ACTUS LOCALES

Essais nucléaires : la députée Nicole Sanquer demande un programme prioritaire de recherche sur les anomalies génétiques

Dans le cadre du projet de loi Recherche étudié à l’Assemblée nationale à partir de ce lundi, la députée de Polynésie Nicole Sanquer (UDI) présente un amendement proposant « la création d’un programme prioritaire de recherche sur les anomalies génétiques qui pourraient être induites par l’exposition à la radioactivité des essais nucléaires » français dans la collectivité. L’amendement, qui n’a pas encore été examiné, aurait reçu un avis défavorable de la ministre de la Recherche, renvoyant le sujet à la Santé.

Cet amendement est co-signé par de nombreux députés de tous bords parmi lesquels le président de la Délégation aux Outre-mer, Olivier Serva (LREM), qui a soutenu cet amendement auprès des parlementaires de la Délégation ultramarine, les députés de Nouvelle-Calédonie, le député de Mayotte Mansour Kamardine, ainsi que plusieurs députés de La Réunion, indique Outremers360°.

« Un programme prioritaire de recherche est créé sur les anomalies génétiques qui pourraient être induites par l’exposition à la radioactivité des essais nucléaires français en Polynésie française », indique plus précisément le projet d’amendement transmis à la rédaction. Ce programme « a pour objectif d’actionner tous les leviers de la recherche scientifique pour mieux appréhender et prévenir les impacts de la fréquence élevée de troubles envahissants du développement chez les enfants et l’existence d’effets trans-générationnels radio-induits chez les descendants des vétérans des essais nucléaires », et « valorise également la coopération internationale en matière de recherche sur la radioactivité ».

L’amendement s’appuie notamment sur le rapport concernant l’amélioration de l’indemnisation des victimes des essais nucléaires remis au Premier Ministre le 20 novembre 2018, par la commission de cadrage de la loi Morin (loi d’indemnisation des victimes des essais nucléaires) présidée par la sénatrice Lana Tetuanui. Ce rapport « s’est intéressé à la corrélation entre des troubles envahissants du développement (TED) chez les enfant et l’existence d’effets trans-générationnels radio-induits chez les descendants des vétérans des essais nucléaires », rappelle l’amendement.

Lever le doute sur l’étude contestée du Dr Sueur

Début 2018, le Dr Christian Sueur, alors pédopsychiatre au CHPF, avait rendu publique une enquête alarmante mettant en exergue des corrélations entre les essais nucléaires et « des anomalies morphologiques parfois couplées à des retards mentaux chez de nombreux enfants » dont « les grands-parents ont travaillé sur les sites des explosions atomiques atmosphériques ». « Fait troublant, plus de 70 % de ces enfants ont des parents mais aussi des frères et sœurs qui ont développé des pathologies tel que leucémies, cancers du rein ou de la thyroïde », en somme, des maladies « radio-induites », donc liées aux essais, disait encore l’enquête.

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait toutefois émis des incertitudes sur celle-ci : La « méthodologie ne permet pas d’atteindre les objectifs visés, à savoir démontrer la fréquence élevée de TED chez les enfants et l’existence d’effets trans-générationnels radio-induits chez les descendants des vétérans des essais nucléaires ». L’IRSN préconisait « de mettre en place des études scientifiques assises sur des protocoles robustes qui s’appuieraient sur une approche épidémiologique ciblant des populations d’un effectif conséquent dont les doses seraient reconstituées individuellement, de façon précise, et présentant une possibilité de suivi de bonne qualité sur plusieurs générations ».

« La préoccupation des associations et des élus locaux concernant les maladies dites trans-générationnelles qui seraient liées aux essais nucléaires est grande », rappelle encore l’amendement de la députée Nicole Sanquer. « Ce programme de recherche permettrait de faire la lumière sur la corrélation ou non entre ces anomalies génétiques et la radioactivité induite par les essais nucléaires en Polynésie ». Pour rappel, l’État a effectué 193 essais nucléaires, aériens et souterrains, dans la Collectivité, de 1966 à 1996.

Avec Outremers360°

 

Un avis défavorable de la ministre de la Recherche

Nicole Sanquer fait partie de la commission dite « de l’article 113 de la loi Erom » qui suit le dossier des indemnisations. Fin 2018, son rapport au Premier ministre préconisait déjà d’entamer des recherches sur le sujet, rappelle la députée. « Lorsque nous avons rendu le rapport, l’État s’était engagé à trouver des chercheurs pour faire ces études-là. Bon, ça fait plus d’un an, et nous voulons rappeler cet engagement à l’occasion de l’examen de ce texte, » dit-elle. Son amendement, qui n’a pas encore été examiné à l’heure où nous écrivons, aurait reçu un avis défavorable de la ministre de la Recherche à Paris, Frédérique Vidal, renvoyant le sujet à la Santé. Une position qui surprend la députée, alors qu’un amendement prévoyant un programme de recherche sur les effets du chlordécone (l’insecticide utilisé dans les plantations de bananes de plusieurs territoires ultramarins, responsable de nombreux cancers de la prostate et de naissances prématurées, ndlr) a été, lui, adopté lors de la première journée de l’examen du texte.

(Propos recueillis par Radio1)

 

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1 Commentaire

  1. simone grand
    22 septembre 2020 à 8h12 — Répondre

    Ne pas oublier d’inclure dans les paramètres, les expériences américaines de fin des années 1950 à Bikini et ou Eniwetok dont on apercevait le soir, de TAhiti, les lueurs rouges dans le ciel. Enfin, s’il y a des chercheurs intéressés et des crédits pour financer cela.

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