ENVIRONNEMENTINTERNATIONAL

Cette plante qui mange les frelons asiatiques

La découverte du Jardin des plantes de Nantes intéresse les scientifiques à la recherche d’une arme de destruction massive de cet insecte, fléau des apiculteurs.

Seraient-elles la solution pour éradiquer les frelons asiatiques contre lesquels les apiculteurs ne savent plus quoi faire ? Un jardinier du Jardin des plantes de Nantes a par hasard découvert une plante carnivore qui attire et mange les insectes. Explications.

Une découverte fortuite. C’est à l’automne dernier qu’un jardinier botaniste, Christian Besson, s’est rendu compte que les frelons asiatiques étaient attirés par la plante carnivore « Sarracenia ». Étonné de cette découverte, Romaric Perrocheau, directeur du Jardin des plantes, décide d’étudier avec un entomologiste du Muséum d’Histoire naturelle le contenu de 200 urnes. Résultat : chacune contient « en moyenne trois frelons asiatiques et trois mouches, mais jamais aucune guêpe, aucune abeille, aucun frelon européen », affirme le directeur du Jardin des plantes.

Attiré par le nectar et les phéromones situés sur la lèvre de la plante, le frelon à pattes jaunes plonge dans le long tube de la feuille, puis perd « pied et glissé dans le toboggan, et reste piégé au fond où il est mangé par des sucs digestifs », explique-t-il. Ces plantes carnivores, originaires d’Amérique du Nord et qui n’ont donc « jamais vu de frelons avant », ont « inventé un piège très sélectif », se réjouit-il.

Une piste. Est-ce la solution contre les frelons asiatiques ? « On est loin d’éradiquer les frelons asiatiques », chaque « Sarracenia » contenant « dix à quinze urnes et pouvant attirer jusqu’à 50 insectes. Or, dans un nid de frelons, c’est 4.000 individus », souligne Romaric Perrocheau.  « La découverte est intéressante, mais on ne sait pas pour l’instant si c’est une découverte majeure ou mineure », tempère aussi Éric Darrouzet, enseignant-chercheur à l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (IRBI) de l’Université de Tours (centre), qui coordonne depuis 2011 des projets de recherche sur le frelon asiatique.

Contacté par le Jardin des plantes, le biologiste et son équipe sont « en train d’examiner les molécules libérées dans l’atmosphère par la plante pour voir quelles odeurs attirent le frelon (…). Capturer ces molécules et les identifier au niveau chimique n’est pas un travail simple et peut prendre une semaine ou un an », indique-t-il.
Eric Darrouzet « espère » trouver dans la plante « une super molécule attractive » qui pourra être utilisée comme « appât » pour le prototype inédit de piège 100% sélectif qu’il teste actuellement à Tours et qui devrait être commercialisé dès 2016. La combinaison des deux pourrait à l’avenir être « un système de lutte très efficace contre le frelon asiatique », se risque Éric Darrouzet, alors qu’aucun moyen d’éradication n’a encore été trouvé contre cet insecte invasif, qui prolifère en France.

L’invasion des frelons asiatiques. Observé pour la première fois en 2004 dans le Lot-et-Garonne, le « Vespa velutina nigrithorax », originaire de la région de Shanghaï, a colonisé depuis plus de 70% du territoire national, et a essaimé aussi « dans le nord du Portugal, en Espagne, en Italie, en Allemagne et en Belgique », observe le chercheur. Ce prédateur, qui attaque tous les autres insectes, les ruches, mais aussi l’homme, est « capable de construire son nid n’importe où, dans des cavités souterraines, des buissons, au sommet d’arbres de plus de 30 m de haut, etc. On ne sait pas encore repérer les nids et les détruire », ce qui explique en partie sa croissance exponentielle, poursuit Eric Darrouzet.  En attendant l’avancée des recherches scientifiques, la Sarracenia, facile à cultiver et ne présentant « aucun risque de propagation dans la nature », peut être installée « sur des zones de protection, près des ruches », note le directeur du Jardin des plantes.

Source : Europe 1

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