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Encore un concours illégal de beauté pour enfants

Samedi à Teva i Uta s’est tenu un concours de Miss et Mister pour enfants, au mépris de la loi qui existe pourtant depuis 6 ans. Comme à Papara en décembre dernier, les responsables disent ne pas être au courant de l’interdiction.

Cinq ans après l’entrée en vigueur de l’interdiction des concours de beauté pour enfants de moins de 13 ans, la Polynésie ne s’est toujours pas mise à jour. Après le concours à Papara en décembre 2019, samedi dernier c’était au tour de Teva i Uta de cautionner un concours du même genre, « Miss et Mister Tama no Teva I Uta ». La page Facebook de la commune affiche fièrement pas moins de 171 photos de la soirée, le maire Tearii Alpha posant avec les gagnant(e)s.

À chaque fois, les mêmes excuses des organisateurs, des associations qui bénéficient de la mise à disposition de sites communaux : « On ne savait pas », « On a demandé l’autorisation des parents. » Seule précaution prise cette fois-ci, il n’y a pas eu de passage en maillot de bain, expliquent deux conseillers municipaux, dont le responsable de l’office municipal de la jeunesse et des sports.

Sauf que nul n’est censé ignorer la loi, et sûrement pas des élus. Et que ce n’est pas une nouveauté législative, puisque la loi date de 2014 (loi n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, article 58) et son décret d’application, qui précise bien que le texte est applicable en Polynésie française, est en vigueur depuis 2015. La loi interdit « l’organisation de concours d’enfants de moins de 16 ans fondés sur l’apparence » ; il est possible d’abaisser l’âge à 13 ans, mais uniquement sur autorisation du haut-commissaire. Autorisation dont se sont passé les organisateurs, passibles d’une amende de 179 000 Fcfp qui double en cas de récidive.

« Une mise en danger de l’enfant »

« Les enfants sont de plus en plus confrontés à des images hypersexualisées, voire transformés en adultes miniatures dont l’apparence renvoie un signal de disponibilité sexuelle manifestement trop précoce. Pour autant, cette hypersexualisation est rarement comprise comme une mise en danger de l’enfant en termes de développement et de construction psychologique », expliquait à l’époque la sénatrice UDI Chantal Jouanno, à l’origine de la proposition de loi. Même Geneviève de Fontenay, sainte patronne des concours de beauté, approuvait : « Il était temps que ça bouge ! On ne fait pas de concours avec des petites filles : c’est pervers et traumatisant ». Une opinion partagée par les professionnels de l’enfance et les pédopsychiatres.

Si beaucoup de parents ne voient pas de mal à ces concours, souvent camouflés en concours de talent – les enfants de Teva i Uta ont notamment donné des échantillons de leur capacités de danseurs de ’ori Tahiti dans de très beaux costumes végétaux  – les autres passages sur scène des enfants sont bien totalement calqués sur des concours adultes. Maquillage, vernis à ongles, bijoux, poses déhanchées et chaussures à talons pour certaines… toute la panoplie de la séduction sexuée est reprise.

Interdits par la loi, réprouvés par les spécialistes du développement de l’enfant, ces concours qui brouillent les lignes entre enfants et adultes ne sont pas un bon signal envoyé aux auteurs d’abus sexuels sur mineurs, hélas trop fréquents en Polynésie.

 

 

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1 Commentaire

  1. Julien VESCOVALI
    28 juillet 2020 à 8h15 — Répondre

    tout a fait d’accord avec l’interdiction

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Encore un concours illégal de beauté pour enfants