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L’alcool à la barre

Comme en réponse à la polémique sur le bien-fondé de l’interdiction l’alcool durant le confinement, le tribunal avait à statuer ce lundi sur deux affaires où l’alcool tenait le premier rôle. L’une concernait un automobiliste sous l’emprise de la bière et de la vodka, l’autre une mère de famille ivre qui a rudoyé son enfant de 8 ans. L’homme a été condamné à 8 mois ferme avec mandat de dépôt, la femme a écopé de 8 mois avec sursis.

Lucien, 36 ans, a de la suite dans les idées. Alors que le 6 mars, il avait écopé d’une peine de prison avec sursis et de la suspension de son permis de conduire pour conduite en état d’ivresse, voilà que le 29 mars il remet cela. Lors d’un contrôle de routine des attestations de circulation, Lucien en est dépourvu : il explique aux gendarmes qu’il n’est pas au courant, n’ayant ni la télé, ni la radio. Reniflant son haleine qui empeste l’alcool, les gendarmes le soumettent à un alcootest. Résultat, 0,59g d’alcool par litre d’air expiré, son compte est bon. Il avait ingurgité cinq obus de bière et deux verres de vodka.

Convoqué à la gendarmerie le 26 avril dans la matinée pour une audition de laquelle il sortira aux environs de 13 heures, il se refait contrôler à Papara à 18h15.

Bilan, pas de ceinture, pas de permis, pas d’attestation mais une haleine chargée à bloc. 0,64 d’alcool par litre d’air expiré.

« Visiblement vous n’en avez rien à faire des décisions administratives et du confinement. Comment on peut sortir d’une audition à la gendarmerie pour conduite sous l’emprise de l’alcool et à peine sorti, vous remettez cela ? » l’interroge le juge. L’homme à l’élocution pâteuse, même à jeun, ne sait quoi répondre. « Faut que j’arrête de boire », dit-il au bout d’un certain temps d’hésitation.

Un souhait qu’il pourra exaucer en prison puisqu’il a été condamné à 8 mois ferme avec mandat de dépôt, assorti d’une interdiction de repasser le permis de conduire avant un an, sans compter deux amendes de 16 100 Fcfp pour violation du confinement.

L’alcool pour oublier

Elisabeth est une veuve de 44 ans, son mari est décédé en décembre 2019 et depuis, elle boit. Pas tous les jours, car ses moyens ne lui permettent pas, vivant des allocations familiales et des bons d’alimentation, mais dès qu’elle le peut.

C’est ce qui s’est passé le 25 avril. Alors que son fils Tahiari, âgé de 8 ans, passait la période de confinement chez sa tante, elle va faire la fête dans le quartier chez des amis. À 23h30, comme le domicile de sa sœur n’est pas très éloigné de l’endroit où elle a passé la soirée, elle décide de récupérer son fils.

Elle lui tape la tête contre la cloison

Mais celui-ci, couché vu l’heure tardive, ne veut pas rentrer. Prise de boisson, elle s’énerve et le tire brusquement tout en hurlant après lui puis lui cogne la tête à plusieurs reprises contre la cloison de bois. Sa sœur intervient et la fait partir. Les pompiers alors appelés, emmènent l’enfant à l’hôpital qui souffre d’une ecchymose à la tête et de maux de tête.

C’est la première fois qu’elle se montre violente envers son fils « préféré », comme elle le dira dans sa déposition. Ce que confirmeront les membres de sa famille qui disent à peu près tous la même chose. C’est une mère aimante et attentionnée « mais qui boit. »

À la barre elle expliquera ne pas se souvenir de l’avoir brusqué. Des insultes, oui, mais pas les coups. « Je voulais qu’il rentre avec moi. Je l’ai tiré par le bras, mais je ne me souviens pas de l’avoir tapé. J’étais saoule. » Et de promettre d’arrêter la boisson en signant la croix bleue.

Une croix bleue « qui fait des miracles » assure son avocat qui affirme que sa cliente a identifié son problème…l’alcool.

Le tribunal l’a condamnée à 8 mois de prison avec sursis probatoire de deux ans avec obligation de soins.

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