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Clandestins: « pas d'expulsions massives », promet Washington à Mexico

Mexico (AFP) – Il n’y aura « pas d’expulsions massives » de clandestins des Etats-Unis et l’armée ne serait pas utilisée contre eux, ont promis jeudi deux ministres de Donald Trump au Mexique, pays avec lequel les relations sont tendues. 

Devant les médias, le secrétaire d’Etat Rex Tillerson et le secrétaire à la Sécurité intérieure John Kelly, en visite officielle à Mexico, et leurs homologues mexicains ont transmis un message rassurant, alors que clandestins et commerce transfrontalier provoquent une crise diplomatique entre les deux pays.

« Soyons très, très clairs. Il n’y aura pas d’expulsions massives » a assuré M. Kelly, ajoutant que les Etats-Unis ne feraient « pas usage de l’armée en matière migratoire ».

Les ministres ont loué devant la presse des réunions « très productives » et la relation particulière qui unit les deux pays tout en reconnaissant des différences. 

« Le chemin sera long pour parvenir à des accords avec les Etats-Unis, mais nous avons fait aujourd’hui un premier pas dans la bonne direction », a insisté le ministre mexicain de l’Intérieur Osorio Chong.

La venue des ministres à Mexico vise à améliorer la relation bilatérale, malmenée notamment par le projet de mur à la frontière de M. Trump et ses propos cinglants sur les clandestins mexicains, qualifiés de « violeurs » et de « délinquants » durant sa campagne.

– « Les très mauvais gars dehors » –

Le président mexicain Enrique Pena Nieto, qui avait annulé sa visite à la Maison Blanche prévue fin janvier afin de protester contre l’insistance de M. Trump à vouloir faire payer le mur par le Mexique, devait recevoir les ministres américains en milieu de journée.

Quelques heures plus tôt, le président américain avait déclaré depuis la Maison Blanche que les efforts engagés par son administration pour expulser certains immigrés clandestins des Etats-Unis étaient « une opération militaire ».

« Vous voyez ce qui se passe à la frontière. Soudain, pour la première fois (…) nous mettons dehors des membres de gangs, nous mettons dehors des chefs de cartels. Nous mettons les très mauvais gars dehors, et cela à un rythme jamais vu », a-t-il déclaré au début d’une rencontre avec des dirigeants d’entreprises.

« Et c’est une opération militaire », a-t-il ajouté, une expression qui a semblé en contradiction avec les propos de M. Kelly jusqu’à une clarification du porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer, qui a précisé qu’elle voulait dire « efficace ». 

Les autorités mexicaines n’ont de leur côté pour l’heure signalé aucune expulsion de chef de cartel ou même de narcotrafiquant des Etats-Unis.

– « Patio des Etats-Unis » –

Depuis son arrivée à la Maison Blanche il y a un mois, M. Trump, par son style et sa politique migratoire et commerciale, a déclenché la pire crise diplomatique entre les deux pays depuis des décennies.

M. Trump s’est par ailleurs engagé à renégocier, voire abroger, l’accord de libre-échange nord-américain Alena, trop favorable selon lui aux intérêts du Mexique. 

S’efforçant de faire baisser la tension, les deux capitales ont assuré avoir entamé un « dialogue constructif » depuis la visite de Luis Videgaray il y a deux semaines à Washington, où il a rencontré M. Tillerson.

« Nous sommes un grand allié pour lutter contre les migrations, le trafic de drogues », a insisté de son côté le ministre mexicain de l’Economie Ildefonso Guajardo dans une interview samedi au quotidien canadien The Globe and Mail.

« Si à un moment la relation est malmenée, les motivations pour que le peuple mexicain poursuive sa collaboration sur ces questions au coeur de la sécurité diminueront », a-t-il déclaré.

« Nous n’accepterons pas d’être le patio à l’arrière des Etats-Unis », où le président américain pourra expulser « qui bon lui semble », a également déclaré jeudi à l’AFP le sénateur Fernando Herrera du parti conservateur mexicain (PAN), qui élabore actuellement un décret pour fixer les limites de la négociation avec les Etats-Unis.

© AFP Ronaldo SCHEMIDT
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson à Mexico, le 23 février 2017

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