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Édouard Fritch : « nous programmons les choses que nous pouvons réaliser »

 

« Requinqué » par le congrès du Tapura qui réunissait près de 5 000 militants samedi dernier, Édouard Fritch était l’Invité de la rédaction de Radio1 jeudi, à quelques heures du conseil politique qui a validé l’ordre des candidats sur la liste des territoriales avant le dépôt de la liste vendredi matin. Un candidat qui veut rassurer, incarner la continuité et le réalisme face à la disruption de ses anciens alliés et à la revendication indépendantiste.

Le slogan du Tapura, « Ensemble pour un avenir meilleur » est dans la droite ligne du « Continuons ensemble » de 2018, et avec le sous-titre du programme, « stabilité, proximité, expérience », Édouard Fritch se pose en candidat « raisonnable » : « Nous programmons les choses que nous pouvons réaliser. » L’un des 5 piliers du programme,  c’est « une société équitable » mais, reconnait-il, « c’est compliqué » alors qu’à la crise sanitaire succède la crise économique. Pour lui, même si l’inflation marque le pas en début d’année, il est probable qu’elle reprenne du poil de la bête « au mois de mai-juin ».

Le casse-tête du contrôle des prix

La priorité est donc la préservation du pouvoir d’achat. Les facteurs inflationnistes exogènes sont hors de portée de l’action du gouvernement, et les mesures locales – les « paniers bloqués » tardifs et difficilement comparables, une nouvelle révision de la liste des PPN annoncée depuis plusieurs mois mais pas encore actée – semblent dérisoires aux consommateurs. Mais Édouard Fritch met en garde contre un renforcement de ces mesures, qui nuisent aux petits commerçants, affirme-t-il : « un certain nombre d’entre eux vont fermer, et ça nous ne le voulons pas non plus parce que nous ne voulons pas vivre qu’avec les grandes surfaces. » Il réfléchit donc à étendre à davantage de produits de grande consommation l’allègement de la TVA déjà en place sur certains articles. Et promet d’intensifier les contrôles car c’est vrai, reconnaît-il, tout le monde ne joue pas le jeu sur les marges. Une raison d’espérer toutefois, dit le président du Tapura : une baisse des prix des carburants qui se profile assez rapidement, conséquence de la baisse du dollar et donc du coût des hydrocarbures.

Faciliter l’accession à la propriété

Le programme du Tapura reflète la préoccupation des ménages qui veulent s’installer, dit Édouard Fritch, qui veut encourager la construction en mettant du foncier du Pays à disposition des constructeurs, en réorientant la défiscalisation, en poursuivant le dispositif de l’aide à l’investissement des ménages (AIM), en repoussant de 10 ans la perception de l’impôt foncier, et en exonérant de droits d’enregistrement certaines acquisitions ; mais c’est aussi la contraction du crédit bancaire qui pose problème, dit-il.

L’ébauche d’une caisse de chômage ?

Le programme du Tapura propose « d’indemniser les travailleurs involontairement privés de leur emploi », mais Édouard Fritch a du mal à prononcer les mots « caisse de chômage ». Pourtant, la définition qu’il en donne s’en rapproche à s’y tromper. Et s’il affirme qu’un accord a été trouvé avec les partenaires sociaux, il reconnaît que « ça bloque » sur la façon d’abonder ce fonds.

Autre sujet qui n’a pas été traité dans le mandat qui s’achève, la réforme de la fiscalité du patrimoine immobilier et financier, plutôt favorable aux rentiers. Mais Édouard Fritch ne veut pas effrayer : « la fiscalité ne doit pas être confiscatoire. Il faut que l’argent reste dans le pays » et il cite l’exemple du Village tahitien qui va mobiliser l’épargne de plusieurs grandes fortunes locales. Et il estime, en citant son cas personnel, que la taxation dans ce domaine est adéquate.

Rachat de Temae : « aucune fleur » faite à Louis Wane

Sur l’achat par le Pays à Louis Wane de 18 hectares à Temae, Édouard Fritch reconnaît que « les montants » et « le nom de l’investisseur » peuvent choquer, mais il défend la position du Pays : l’exonération fiscale est prévue dans le code des impôts, et outre l’accès à la plage réclamé par la population, le projet va permettre de créer, après remblai des terrains marécageux, une zone d’activités autour de l’aéroport de Moorea.

L’indépendance en association avec la France, une utopie

Samedi dernier, le président du Tapura avait lancé un vibrant plaidoyer pour le maintien dans la République, citant comme il l’a fait à l’antenne les dépenses de l’État, notamment les 65 milliards versés pour l’éducation. Et après avoir lu le document diffusé par l’État avant le 3e référendum calédonien, il ne croit pas à l’idée d’une « association » négociée avec l’État en cas d’accession des indépendantistes au pouvoir. « L’autonomie est un outil de développement. L’indépendance, je dis qu’on n’est pas prêt, mais alors là, pas du tout. »

Pas (encore ?) de réconciliation chez les autonomistes,

Sur la division du camp autonomiste, Édouard Fritch dit ne pas vouloir attaquer ces adversaires-là, car il l’a dit samedi dernier, « on aura besoin de tout le monde au 2e tour, sinon on est mal. » Dans l’hypothèse – tout de même lointaine – où Ia Ora te Nunaa ou A Here ia Porinetia sortirait devant le Tapura au premier tour, le Tapura se retirerait et soutiendrait le mieux placé. Mais l’appel à « regrouper toutes nos forces avant le 2e tour » est lancé.

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