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Bygmalion: le parquet de Paris demande un procès pour Sarkozy

Paris (AFP) – Le parquet de Paris a demandé un procès pour Nicolas Sarkozy et treize autres mis en examen dans l’affaire Bygmalion, dernière étape avant un possible renvoi en correctionnelle qui assombrirait sa campagne pour la primaire de la droite.

Dans ses réquisitions, datées du 30 août, le parquet a demandé le renvoi de Nicolas Sarkozy pour financement illégal de campagne électorale, durant la présidentielle de 2012, ont indiqué à l’AFP des sources judiciaire et proches de l’enquête.

L’ancien président, qui avait été mis en examen en février, se voit reprocher notamment d' »avoir dépassé le plafond des dépenses électorales » et « fait état » dans son compte de campagne d' »éléments comptables sciemment minorés », a indiqué à l’AFP une source proche de l’enquête.

Il appartient maintenant aux juges d’instruction de suivre ou non ses réquisitions, dans un délai d’un mois minimum. 

D’éventuels recours de procédure sont toujours susceptibles de rallonger les délais mais l’hypothèse d’un renvoi en procès de l’ancien président avant la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, prévue les 20 et 27 novembre prochains, est réelle. Il peut aussi bénéficier d’un non-lieu.

Un renvoi en procès compliquerait sa tache, d’autant que Nicolas Sarkozy est aussi mis en examen pour corruption et trafic d’influence dans un autre dossier, soupçonné d’avoir tenté d’obtenir des informations secrètes dans une procédure le concernant auprès d’un magistrat à la Cour de cassation.

Et les attaques de ses rivaux ont commencé. « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? », a lancé fin août François Fillon.

– « Je n’ai rien lu » –

Le scandale Bygmalion a éclaté au printemps 2014, quand des cadres de la société de communication et Jérôme Lavrilleux, proche de Jean-François Copé, ont reconnu l’existence d’une fraude à grande échelle pour dissimuler des dépenses de meetings qui s’emballaient.

Comment ? En imputant à l’UMP, via des fausses factures relatives à des conventions qui n’ont jamais eu lieu, quelque 18,5 millions d’euros de dépenses alors qu’elles auraient dû figurer au compte de campagne du candidat.

Cadres de l’ex-UMP, comme son directeur général Eric Cesari, responsables de l’équipe de campagne, à l’instar de son directeur Guillaume Lambert ou Jérôme Lavrilleux, cadres de Bygmalion comme Bastien Millot et experts-comptables: le parquet de Paris demande aussi le renvoi en procès de treize autres personnes en visant des délits de faux, escroquerie, abus de confiance ou financement illégal de campagne.

Entre aveux et dénégations, les juges d’instruction ont été confrontés aux versions divergentes des protagonistes. Ainsi, un cadre de Bygmalion, Franck Attal, a raconté que c’est, à l’UMP, Jérôme Lavrilleux qui lui a annoncé qu’il fallait en passer par un tel système. Version confortée par deux de ses associés, mais que conteste Lavrilleux, à qui plusieurs acteurs du dossiers prêtent un rôle clé.

Aucun de ces protagonistes n’a mis en cause Nicolas Sarkozy pour avoir eu connaissance ou ordonné cette fraude, mais aux yeux des enquêteurs, le candidat, signataire de son compte de campagne, ne pouvait ignorer un dérapage, au vu des alertes des experts-comptables, les 7 mars et 26 avril 2012.

« Il y a 46 cartons de factures. Fallait-il que je me plonge dans les 46 cartons? (…) La vérité, c’est que je n’ai rien lu », s’était défendu l’ancien candidat dans le bureau du juge. Il avait aussi réfuté toute explosion des dépenses et soulevé une autre hypothèse, celle de surfacturations au profit des patrons de Bygmalion, dont il n’a pas manqué de souligner la proximité avec Jean-François Copé, témoin assisté dans le dossier.

« Où est passé cet argent? », avait demandé Nicolas Sarkozy.

Dans le cadre de l’enquête, une expertise financière a conclu que les tarifs pratiqués par Bygmalion n’étaient pas anormaux, éloignant cette thèse des surfacturations.

La thèse d’une fraude conçue uniquement entre Bygmalion et l’UMP dans le dos des responsables de la campagne s’est étiolée quand l’enquête a été étendue à d’autres dépenses suspectes sans lien avec la société, comme pour le transport de militants. Ce dernier volet a mis en lumière le rôle d’un expert-comptable, soupçonné d’avoir délibérément omis de faire figurer des dépenses dans le compte de campagne. Lui aussi a gardé le silence sur un éventuel donneur d’ordre.

Nicolas Sarkozy le 4 septembre 2016 à La Baule . © AFP

© AFP JEAN-SEBASTIEN EVRARD
Nicolas Sarkozy le 4 septembre 2016 à La Baule

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