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École « alternée » à partir du 18 mai : comment ça marche ?

Alors que la réouverture des établissements ce lundi 18 mai est annoncée depuis plusieurs semaines, les questions étaient très nombreuses chez les parents d’élèves sur les conditions de cette reprise. La ministre de l’Éducation Christelle Lehartel et ses équipes ont tenté d’y répondre ce matin. La rentrée se fera de manière alternée, avec des groupes restreints et, pour ce qui est de Tahiti et Moorea, sur la base du volontariat des familles.

Quel calendrier ?

Tous les établissements des Îles du Vent, privés comme publics, devraient rouvrir leurs portes ce lundi 18 mai, pour accueillir les élèves dans le cadre de la continuité pédagogique. Les cours normaux ne reprendront donc pas dans l’immédiat, et la présence des élèves n’est pas obligatoire. Les écoles, collèges et lycées avaient déjà rouvert dans les autres archipels depuis la semaine du 20 avril. Vu le « déconfinement total » qui y appliqué depuis ce mercredi, le ministère de l’Éducation envisage un « retour à la normale » – une reprise totale des cours, pour toutes les sections – dès le lundi 25 mai. « Si tout se passe correctement », insiste tout de même le directeur général de l’éducation et des enseignements, Thierry Delmas.

La date du retour à la normale dans les Îles du Vent n’a en revanche pas été précisée. « Nous n’avons pas la visibilité suffisante pour nous engager sur une date » a répondu la ministre en rappelant que Tahiti et Moorea sont toujours en « déconfinement allégé ». La « vraie » rentrée des classes dépendra donc surtout du calendrier décidé par le haut-commissaire.

Les commentaires ont fleuri, ces derniers jours, sur ces choix de calendrier, considérés comme « risqués » par certains ou au contraire beaucoup trop précautionneux pour d’autres, notamment des parents qui travaillent. « Nous sommes dans une situation privilégiée grâce aux mesures drastiques qui ont été prises et il faut rester vigilant », a insisté la ministre de l’Éducation et de la Jeunesse. Christelle Lehartel assume ces choix pris avec le ministère de la Santé et le Haut-commissariat et refuse toute comparaison avec la métropole, où les cours ont déjà repris malgré une situation sanitaire beaucoup plus complexe.

Quels enfants rentrent le 18 mai ?

Toutes les sections des collèges, lycées, primaires, ainsi que les sections des grands en maternelles, sont concernés. Il a été décidé de ne pas rouvrir les sections des petits et des moyens pour le moment, par précaution sanitaire, et pour « permettre de libérer de l’espace dans les établissements ». La rentrée à Tahiti et Moorea se fera quoiqu’il arrive « sur la base du volontariat des familles » : les parents qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas mettre leur enfant à l’école, du fait de l’absence de vols inter-îles notamment, n’y sont pas contraints. C’est d’ailleurs, entre autres, pour éviter des ruptures d’égalité entre les élèves internes et les autres, que les enseignements ne sont pas entièrement rétablis. « La maman que je suis préconise d’emmener les enfants à l’école » a tout de même tenu à préciser Christelle Lehartel. Les établissements accueillant des petits groupes par alternance, tous les enfants ne seront pas nécessairement convoqués à l’école le 18 mai.

Comment va s’organiser « l’alternance » ? Et les transports ?

L’idée est de permettre l’application des gestes barrière et de la distanciation sociale au sein des établissements. Mais libre chaque à chaque école, collège ou lycée d’organiser la rotation des élèves. Par journée ou par demi-journée ? Combien de fois par semaine ? « Tout dépendra des capacités d’accueil de chaque établissement mais l’idée est de recevoir chaque enfant au moins deux fois par semaine, explique Thierry Delmas, le directeur de la DGEE. Les parents n’ont en tout cas aucune inquiétude à se faire : ils seront contactés pour leur donner les horaires de présentiel de leurs enfants ». La DGEE a seulement fixé un « plafond indicatif » de 50% d’élèves par classe, et d’une quinzaine d’élèves pour un espace de 50 mètres carrés. Les sections des grands, seules classes de maternelles à rouvrir, compteront encore moins d’enfants : dix par classe maximum.

Aucune aide spécifique n’a été prévue par le gouvernement pour aider les parents qui travaillent à faire garder leurs enfants. Mais les cantines et les lignes de transports scolaires devraient ouvrir à partir de lundi. « Nous continuons à discuter avec les transporteurs pour organiser cette reprise », confirme Thierry Delmas. Les règles de distanciation sociales devraient être appliquées dans les bus, avec une place sur deux « condamnée » par du scotch, et des plans de placement affichés à l’entrée des véhicules.

Quelles mesures de précaution dans les établissements ?

Christelle Lehartel et Thierry Delmas ont surtout cherché à rassurer les parents – et probablement les équipes pédagogiques – toujours inquiets de cette reprise. « Tout est en place pour accueillir les élèves de manière sécurisée », a insisté Christelle Lehartel, rappelant en outre que seulement trois malades du coronavirus étaient aujourd’hui sous surveillance au fenua. Des protocoles sanitaires ont été adoptés pour les maternelles et primaires ainsi que pour les collèges et les lycées, « et ces mesures sont connues des établissements depuis plusieurs jours », assure la ministre de l’Éducation. Distance entre les élèves, tables séparées, limitation des contacts physiques, nettoyage systématique des établissements, pratique des gestes barrières et notamment du lavage de mains… Le port du masque, lui, est préconisé mais pas obligatoire pour les enfants. Les équipes pédagogiques devraient être équipées.

Quels enseignements dans et hors des établissements ?

La ministre a insisté sur la nécessaire préservation d’une « égalité entre les élèves », qui fréquenteront ou non les établissements à partir du 18 mai. La « continuité pédagogique » se poursuivra donc via les émissions de télévision, de radio, les contacts « au moins deux fois par semaine » par un enseignant, les exercices transmis par mail ou par ProNote… Cette même continuité pédagogique sera mise en œuvre dans les établissements. Mais les enseignants pourront, face aux petits groupes d’élèves, « faire le bilan » du travail effectué depuis le 6 avril, « rénover le lien avec l’école » en travaillant sur les notions fondamentales… « On ne les fait pas revenir pour faire de la garderie : il va y avoir un encadrement, un bilan, un travail », insiste Thierry Delmas.

Et les examens ?

Comme l’avait précisé le ministre national de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, les examens nationaux (bac, brevet…) se feront cette année uniquement sur la base du contrôle continu. Seules exceptions : l’oral de français qui devrait bien être maintenu pour les classes de Première, et les « oraux du deuxième groupe » (le rattrapage). Comme le précise la doyenne de l’inspection pédagogique du second degré, Yvette Tommasini, aucune note comptant dans la moyenne annuelle des élèves n’est attribuée pendant la période de continuité pédagogique, mais les jurys des examens accorderont cette année davantage d’importance aux appréciation écrites des conseils de classe et au livret scolaire des élèves.

À noter qu’une « Foire aux questions » portant sur les examens a été mise en ligne sur le site la DGEE.

« La rentrée 2020 ne sera pas une rentrée comme les autres »

Les autorités assurent qu’elles travaillent déjà à la rentrée d’août 2020. « Ça ne peut pas être une rentrée comme les autres », explique Christelle Lehartel. Une « prise en charge spécifique » des élèves sera organisée pendant « plusieurs semaines » en début d’année scolaire et des avenants seront effectués dans chaque projets d’établissement, pour « permettre aux élèves de retrouver le chemin de la réussite scolaire ». Le calendrier ne sera en revanche pas modifié, pas plus que les programmes. Interrogée sur les enseignements « ratés » durant cette période de confinement, la ministre de l’Éducation a rappelé qu’il ne s’agissait, une fois enlevé le temps de vacances scolaires que « d’un gros mois de cours » qui a été supprimé. L’idée est donc surtout de se concentrer, à la rentrée, sur les élèves en décrochage scolaire : 800 élèves rien que sur Tahiti et Moorea n’auraient pas du tout suivi la continuité pédagogique. Les centres aérés de juillet et août pourraient en outre « développer de nouvelle thématiques » pour les accompagner.

 Retrouvez toute la présentation de la ministre Christelle Lehartel, du directeur de la DGEE Thierry Delmas et de l’inspectrice Yvette Tommasini sur notre live, aussi accessible sur la page Facebook de Radio1 :

 

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1 Commentaire

  1. PAPAGROS
    14 mai 2020 à 10h28 — Répondre

    Ce qui est dommage c’est qu’on ne parle pas beaucoup des élèves des îles éloignées. Comment vont se passer les oraux de français pour les élèves de 1ère s’il n’y a pas d’avion? Et ceux qui doivent passer le BAC? Messieurs les maires puisqu’il parait que c’est à votre bon vouloir l’autorisation d’ouvrir les vols au pas dans nos îles, quand allez vous réagir? Après l’installation de vos nouvelles fonctions pour ceux qui sont élus? Pauvres de nos enfants!!!!!

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