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Dénoncés avant de renoncer à importer de l’Ice

©MB/Radio1

Deux hommes ont été condamnés ce jeudi à deux ans de prison ferme plus un an avec sursis pour avoir acheté et détenu de la méthamphétamine (ice) à Las Vegas en vue de la revendre à Tahiti avec la complicité de sa famille. Celle-ci a participé au financent du voyage, motivée par l’appât du gain alors qu’elle était déjà en difficulté financière. C’est au moment de ramener la drogue en Polynésie qu’ils auraient pris peur et renoncé. C’est une dénonciation anonyme qui a provoqué les investigations. 

C’était la huitième affaire traitée en comparution immédiate liée à du trafic d’ice en l’espace d’un an en Polynésie. Ce jeudi une famille dont le plus jeune membre présent dans la salle a tout juste quelques mois, comparaissait pour différents chefs d’accusation. Deux jeunes hommes de 25 et 29 ans ont eu l’idée de faire venir de l’ice pour la revendre. L’un, qu’on appellera R.N., était consommateur, et connaisseur à la fois du produit et du terrain américain puisqu’il possède la double nationalité. L’autre, que l’on nommera T.T., souhaitait tirer des bénéfices de la revente de l’ice, notamment pour sa famille en difficulté financière. Il a ainsi organisé le financement de l’opération.

Pas d’importation, malgré des réflexions de long en large

Avant qu’elle n’échoue, c’est avec le cousin de R.N. également entendu ce jeudi et impliqué dans des combats de coqs, qu’il espérait travailler à la revente. Leur voyage s’est étendu d’août à octobre 2021. Ils visaient 1,5 kg et n’auraient réussi à en acheter que 114 grammes dans un hôtel de Las Vegas.  T.T. est revenu rapidement après l’achat de la drogue pour assister à la naissance de son fils. R.N., lui, est resté plusieurs semaines supplémentaires, ratant son vol par manque d’argent pour se déplacer puis après avoir contracté le Covid. Il cherchait surtout un moyen de faire passer la drogue sans l’avoir sur lui. Son cousin entre alors en scène. Il a l’habitude de lui demander des vêtements des États-Unis, ce pour quoi il lui donne sa boite postale. Mais cette adresse doit en fait servir, pour les malfaiteurs, à introduire la drogue en Polynésie. Méthode déjà vue en Polynésie. Le colis doit être intercepté par un agent avant qu’il n’arrive à la boîte postale, pour être remis par un autre moyen aux intéressés. Les choses ne seraient pas allées jusque-là dans cette affaire.

C’est à son retour que R.N. a été interpellé à l’aéroport, sans ice sur lui car il a lui aussi pris peur, sachant qu’il allait être papa bientôt. L’enquête qui a mené à la mise en place d’écoutes téléphoniques et à l’arrestation de R.N. a été déclenchée par une dénonciation anonyme. Les investigations pourtant poussées n’ont pas permis de retrouver de drogue qu’ils auraient réussi à importer. Jusqu’à preuve du contraire, il n’ont pas réussi.

Une famille en difficulté qui se lance, séduite par l’argent facile 

Tout au long de son audition, T.T. a répété à plusieurs reprises qu’il avait pris peur et qu’il pensait à sa famille. Ce qui rend l’affaire particulière, c’est le fait qu’il ne s’agit pas d’un réseau organisé et rompu au trafic. Les parents de T.T., âgés de plus d’une cinquantaine d’années, ont tous deux laissé leur fils mener ce projet, pensant aux bénéfices qu’ils en tireraient tous. Racheter les parts d’une indivision pour eux, éponger de lourdes dettes dues à la crise pour leur second fils. Comme l’indique leur avocat Me Antz, c’est pour « complicité et association de malfaiteurs » qu’ils ont comparu. La mère de T.T. a financé l’opération à hauteur de 800 000 francs et son frère à hauteur de 450 000 francs. « C’est très difficile à évaluer et à démontrer », explique leur avocat, surtout dans cette situation.

Il faut dire que la communication était cloisonnée entre T.T. et sa famille, puisqu’ils ne se sont jamais réunis pour en parler. C’est lui qui a demandé à sa mère avant le voyage de lui donner de l’argent. C’est lui encore qui a demandé à la future mère de son enfant de modifier les dates de retour de son billet d’avion mais aussi de celui de son associé. Enfin c’est lui qui a demandé à son frère de lui prêter de l’argent en lui promettant que les bénéfices épongeraient ses dettes. Mais voilà… « il n’est pas revenu avec » souligne Me Antz. R.N. devait participer financièrement mais aura finalement profité du voyage quasiment gratuitement. Car en dehors de leurs tentatives d’achat d’ice, ils ont aussi parcouru casinos et routes de la Californie à Las Vegas pendant plusieurs semaines.

R.N. et T.T. sont donc condamnés à 3 ans de prison dont deux ans ferme et un avec sursis. Les autres prévenus ne feront pas de prison s’ils ne récidivent pas dans les cinq prochaines années.

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