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EDT-Engie, le point avec son P-dg sur le départ

©CP/Radio1

François-Xavier de Froment, Pd-g d’EDT-Engie depuis 2018, quittera la Polynésie en juillet pour rejoindre le siège d’Engie à Paris. S’il salue la prise de conscience qui, ces dernières années, a conduit le Pays à élaborer des plans de transition énergétique, il prévient qu’énergie décarbonée ne veut pas dire énergie moins chère. Sur l’arrivée de la concurrence il émet, sans surprise, des doutes sur les capacités réelles des communes ou des communautés de communes à gérer elles-mêmes la fourniture d’électricité en maintenant les prix et la qualité du service.

Quelques jours après les Assises de l’énergie qui ont affirmé l’objectif du Pays d’atteindre 75% d’énergies renouvelables en 2030, et alors que la production et la distribution d’électricité se réorganise avec l’arrivée de nouveaux acteurs, le P-dg d’EDT estime que « c’est un objectif ambitieux » et salue la prise de conscience générale, mais il met un bémol : « Avec la possibilité de décarboner la centrale thermique de la Punaruu (via le projet Putu Uira, ndr), l’arrivée des projets solaires pour 30 mégawatts/crête, et d’une 2e tranche qui va être lancée, et l’hydroélectricité avec le projet cote 95 à Papenoo, je crois qu’on a les capacités d’atteindre 55% de renouvelable en 2030, mais je pense que ce qui est important c’est l’impulsion donnée par le Pays pour que tous les acteurs se mettent en ordre de marche et proposent des solutions. »

À la critique souvent entendue que EDT est en partie responsable d’une transition énergétique assez poussive jusqu’ici, il répond que l’accélération de la transition énergétique ces dernières années est due au fait que les coûts des panneaux photovoltaïques et des batteries ont énormément baissé ces dernières années, créant une opportunité réelle, mais récente. « Il fallait pouvoir tenir un prix de l’électricité qui soit acceptable, aujourd’hui on y arrive ». François-Xavier de Froment souligne aussi qu’énergie renouvelable ne signifie pas forcément énergie moins chère, sauf indirectement, en permettant une intervention moins coûteuse pour le Pays qui soutient les prix des hydrocarbures destinés aux centrales thermiques.

Les sociétés publiques locales ou Epic, une erreur ?

Autre facteur qui va jouer sur les prix, quel que soit le type d’énergie dont on parle : la décentralisation de la distribution d’électricité qui se profile avec les sociétés publiques locales, comme aux Raromatai, « multiplie des fonctions support qui sont de toute façon un coût supplémentaire pour l’usager, parce qu’elles ne produisent pas d’électricité et qu’il faut bien les rémunérer. »

Se pose aussi la question, dit François-Xavier de Froment, des compétences en gestion. Les SPL vont se rendre compte, dit-il, que le Fonds de péréquation pour l’électricité désormais géré par le Pays qui le redistribue aux communes, « n’est pas un pactole en plus ». « Je ne comprends pas qu’on aille vers une gestion de la délégation de service public par un Epic à Moorea, quand à côté de ça les déchets polluent le lagon et qu’il y a des gens qui n’ont pas l’eau potable. »

Cela dit, EDT-Engie a toujours montré un certain pessimisme sur l’apparition de la concurrence dans le domaine de l’électricité, et le transfert de ses missions à d’autres structures – Te Uira Api no Raromatai ou la TEP par exemple, qui ont récupéré des personnels d’EDT. Ces transferts, récents, se déroulent pour l’instant sans drame apparent ni impact sur les usagers.

L’avenir de la centrale de la Punaruu se joue cette année

En tout état de cause, une décision doit être prise rapidement au sujet de l’énergie thermique, dont il est impensable de se passer totalement dans un schéma de production sécurisée : « la centrale Émile Martin arrive en bout de vie. On a un certain nombre de discussions avec le Pays pour par exemple allonger la durée de vie des groupes électrogènes, et pouvoir construire un nouveau site qui accueillera des groupes rapides et qui pourrait justement servir en cas d’intermittence de la production solaire, » explique le P-dg d’EDT-Engie. « Si on veut être au rendez-vous de 2030 avec un outil de production qui reste fiable, il faut absolument avoir une décision cette année, sans quoi je pense qu’on aura beaucoup de difficulté à fournir un service de qualité. »

Le P-Dg d’EDT-Engie insiste sur la qualité du service fourni par les 525 salariés d’EDT, qui est pour lui « identique à celle de la métropole » : « Si j’ai un message à faire passer c’est que les équipes d’EDT ont toujours été au rendez-vous, quelles que soient les difficultés matérielles et logistiques. S’il y a un problème on a les agents qui interviennent pour réparer et on a aussi énormément de sous-traitants qui travaillent pour nous, et on a assuré la continuité du service public. Je trouve que ce n’est pas assez reconnu, qu’on ne valorise pas assez le travail des équipes. »

Parmi les grands projets d’EDT, celui de la ferme solaire a été sélectionné. D’autres sont en discussion : comme celui de Marama Nui dit de la « cote 95 » à Papenoo, un nouveau barrage qui permettrait d’optimiser les possibilités offertes par la vallée et qui a déjà suscité des protestations de propriétaires riverains. Quant à l’idée d’une centrale au gaz, selon ce qui sera décidé à propos de la centrale de la Punaruu, Francois-Xavier de Froment estime qu’elle peut avoir un intérêt en termes de diversification des sources d’énergie, « mais ça c’est vraiment un choix du Pays, et c’est le Pays qui devra arbitrer. »

Un nouveau P-dg pour EDT-Engie en juillet

François-Xavier de Froment va rejoindre Paris et le siège d’Engie pour prendre en charge la « Green Mobility » et notamment le segment prometteur de la recharge électrique. Le nom de son successeur a été annoncé au conseil d’administration d’Engie il y a deux semaines mais pas encore officialisé : ce serait Vonjy Andriamanga, depuis janvier dernier responsable national des clients « grands comptes » de Gaz réseau distribution France (GRDF), filiale à 100% d’Engie où cet ingénieur de 56 ans, diplômé de l’École Centrale Paris, a effectué l’essentiel de sa carrière depuis 1989.

Toute sa carrière, à l’exception de 10 mois en tant que ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Hydrocarbures de Madagascar, suivis de 23 mois à la tête de Jirama, l’entreprise de services publics d’électricité et d’eau à Madagascar. Il en a été limogé sur fond d’imbroglio politique en octobre 2021.

 

 

 

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1 Commentaire

  1. Teriivaea
    17 mai 2022 à 6h39 — Répondre

    « Énergie decarbonee ne veut pas dire énergie moins chère ». Le groupe ENGIE peut se vanter, mais en interne seulement, que grâce à son « emprise » sur notre gouvernement, qui n’est certes pas nouvelle mais sans doute encore confortée par le fait que notre actuel ministre de l’énergie était précédemment Directeur adjoint de EDT, que le gasoil brûlé par ses groupes électrogènes soit subventionné aujourd’hui à hauteur de plus de 60 FCP/l (Arrête 608 CM du 27 avril 2022), soit à hauteur de plus de 4 milliards de FCP en rythme annuel (vous avez bien lu) alors que les installations photovoltaïques ne bénéficient d’aucune subvention. Derrière la propagande gouvernementale fallacieuse voilà le monde réel : Ici en PF, on subventionne lourdement l’énergie fossile et pas l’énergie decarbonee.

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