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Deux ans de prison pour avoir tapé et menacé de mort sa mère

Paul, 40 ans, comparaissait devant le tribunal ce lundi pour avoir porté des coups à sa mère et menacé de la tuer en brandissant un couteau. Il a été condamné à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt.

 « J’m’en bats les c…s » ce sont les seuls mots répétés à outrance par Paul, à l’adresse des magistrats, qui sont sortis de sa bouche. Du moins les seuls audibles car le reste se perdait dans son masque anti-covid. Et c’est peut-être mieux comme cela.

Par son look, blouson de cuir noir et collier de fleurs rouges, et sa gouaille plus proche de celle d’un gars des cités de banlieue parisienne que de celle d’un ta’ata Tahiti, Paul détonne parmi les autres prévenus. 40 ans, dont quinze passés derrière les barreaux avec un casier judiciaire de quatre pages, émaillé de vols, violences et aussi d’un viol. Des allers et retours en prison, il en a fait. Tant à Tahiti qu’en métropole, ce qui explique son attitude de dur à cuire copiée sur les petits caïds de banlieue.

Mais les faits qui l’ont mené ce lundi dans le box des accusés ne sont pas ceux d’un dur à cuire. Il a frappé sa mère à plusieurs reprises et brandi un couteau au-dessus d’elle, en criant « je vais te tuer maman, je vais te tuer. » Et cela à cause d’une douzaine d’œufs qu’il voulait manger, ce que sa mère lui refusait, les ayant mis de côté pour faire un gâteau.

Dans le box, Paul est affalé sur sa chaise, nonchalant, et franchement indifférent à la solennité de l’endroit. « C’est vous Paul N. ? » demande le juge. « Si j’suis là, c’est que c’est moi », lui rétorque Paul. « Alors vous êtes là pour avoir… » « c’est dans le procès-verbal et j’m’en bats les c…s » « tapé votre mère et… » « j’m’en bats les c…s ». Le juge ordonne aux gendarmes de le sortir de la salle. Un dernier « J’m’en bats les c…s » avant de partir.

« J’ai pitié de lui, mais je veux qu’il soit loin de moi »

Les débats reprennent et le juge appelle la mère de l’accusé à la barre. « Il avait bu la veille une bouteille de pastis à lui tout seul et il voulait manger des œufs. Je lui ai dit non, car je voulais faire un gâteau et je lui ai tourné le dos. C’est là qu’il m’a frappé deux fois à la nuque, je suis tombée et il a pris un couteau et m’a menacé en me disant qu’il allait me tuer. »

« C’est la première fois qu’il vous tape madame ? » Moue de la maman qui veut tout dire sans le dire, « c’est mon fils, j’ai pitié de lui, mais je veux qu’il soit loin de moi… depuis qu’il est sorti de prison au mois de juin, il a toujours voulu retourner à Tatutu, il me l’a dit plusieurs fois. »

En l’absence de l’accusé, le juge lit la déclaration qu’il a faite en garde à vue : « j’étais à la maison et j’avais bu un litre de pastis la veille. Et ma mère m’a mal parlé. Elle me parle mal et me casse les c…s, alors je l’ai tapée. C’est la première fois, mais ça valait le coup. » Un murmure parcourt la salle.

Un psychopathe qui ne supporte pas la frustration

À la lecture d’une expertise psy datant de 2019, on apprend que le prévenu ne souffre pas « d’anomalie mentale ou psychique (…). On ne sait pas s’il veut se réinsérer (…), il ne présente pas d’état dangereux au sens psychiatrique, mais plus au sens criminel. »

Pour le procureur, si le prévenu ne présente pas de pathologie psychiatrique, c’est « un psychopathe qui ne supporte pas la frustration. Il ne connait ni l’interdit, ni le bien ni le mal (…) il faut le recadrer. » Ainsi, eu égard aux faits et à son passé judiciaire, le procureur requiert contre lui deux ans de prison ferme avec un mandat de dépôt.

Pour son avocate qui visiblement aurait préféré que le plafond lui tombe sur la tête, plutôt que de prendre sa défense, c’est quelqu’un « hors du commun qui a commis beaucoup d’infractions en lien avec ces traits de personnalité psychopathique (…) il s’est complètement adapté à l’incarcération et il fait tout pour y retourner. On ne sait pas quoi faire de lui et cela explique les réquisitions du procureur. » Elle demande au juge de lui administrer la peine la plus juste qui soit.

De retour de la salle où il délibère avec les assesseurs, le juge demande aux gendarmes de ramener le prévenu à la barre pour qu’il entende sa condamnation. « Vous ètes reconnu coupable des faits… » « J’m’en bats les c…s » « qui vous sont reprochés… » « J’m’en bats les c…s » « et vous êtes condamné à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt. » « J’m’en bats les c…s ».

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