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Le « Guerrier de l’océan » en escale à Papeete avant de repartir au combat

James Brook, capitaine de l’Ocean Warrior, avec Yves Michel, responsable de Sea Shepherd Tahiti ©CP/Radio1

Le plus puissant navire de l’ONG environnementale Sea Shepherd est en escale à Tahiti. C’est grâce à l’Ocean Warrior que les Japonais ont renoncé à chasser la baleine en Antarctique. À présent, le bateau collabore avec différents pays pour surveiller leurs ZEE et traquer les pêcheurs illégaux. Bloqué de long mois à Singapour par la crise sanitaire, l’Ocean Warrior va reprendre du service mais, à son habitude, sans révéler où. Rencontre avec son capitaine, l’Australien James Brook, et avec Jo, un membre polynésien de Sea Shepherd Tahiti qui rejoindra bientôt un des navires de l’organisation.

L’Ocean Warrior est le navire-amiral de la flotte de Sea Shepherd. Construit grâce à une donation de près d’un milliard de Fcfp de la loterie néerlandaise, mis à l’eau en 2016, il avait été conçu pour prendre de vitesse les baleiniers japonais qui sévissaient dans l’Antarctique, pourtant désigné comme sanctuaire.

« L’Ocean Warrior est l’une des raisons pour lesquelles les Japonais ont cessé de chasser la baleine en Antarctique, quand ils ont réalisé que nous étions plus rapides que le plus rapide de leurs bateaux harponneurs », dit son capitaine James Brook, un Australien de Melbourne qui a rejoint Sea Shepherd il y a 11 ans. Il est aussi, lorsqu’il ne commande pas l’Ocean Warrior, le chanteur et guitariste d’un groupe anarcho-punk baptisé Ecowar. « J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie, je suis musicien, j’ai sorti plusieurs albums, mais j’ai aussi travaillé en mer pendant plus de 15 ans. J’ai travaillé sur des bateaux de pêche, sur des bateaux de plongée, sur des yachts. »

Une tactique qui a évolué depuis les grands faits d’armes dans l’Antarctique

Depuis que les Japonais sont repartis chasser la baleine dans leurs propres eaux territoriales, l’Ocean Warrior a trouvé un nouveau mode opératoire : il travaille avec des gouvernements, à leur demande, pour contrôler la pêche illégale. Le navire embarque des forces de l’ordre ou des militaires du pays hôte, et pourchasse les braconniers dans la zone économique exclusive du pays. « En mettant notre bateau au service des pays avec qui nous avons un partenariat, nous leur donnons la capacité de contrôler leurs eaux territoriales. »

La tactique Sea Shepherd a évolué. James Brook reconnaît qu’au temps des campagnes contre la chasse à la baleine, « les actions directes étaient beaucoup plus ‘chaudes’ et violentes que ce que nous faisons à présent. Quand on approchait un navire en pêche illégale on lui disait par radio de s’arrêter, ce qu’il ne faisait pas, et nous devions faire tout un tas de choses folles comme leur donner la chasse dans de petits bateaux Mais maintenant que nous embarquons des forces de l’ordre, cela veut dire que nous sommes armés, et ça fait toute la différence… On leur dit de s’arrêter et ils s’arrêtent, ensuite c’est plus ou moins une routine, les troupes qui sont à notre bord prennent le contrôle du navire de pêche, isolent l’équipage, et nous inspectons leurs prises, leur matériel de pêche, leur journal de bord et leur GPS. »

« Quasiment impossible d’empêcher le braconnage en Polynésie »

L’équipage n’ignore pas les incursions illégales de certains navires de pêche dans la ZEE polynésienne. Mais, explique Yves Michel, le responsable de Sea Shepherd Tahiti, « on ne pourrait pas intervenir ici sans l’accord des autorités locales. » 

«Le problème est massif, et il faut un changement massif »

Le capitaine du Sea Shepherd n’est pas optimiste. « On ne peut pas tout résoudre. Même si notre organisation a maintenant 12 navires, ça reste minuscule à l’échelle de la terre. Notre action permet de ralentir la détérioration en donnant du temps à la reproduction des espèces. Le problème doit être résolu par l’humanité toute entière (…) »

Depuis presque un an, l’Ocean Warrior était bloqué à Singapour par la crise sanitaire. C’est de là que le navire et ses 10 membres d’équipage de 5 nationalités différentes est arrivé lundi, après trois semaines de mer, pour se réapprovisionner en fuel et en vivres. Tous les repas à bord sont vegan : « Ce serait contradictoire de défendre la vie animale et de la manger », dit le capitaine. Il repartira en début de semaine prochaine. Il est d’usage pour les navires de Sea Shepherd de ne pas révéler leur destination. Mais vu le trajet déjà parcouru, il semble probable qu’il se dirige vers l’Amérique du Sud.

Un Polynésien bientôt sur un navire de Sea Shepherd

©CP/Radio1

Il s’agit de Jo Tehaamaru, membre de Sea Shepherd Tahiti. Son amour de l’environnement marin est sa motivation, d’autant qu’il partira comme bénévole et ne sera pas rémunéré.

« Ce serait fantastique, dit le capitaine James Brook. Sea Shepherd ne peut fonctionner qu’avec de nombreux volontaires. Nous avons un processus de recrutement qu’il faut suivre, et à présent il est sur la short-list et à mon avis il ne devra pas attendre longtemps avant d’embarquer sur un de nos bateaux. Je crois que les Tahitiens sont très connectés à l’océan et qu’ils comprennent les problèmes qui se posent à nous. »

 

Qui est le  « Gardien de la mer » ?

Sea Shepherd est une organisation non gouvernementale fondée en 1977 par l’Américain Paul Watson pour défendre les espèces marines menacées. La campagne pour stopper les navires japonais de chasse à la baleine aura duré 10 ans. Le gouvernement japonais avait porté des charges « totalement fabriquées » contre Paul Watson, ce qui avait mené à son arrestation en Allemagne, puis à une longue cavale : « Il a pratiquement juste vécu en mer pendant un an et demi, dit James Brook, un petit prix à payer pour l’arrêt de toute chasse à la baleine en Antarctique. » Après un séjour en France, Paul Watson vit actuellement aux États-Unis.

Sea Shepherd travaille sur trois axes majeurs : dépasser la seule protestation et intervenir de manière active et non violente dans les cas d’atteintes illégales à la vie marine et aux écosystèmes marins ; exposer les abus et les pratiques non durables ou non éthiques d’atteinte à la vie marine et à l’intégrité des écosystèmes marins en alertant les médias et l’opinion publique ; sensibiliser l’opinion publique au lien essentiel qui nous relie à l’océan à travers diverses interventions en festivals, écoles, organisation de conférences, expositions, publications, films, etc…

Sea Shepherd est 100% indépendante et ne bénéficie d’aucune subvention d’Etat afin de garantir sa liberté de parole et d’action. Il en est bien sûr de même pour Sea Shepherd Tahiti, que vous pouvez notamment soutenir en achetant leurs magnifiques T-shirts.

 

L’État satisfait de sa dernière mission de surveillance des pêches

Hasard du calendrier ou pas, ce jeudi matin le Haut-commissariat diffusait un communiqué sur la mission du Bougainville, débutée le 10 novembre dernier, de surveillance des pêches à l’Est des Tuamotu. « Appuyé par un drone embarqué » et avec « le concours des Gardian de la Marine nationale qui ont effectué deux survols des zones de patrouille et deux passages de satellites pour récolter des images,» le navire a réalisé « une quinzaine de contrôles de navirs étrangers aux frontières de la ZEE. Aucune infraction n’a été relevée ». « Depuis le début de l’année 2020, les navires de la Marine nationale ont effectué 8 missions de police des pêches, les aéronefs ont réalisés 46 vols de surveillance, les passages satellitaires ont fourni 174 clichés images et 81 navires de pêche ont été contrôlés. »

 

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