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Le CESEC favorable aux « artistes émergents » et au « 1% artistique »

Le Cesec a ouvert sa séance par une minute de silence en hommage à Valéry Giscard d’Estaing et Abner Guilloux. ©CP/Radio1

Le Conseil économique, social, environnemental et culturel a rendu ce matin un avis favorable au projet de loi du Pays qui étend le bénéfice de la carte professionnelle d’artiste aux « artistes émergents » et qui instaure le « 1% artistique » sur les travaux des bâtiments publics.

Les artistes « émergents » qui ne vivent pas encore de leur art seront éligibles à la carte professionnelle d’artiste, instaurée en 2016. Le Conseil économique, social, environnemental et culturel a rendu ce matin un avis favorable à cette extension, qui ouvre droit à des aides publiques et des avantages fiscaux comme l’exonération de la contribution des patentes et de la TVA. Jusqu’à aujourd’hui, la carte professionnelle n’était délivrée qu’aux artistes ayant une activité significative depuis au moins 3 ans. « Or, ces artistes ont, parfois plus que les artistes confirmés, besoin d’un soutien de la puissance publique (…) », indique l’exposé des motifs.  Seule condition : être titulaire d’un diplôme du Centre des métiers d’art ou du conservatoire, ou encore « de qualités artistiques avérées par des qualifications, des réalisations ou des références antérieures. »

Pitoïsme artistique

Sur ce point quelques conseillers ont fait montre d’une certaine confusion : celui qui voudrait limiter ces qualifications à celles obtenues au fenua, excluant « ceux qui sont formés à l’étranger » au prétexte qu’« on nous dépossède de notre culture » – tant pis pour l’universalisme de la démarche artistique. Celui qui ne comprend pas pourquoi les artisans ne sont pas considérés comme des artistes alors qu’un statut de « maître-artisan » est dans les tuyaux du gouvernement, et qu’à cette occasion le débat sur création originale et reproduction à la chaîne resurgira. Ou encore celui qui pense qu’on pourrait ériger la mode et la coiffure au rang d’art… Le brushing est-il la propriété intellectuelle du coiffeur ? Vous avez 4 heures…

Enfin, les aides du Pays seront également accessibles à des collectifs d’artistes, si au moins l’un d’entre eux est titulaire de la carte.

1% du montant des travaux sur les bâtiments publics consacré à l’art

Le projet de loi du gouvernement va aussi créer le « 1% artistique » : 1% des budgets hors taxes de certains travaux sur des bâtiments publics devront être consacrés à des réalisations artistiques locales. Il s’agira des constructions et extensions de ces bâtiments publics, ou des travaux de réhabilitation en cas de changement d’affectation des bâtiments. Ce 1% sera plafonné à 10 millions de Fcfp. Jeff Benhamza, co-rapporteur de l’avis du Cesec, estime que ce sera un « coup de boost » à nos artistes locaux :  « les gens vont vraiment trouver un intérêt à prendre la carte ».

Un « Conseil des arts et lettres »

Dans le cas où ce 1% dépasse 3 millions de Fcfp, un « Conseil des arts et des lettres » qui reste à constituer sera obligatoirement saisi par le maître d’ouvrage. Il sera présidé par le ministre de la Culture et composé de représentants du Pays et de ses établissements publics à vocation culturelle, ainsi que de « personnalités qualifiées et reconnues dans le monde de l’art ». Enfin, les sommes dédiées mais non dépensées seront reversées au Fonds pour la promotion de l’expression artistique.

Naturellement, le futur Conseil des arts et des lettres, sa composition, ses critères, interrogent. Un conseiller s’élève contre le fait qu’un artiste ne puisse être jugé que par ses pairs, ce qu’il estime « élitiste ». Et pourtant, sans l’appui de leurs pairs, Van Gogh et bien d’autres auraient fini dans les oubliettes de l’histoire de l’art. « Il ne faut pas qu’une petite élite s’organise », « ne risque-t-on pas une attribution d’aides à ceux qui sont ‘politiquement corrects’ ? » ont demandé, sans voir l’ironie, plusieurs membres du patronat.

En revanche, le Cesec a repris leur proposition d’exonérer de charges fiscales les prestations artistiques commandées par les entreprises privées. Autre recommandation : l’extension du 1% artistique à d’autres types d’ouvrages publics et aux montants consacrés à leur rénovation.

 

 

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