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Emploi : moins de chômeurs, mais plus d’inactifs qu’avant le Covid

La dernière enquête de l’ISPF révèle que le marché de l’emploi polynésien s’était déjà bien remis de la crise sanitaire avant la mi-2022. Le nombre de travailleurs atteint des records, le taux de chômage n’avaient pas été aussi bas depuis qu’il est mesuré… Mais le Covid a aussi semble-t-il découragé plusieurs milliers de Polynésiens, notamment des moins de 30 ans, de trouver du travail.

De bonnes nouvelles sur le marché de l’emploi. L’ISPF a publié les résultats de sa dernière enquête, menée entre mars et juin dans les îles de la Société et de février à mai aux Marquises. Une période pendant laquelle le fenua retrouve une certaine stabilité après deux ans de secousses sanitaires. Des liaisons aériennes sans interruption, une inquiétude épidémique qui s’estompe, des touristes qui reviennent, des barrières sanitaires levées, comme d’ailleurs les mesures de soutien exceptionnelles des autorités… Sans surprise, les données récoltées par l’Institut de la statistique montrent une nette amélioration par rapport au deuxième trimestre 2021. « Mille sept cents personnes supplémentaires ont un emploi et autant ont disparu du stock de personnes souhaitant travailler », note l’ISPF qui appelle tout de même à la prudence dans l’interprétation de ces chiffres, forcément très saisonniers.

Chiffres détaillés de l’emploi en 2019 (à gauche) et en 2022 (à droite)

100 000 actifs, 70 000 salariés

Mais le fait est que la plupart des indicateurs sont au vert : le taux d’emploi (53,8% des 16 -64 ans ont un travail) n’avait pas été aussi haut depuis 2018 – année des premières mesures aux standards internationaux – et le taux de chômage (9% des actifs n’ont pas d’emploi) n’avait pas été aussi bas depuis la même date. Le « halo » du chômage – des personnes souhaitant travailler, mais ne rentrant pas dans les critères internationaux en termes d’activité recherchée ou de disponibilité – est lui aussi en recul : 16 500 personnes contre 20 800 en 2019. Avec 100 000 actifs en emploi (contre 95 700 en 2019), la Polynésie bat même un record d’activité, confirmé par les chiffres de l’emploi salarié de la CPS : plus de 70 000 équivalents temps plein en octobre, un niveau pour la première fois au dessus de celui de 2008.

En trois ans, 6 000 Polynésiens en plus qui ne souhaitent pas travailler

Une ombre est pourtant bien visible au tableau : au cours de la pandémie, plusieurs milliers de Polynésiens se sont considérablement éloignés du marché de l’emploi. Ainsi au deuxième trimestre 2022, le fenua comptait 59 400 adultes considérés comme inactifs ne souhaitant pas travailler. C’est 5 700 de plus qu’à la même période en 2019. Résultat : malgré la bonne reprise du marché de l’emploi seuls 59,2% des adultes en âge de travailler sont considérés comme actifs (en emploi ou au chômage) en Polynésie. C’est un peu plus qu’en 2018 (58,6%) mais en deçà des chiffres pré-Covid. Surtout, ce taux d’activité place la Polynésie parmi les moins bons élèves de France en matière d’activité (73% en métropole, 63 et 65% en Guadeloupe et Martinique, 65% en Calédonie, et moins de 50% à Mayotte et en Guyane). Comme le note l’ISPF, ce sont surtout des moins de 30 ans qui se sont éloignés du marché du travail : le fenua a toujours du mal à insérer ses jeunes.

Pas tous égaux face à l’emploi

L’enquête annuelle de l’ISPF permet aussi de déterminer qui, parmi la population, bénéficie d’un meilleur accès au marché de l’emploi. Les hommes sont par exemple beaucoup mieux insérés que les femmes avec un taux d’emploi de 13 points plus élevé et un taux de chômage inférieur de près de 4 points. L’écart tend à diminuer mais il est toujours beaucoup plus fort qu’en métropole.
Les jeunes de 15 à 29 ans restent la catégorie d’âge la plus éloignée du travail : 34,7% d’entre eux sont en emploi, et 44,1% sont classés comme « inactifs ne souhaitant pas travailler », contre 33,2% en 2018. 18,8% d’entre eux sont au chômage, c’est à dire qu’ils cherchent activement du travail et se rendent disponibles. Les 50 à 64 ans sont eux aussi très nombreux à se déclarer inactifs ne souhaitant pas travailler (plus de 45%), mais sont très peu au chômage au sens strict du terme (3,2%).
Sans surprise, ce sont les personnes les plus diplômées qui profitent le mieux de la reprise du marché de l’emploi, de même que les habitants de la zone urbaine de Tahiti, où le taux d’emploi est supérieur de 10 points à celui de la zone rurale et de Moorea. Aux Marquises, où l’ISPF a fait un effort particulier d’enquête l’année passée, le taux d’emploi atteint 59,1 %, soit 1,1 point de plus qu’en 2019.

 

 

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