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Deux Poilus tahitiens reviennent au fenua

©DR/JC Shigetomi

105 ans après leur décès, les restes de deux soldats tahitiens enrôlés dans l’armée française et morts en Australie vont être rapatriés et inhumés avec les honneurs militaires au cimetière de l’Uranie, samedi matin. La population est invitée à leur rendre un dernier hommage au monument aux morts de Papeete.

Taivairau a Teamo et Mamoura a Maurirere étaient membres du bataillon mixte du Pacifique, rassemblant durant la Première Guerre mondiale des soldats calédoniens et tahitiens. Décédés de maladie en Australie, en 1917, sur le chemin de la France, ils reposaient dans un cimetière catholique de Sydney. L’historien Jean-Christophe Shigetomi, qui a publié de nombreux ouvrages et dont le site Internet rassemble l’essentiel des connaissances sur les militaires tahitiens du passé, connaît en partie l’histoire de ces deux hommes, qui ont fait partie des quelque 1 000 Tahitiens appelés ou engagés dans la Grande Guerre.

Tiavairau a Teamo naît en 1896 à Punaauia. Parti comme conscrit, il suit une première formation militaire en Nouvelle-Calédonie, mais ne part pas pour la France avec la plupart de ses camarades. J.-C. Shigetomi suppose qu’il était peut-être déjà malade : un nombre important de soldats tahitiens souffraient d’affections pulmonaires et certains, réformés car jugés inaptes à combattre sur les théâtres d’opérations européens, avaient été ramenés à Tahiti. C’est sans doute sur le chemin du retour, qui suivait un circuit passant d’abord par l’Australie, que la santé de Tiavairau se serait dégradée et qu’il meurt d’une bronchite chronique.

Sur le même navire se trouve aussi Jean-Baptiste Céran, qui décède un peu plus tard à Freemantle et dont la dépouille a été rapatriée en 2012.

Mamoura a Maurirere, lui, embarque sur le Moana le 9 mai 1916 et arrive à Nouméa le 14 mai. Il repart ensuite sur le vapeur Gange en direction de Marseille, mais il est débarqué, avec d’autres, à Sydney pour être soigné, en vain.

Il aura fallu huit ans de travail à l’armée, en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, au Haut-commissariat, au Souvenir français, à l’Office national des combattants et à l’Union nationale des combattants pour identifier leurs familles et permettre ce retour au fenua. Les tombes en Australie, très anciennes, ne contenaient que peu de restes ; c’est pourquoi l’armée parle de l’inhumation « de la terre qui a porté leurs dépouilles ». Les deux hommes avaient été déclarés « morts pour la France » en 2017.

Les honneurs funèbres militaires leur seront rendus à l’occasion d’une cérémonie militaire en présence des familles, des autorités civiles et militaires, des anciens combattants ainsi que des élèves de collèges et lycées de Tahiti.

La population est invitée à rendre hommage à ses anciens en saluant le cortège funéraire qui partira à 8 heures de l’aéroport de Faa’a en direction du cimetière de l’Uranie en empruntant l’avenue Pouvanaa a Oopa. Sur cette avenue, le cortège roulera au pas lors de son passage devant le monument aux morts où les anciens combattants seront rassemblés.

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