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Hôpital : le Pays veut un arbitre

©CP/Radio1

Radio1 a interrogé le ministre de la Santé, Jacques Raynal, durant une pause dans les négociations qui ont démarré ce matin. Trois points sont en discussion : la cohérence du budget avec les réalités du CHPF, la qualité et la sécurité des soins, et l’attractivité des métiers de l’hôpital. Pour le ministre, pris entre le grand argentier du Pays, les administrateurs de la CPS et les personnels hospitaliers, les réponses à ces questions de fond passent forcément par une étude émanant d’une tierce partie « neutre » qui, espère-t-il, « mettra tout le monde d’accord » sur la situation de l’hôpital.

Jacques Raynal, Yvonnick Raffin et Claude Panero – à qui le ministre de la Santé confirme toute sa confiance – ont consacré la première matinée de négociation à un « retour sur le dossier » et des explications sur la « structure budgétaire de l’hôpital. » C’est d’abord la dette envers les fournisseurs, environ 1,2 milliard de Fcfp, qu’il s’agit de régler ; il faut ensuite constituer une réserve de trésorerie pour ce poste budgétaire. Mais « le budget de l’hôpital n’est pas en péril », insiste le ministre de la Santé.

Pour le reste, le Pays reste sur son idée de confier à des experts de la gestion hospitalière une sorte de grand audit qui remettrait à plat les besoins et les moyens du CHPF. Les personnels et les syndicats répondent qu’ils ont déjà fait de nombreuses évaluations. Certes, répond le ministre de la Santé, et ces travaux devraient servir à la CPS, qui élabore le budget de la dotation globale de fonctionnement de l’hôpital, non sans une certaine méfiance.

Sortir des « analyses basées sur le ressenti »

C’est cette étude dite « capacitaire » que souhaite le ministre, pour déterminer, spécialité par spécialité, les besoins financiers et humains de chaque service, et pour couper court aux « analyses », des administrateurs de la CPS ou de la population souvent « basées sur le ressenti. Peut-être ont-ils (les praticiens hospitaliers, ndr) peur qu’on leur dise qu’ils sont assez nombreux, mais franchement ça m’étonnerait. » « Il y a, c’est sûr, des services qui sont en demande de lits. Sauf que le nombre de chambres n’est pas extensible, dit Jacques Raynal. Il faut donc trouver une certaine souplesse dans la gestion des lits, en regardant la gravité des cas, les temps de séjour, et ça c’est très difficile. » L’une des réponses est la bonne organisation des soins de suite, hors CHPF, et l’optimisation de l’hospitel qui compte plus de 50 chambres pouvant accueillir les patients sortants, en attente de rapatriement dans leurs îles : « On économiserait un ou deux jours d’hospitalisation, mais je pense que le réflexe n’est pas acquis. Il y a toute une chaine de suivi à mettre en place », notamment en liaison avec les hôpitaux périphériques (Uturoa, Taravao, Nuku Hiva) dont le budget dépend, lui, de la Direction de la santé.

Un statut à modifier ?

La situation des personnels hospitaliers découle de leur statut, poursuit Jacques Raynal. Ici, pas de 3 x 8, mais des roulements de 12 heures, ce qui « facilite l’épuisement », reconnaît-il. « Après, il n’y a pas que les congés normaux, il y a les congés formation, des arrêts maladie voire des arrêts psy pour ceux qui craquent. » Le passage aux 3×8 a déjà été discuté, et tous les personnels ne sont pas d’accord, mais il faut y réfléchir, dit le ministre.

Bientôt une formation des infirmiers spécialisés au fenua

Aujourd’hui, « au moins deux, sinon trois blocs opératoires » sont à l’arrêt sur un total de 7 blocs, le 8e n’ayant jamais fonctionné à plein à sa connaissance, dit Jacques Raynal. Outre le nombre restreint de chirurgiens, le manque d’infirmiers spécialisés – infirmiers de bloc opératoire et infirmiers anesthésistes – est effectivement criant. Ces spécialisations demandent deux ans de stage en métropole, « ce qui pose des problèmes familiaux, et qui fait que la ressource est rare et qu’on est obligé de faire venir des gens, mais en métropole aussi la ressource est rare », rappelle Jacques Raynal. Il veut explorer la possibilité de dispenser à Tahiti, dans la nouvelle école d’infirmières dont il assure qu’elle ouvrira à la rentrée 2023, la formation théorique de ces infirmiers spécialisés avec des stages en métropole de un à deux mois. Un système qui requiert l’agrément des autorités de la santé et de l’enseignement supérieur en France, mais qui « devrait être possible », dit le ministre.

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