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Cellules du CHPF : « c’est indigne, mais c’est le seul moyen qu’on a », dit Cédric Mercadal

Invité à réagir à la condamnation de trois cellules par un psychiatre de l’unité Tokani, pour leur caractère indigne, le ministre de la Santé s’est dit « complètement ébranlé » par sa visite du site il y a six mois, mais à court de solution dans l’attente du futur pôle de santé mentale. Selon nos informations, le médecin lanceur d’alerte a été suspendu de ses fonctions, et les services techniques procéderont à la réouverture des cellules dès demain. Un communiqué est en préparation du côté de la direction du CHPF, toujours mutique sur le sujet.

Depuis douze ans, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) alerte le CHPF sur différents dysfonctionnements au sein du département psychiatrie. Deux rapport critiquent notamment l’état de trois cellules de l’unité Tokani, dédiée aux patients pouvant présenter un danger pour eux-mêmes ou pour autrui. Un sujet qui n’est pas nouveau, puisque ces chambres d’isolement existent depuis le transfert des activités psychiatriques à Taaone, en 2003. Dès 2004, le personnel s’était d’ailleurs mobilisé pour pointer leur caractère inhumain.

Dimanche dernier, le médecin psychiatre chef de l’unité a procédé à la condamnation a la colle forte de ses trois pièces, bien décidé à ne plus les utiliser, après avoir plusieurs fois alerté sa hiérarchie, déjà consciente du problème depuis vingt ans. Soutenu en interne sur le fond, d’après nos informations, sa suspension lui a été signifiée ce jeudi matin. Les services techniques du CHPF doivent procéder sous peu à la réouverture de ces pièces sans fenêtre, équipées de toilettes à la turque et décrites comme moins confortables que les cachots de Nuutania.

« C’est indigne, je suis d’accord »

Invité à réagir ce jeudi sur Radio1, le ministre de la Santé Cédric Mercadal a expliqué avoir visité l’unité il y a six mois. Et s’est dit « complètement ébranlé » par ce qu’il reconnaît être « des cellules indignes ».

« Quand j’ai demandé des explications, j’ai pris connaissance de ce premier rapport du CGLPL en 2012, et du deuxième rapport en 2022 », entre lesquels « rien n’a été fait », reconnaît-il. Seuls des lits ont été ajoutés dans les cellules, en lieu et place des matelas à même le sol. « Il y a eu une fermeture administrative de ces chambres », précise le ministre, « mais si on les ouvre, c’est parce que c’est le seul moyen que nous avons aujourd’hui dans notre pays pour pouvoir isoler, dans un temps très limité, les cas les plus graves, pour qu’ils puissent être traités ». « C’est indigne, je suis d’accord », a-t-il répété.

Des cellules aux normes conditionnées à la livraison du PSM

Cédric Mercadal a également tenu à souligner qu’il y avait eu « une évolution sur la psychiatrie, de manière générale », depuis le second rapport publié en 2022. Il évoque un taux d’occupation en baisse – 83% contre 115% il y a quelques années – dans les différents services : « avant c’était inhumain ». Et des patients plus coopératifs au moment de prendre leur traitement, grâce à la mise en place d’une « conception hors les murs, il suit les patients chez eux dans leur famille, pour leur faire prendre leur traitement et accompagner leur famille ».

Selon le ministre, arrivé à son poste en mai 2023, « la partie Tokani doit-être revue ». Mais pour cela, le Pays attend toujours la livraison du futur pôle de santé mentale, qui permettra de déménager le département psychiatrie de manière provisoire, le temps d’installer « des cellules aux normes ». Annoncé en 2011, sa première pierre a été posée en 2016. Sa livraison était initialement prévue pour 2019. Cinq ans plus tard, Cédric Mercadal ne peut donner de date précise, son « objectif, c’est début 2025 ». Si les travaux avançaient bien jusque récemment, « un souci  juridique » est venu bloquer une partie du chantier. « Je suis tenu par ces délais juridiques », plaide-t-il.

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1 Commentaire

  1. yenamarre
    30 août 2024 à 8h55 — Répondre

    C’est bien vont tous continuer a faire l’autruche, si au bout d autant d’années ils n’ont pas trouvé les fonts pour arrêter d’utiliser une cage pour des personnes ayant des déséquilibres graves, c’est qu il y a un gros très gros problème, ou simplement ils s en foutent. c est bien la que l’on voit ou sont les priorités des gestionnaires et des politiques.

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