350.000.000 francs CFP, et ce avant même que ne soient levées les conditions suspensives qu’il nous est impossible de lever à ce jour car nous sommes véritablement face à des obligations impossibles

– Enfin, qu’une mise en concurrence sur la délégation de service public sur les transports interinsulaires soit lancée, car à ce jour, seule la compagnie Air Tahiti bénéficie d’une subvention du Pays, à moins que le Pays ne décide de repenser le dispositif de continuité territoriale au sein de la Polynésie française pour l’ensemble des Polynésiens. »

 

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