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« L’Arbre à pain » de Célestine Hitiura Vaite bientôt adapté à l’écran 

©CP/Radio1

Sa trilogie romanesque, L’Arbre à pain, Frangipanier et Tiare, est un marqueur de poids dans la littérature polynésienne. Célestine Hituira Vaite, qui vit en Australie, est à Tahiti pour un séjour prolongé : en plus de mettre la touche finale à son prochain roman, elle espère adapter L’Arbre à pain pour la télévision.

Célestine Hitiura Vaite participe au Salon du livre, et même si son prochain roman est encore en préparation – une sorte de conversation avec sa mère, qu’elle pense finir dans les trois mois qui viennent –  elle est quand même dans le thème de cette année, le ma’a : car Célestine a faim de littérature, une faim jamais satisfaite. « Je suis à la recherche de nouveaux talents (…) c’est ma mission ! » s’exclame-t-elle.

Elle qui a été institutrice à la Presqu’île, et qui depuis de longues années vit et travaille dans un pays de langue anglaise, l’Australie, insiste sur les bienfaits du plurilinguisme. « Il faut encourager les gens à devenir des linguistes, parce que c’est comme ça que tu réalises la force derrière les mots. »

Une vocation déclenchée par Oliver Twist

Elle a découvert la lecture avec Dickens : élevée dans un milieu modeste, elle raconte : « je suis tombée amoureuse de la littérature parce que ma marraine m’avait donné un livre quand j’avais huit ans, Oliver Twist. Ça m’a vraiment touchée, ce livre, je ne savais pas ce qu’était un orphelinat, j’ai eu pitié, j’ai même prié pour lui. » Suivront d’autres découvertes, dans les livres d’occasion vendus 50 Francs dans un magasin de Faa’a : Maupassant (« Toute ma famille m’appelle Guy de Maupassant ! »), Zola et Balzac sont les premiers noms qui lui viennent à l’esprit. « Ma mère me donnait une pièce de 50 francs et disait ‘lis moins vite, haere maru !’ Mais quand on est accroché, on tourne les pages ! Je montais sur le toit puis sur l’arbre à pain et je lisais. »

Comment passe-t-on de la lecture à l’écriture ? « Il faut un déclic », dit Célestine. Le sien, c’est après les émeutes de 1995 : elle tombe sur un article australien, qui dit « Les Tahitiens ont perdu leur culture. » « Non ! Non ! s’exclame Célestine. Ne viens pas ici 5 minutes pour dire que nous avons perdu notre histoire ! C’était ça le déclic. Et j’ai écrit trois petites histoires. » Elle n’a eu aucun problème à parler d’elle et de sa famille, parce que, dit-elle, « jamais je ne me permettrais d’écrire sur un endroit dont je ne viens pas. C’est pour ça que quand les étrangers viennent ici et écrivent nos histoires, je peux être très offensée. Ça ne se fait pas. C’est ta vie, écris !»

Et c’est ce qu’elle transmet : depuis 12 ans elle donne des cours d’écriture créative à de jeunes aborigènes – « Ils n’aiment pas qu’on les appelle comme ça. Eux se définissent par le nom de leur clan », souligne-t-elle – et un recueil de leurs textes a été publié. Elle leur transmet sa vision de l’écriture : qu’on veuille devenir écrivain ou non, écrire c’est se libérer.

L’actualité récente de Célestine, c’est sa collaboration à l’écriture d’un opéra, ces deux dernières années. C’est surtout l’espoir de faire de son premier roman, l’Arbre à pain, une série pour la télévision. Un contrat d’option a été signé avec la société de production Filmin’ Tahiti.

Le Salon du livre, on le rappelle, ouvre ses portes jeudi matin à la Maison de la culture. Et si vous croisez Célestine, elle ne manquera pas de vous transmettre la joie que lui procurent les livres.

 

 

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