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Fusillade à Kansas City : l’itinéraire de la haine

Frazier Glenn Miller, auteur présumé de la fusillade visant un centre communautaire juif à Kansas City © TWITTER/@41ActionNews

Frazier Glenn Miller, auteur présumé de la fusillade visant un centre communautaire juif à Kansas City © TWITTER/@41ActionNews

PROFIL – L’auteur présumé des tirs visant un centre communautaire juif est un ancien leader du Ku Klux Klan, antisémite et suprématiste blanc.

Dimanche, un homme a ouvert le feu dans un centre communautaire juif de Kansas City, avant de se rendre dans une maison de retraite des environs, Village Shalom. Cette équipée meurtrière a fait trois morts, dont un adolescent de 14 ans. Frazier Glenn Miller, l’auteur présumé de la tuerie, ne connaissait pas ses victimes. Avant de tirer, l’Américain leur aurait demandé si elles étaient juives et au moment de son arrestation, le septuagénaire aurait crié « Heil Hitler ». Frazier Glenn Miller, antisémite notoire, est aussi un ancien leader du Ku Klux Klan, devenu au fil des années un porte-voix pour les idées d’extrême-droite aux Etats-Unis. Plongée glaçante dans l’itinéraire d’un suprématiste blanc.

© REUTERS/Dave Kaup

© REUTERS/Dave Kaup

Ancien « grand dragon » (leader régional) du Ku Klux Klan en Caroline du Nord, Frazier Glenn Miller, 73 ans, déversait ces dernières années sa rage sur le Vanguard News Network (Réseau d’information d’avant-garde), un site néonazi pour lequel il a signé pas moins de 12.000 messages. D’après le Southern Poverty Law Center (SPLC), une organisation américaine qui traque les groupes entretenant la haine raciale et a publié une fiche détaillée sur Miller, le fondateur de ce site, Alex Linder, est partisan de l' »extermination » des Juifs.

 

 

Plutôt treillis que robes blanches

Le tireur présumé de Kansas City découvre les idées suprématistes dès les années 1970, quand son père lui fait lire The Thunderbolt, un journal édité par un parti d’extrême-droite aujourd’hui disparu. Séduit, Frazier Glenn Miller rejoint pendant un temps les rangs d’un groupe néonazi. En parallèle, il s’engage dans l’armée et passe notamment treize ans au sein des « bérets verts », une unité des forces spéciales de l’US Army. Mais ses activités le poussent à quitter l’habit militaire.

Frazier Glenn Miller lors d’une interview en 1985 :

© CAPTURE D'ECRAN CBS

© CAPTURE D’ECRAN CBS

Installé à Raleigh, en Caroline du Nord, il y fonde un groupuscule lié au Ku Klux Klan vers la fin des années 1980. Son but ? Imiter le parti nazi de Hitler, notamment en insistant sur les « défilés et les rassemblements ». Ses ennemis ? Les « nègres » et les Juifs. Miller, qui se fait aussi appeler Cross, préfère les treillis aux traditionnelles robes blanches des membres du KKK. Son groupe intimide et harcèle les Afro-américains du secteur. Une décision de justice finit par empêcher le groupe de Miller de fonctionner comme une organisation paramilitaire. Il en faut plus pour arrêter le suprématiste, qui fonde un mois plus tard un nouveau groupe, le White Patriot Party.

Terré dans un mobil-home

Condamné pour outrage en 1986, Frazier Glenn Miller écope d’une peine de prison d’un an, dont six mois avec sursis. En liberté provisoire, il disparaît soudainement et passe à la clandestinité, après avoir envoyé à ses partisans une « déclaration de guerre », dans laquelle il les exhorte à tuer ses « ennemis » : « nègres », « traîtres de la race blanche », « juifs » et « juges ». Détail monstrueux : à chaque cible correspond un certain nombre de points, allant de 1 pour un « nègre » à 888 pour Morris Seligman Dees, le fondateur du Southern Poverty Law Center.

© CAPTURE D'ECRAN KCTV5

© CAPTURE D’ECRAN KCTV5

Miller bascule alors franchement dans la criminalité. L’homme se terre dans un mobile-home de Springfield, dans le Missouri, avec quatre membres du Ku Klux Klan. En 1987, le FBI les déloge à coup de gaz lacrymogène. A l’intérieur du mobile-home, les autorités mettent la main sur un arsenal impressionnant : grenades, armes automatiques, munitions et explosifs, ainsi que 14.000 dollars en liquide. Jugé, Frazier Glenn Miller accepte de témoigner contre 14 autres leaders suprématistes en échange d’une réduction de sa peine et passe trois ans de prison.

 

 

Candidat malheureux en politique

Plus récemment, Miller a aussi tenté de se lancer en politique. Sans succès : en 2010, candidat aux élections sénatoriales de Caroline du Nord en tant qu’indépendant, il récolte… sept voix, sur un total de 2 millions. Son programme comprend notamment la promesse de « travailler…pour exposer la domination juive sur le gouvernement américain, les médias de masse, la banque centrale et la culture américaine décadente ».

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« Le suspect de la fusillade diffusait des publicités racistes à la radio pendant la campagne de 2010 pour le Sénat ».

Il bénéficie alors d’une petite exposition médiatique et se retrouve notamment interviewé par le Howard Stern Show, une émission de radio, rappelle le New York Times. A l’animateur de l’émission qui lui demande qui il déteste le plus entre les Afro-américains et les Juifs, il répond : « les Juifs ». Pour l’extrémiste, « comparé à notre problème juif, tous les autres problèmes ne sont que des distractions ». Cette haine dont le septuagénaire ne s’est jamais caché est probablement ce qui l’a poussé à passer à l’acte, lundi, à Kansas City. Au moment de son arrestation, peu après la tuerie, un témoin a raconté au Kansas City Star que Frazier Glenn Miller avait un sourire aux lèvres.

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Source : Europe1

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